7 Milliards…..

    7 Milliards…..Il ne vous aura pas échappé que la population mondiale s’élève statistiquement à 7 Milliards de personnes depuis le 31 octobre !

    Chiffre certes  réjouissant : puisque nous sommes de plus en plus nombreux c’est que, grosso modo, les conditions de vie se sont améliorées dans le monde.

    Mais chiffre inquiétant en même temps : toutes les progressions purement quantitatives et non maîtrisées finissent toujours par s’inverser et par provoquer des catastrophes. Quel que soit le domaine considéré.

    Le « mieux » et le « trop » sont toujours les ennemis du « bien ».

    Déjà dans notre ouvrage à paraître « Hippocrate, au secours ! Ils sont devenus fous…. » nous écrivions : « Cependant, quand on constate qu’une population mondiale stabilisée à un milliard d’individus pendant une longue période historique, a ensuite doublé en quelques décennies en passant à deux milliards en 1960, puis à six milliards sept cent millions en 2009 (le quasi sextuple) et atteindra les neuf milliards en 2050 (sauf catastrophe planétaire toujours possible), on se dit que nos comportements actuels ne sont plus supportables depuis très longtemps et que s’ils devaient perdurer nous serions probablement ramenés à l’ère de l’homme de Cro-Magnon. Dans le meilleur des cas.

    Vivre à sept puis à neuf là où un seul occupait l’espace et exploitait les ressources pendant des millénaires ne peut pas ne pas provoquer un changement radical. Même si les statisticiens prévoient qu’arrivée à dix milliards la population mondiale commencera à refluer (mais peut-on faire confiance aux seules statistiques en la matière)il est évident que nos modes de vie vont devoir radicalement changer. Quand une famille passe le cap du 3ème enfant (et même souvent du 2ème) nous savons très bien que cela l’oblige à des aménagements radicaux : l’appartement et la voiture ne sont plus assez grands, les revenus financiers s’avèrent insuffisants alors même qu’un des deux parents est souvent obligé de se mettre à mi-temps etc, etc…

    Il en va de même en matière de démographie.

    Cette croissance explosive qui semble exponentielle, nous oblige à inventer très vite un « nouveau monde ». Un monde qui forcément consommera moins et mieux, qui   gaspillera moins (le « tout jetable » deviendra un véritable « délit » au moins moral, dans ce monde là). Cela pour assurer la simple survie de tous.

    Mais, comme « à quelque chose malheur est bon« , cela pourrait nous inciter à inventer un monde, sinon plus heureux car le bonheur ne dépend pas des conditions matérielles de l’existence, mais un monde plus détendu, plus attentif aux besoins de autres, plus hospitalier et plus solidaire. Un monde qui ne soit plus dominé par les impératifs quasi démentiels de la production/consommation, sorte de machine infernale qui broie l’homme de la modernité, un monde où le super-marché a remplacé le temple, l’église, le concert ou le musée; l’esclavage du caddie ou du « shopping » les joies de la promenade en famille ou des activités de culture et de loisir;  l’achat boulimique et la névrose du « nouveau modèle » la satisfaction judicieuse des besoins et la modération des dépenses qui assuraient autrefois la stabilité financière des familles. Un monde où le « mieux » qualitatif remplacerait le « plus » quantitatif, où le « juste » clé de l’harmonie sociale, chasserait l’hédonisme et le narcissisme mortifères d’une société qui, de toute façon court à la ruine et s’abrutit de consommation….quand certains n’ont même pas le nécessaire à quelques mètres de là.

    De toute façon les dés sont jetés. Déjà, certains des plus éminents penseurs de notre civilisation (nous évoquons surtout ici la pensée de Vladimir Soloviev ou de Nicolas Berdiaev) avant même les excès de ce matérialisme outrancier qui nous conduit à compromettre la survie de notre planète,  estimaient que les temps étaient venus et que le « progrès » inventé par le mouvement de pensée européen surgi au 18 ème siècle, avait produit tout ce qu’il pouvait produire. Et pas toujours dans des voies favorables à la vocation véritable de l’homme et à sa survie. Pour eux, nous arrivions forcément vers des temps eschatologiques……

    En en restant au simple « bon sens », hors de toute dérive mystique, il nous paraît évident et même aveuglant que nous ne pourrons plus jamais vivre comme nous avons vécu, produit, exploité, consommé, acheté et gaspillé à 9 milliards comme nous le faisions lorsque nous n’étions qu’un milliard à absorber les énergies vitales de notre planète. D’autant qu’il ne s’agit plus de la satisfaction exponentielle de quelques classes de privilégiés comme autrefois, où, par exemple, seules quelques familles pouvaient se payer une voiture ou des vacances, mais de la satisfaction équitable des besoins de tous : l’accélération démographique s’étant accompagnée d’une massification, d’une « démocratisation » de la consommation, même dans ses aspects les plus coûteux et les plus gourmands en matières premières et en énergie.

    Nous sommes littéralement sommés d’inventer les conditions d’une « décroissance » matérielle, accompagnée d’une et compensée par une « croissance » morale, politique, sociale, sociétale qui la rende efficace et supportable. Cela veut dire, si on sait lire entre les lignes, qu’il nous faut réaliser une entière conversion d’ordre culturel et spirituel qui laissera derrière nous le monde industriel et technico-scientifique de la production/consommation/gloutonnerie, pour inventer un monde qui reposera sur d’autres principes de vie et d’autres priorités.

    Imaginer que nous échapperons à cette « conversion » quand nous serons 9 milliards et même avant, est une pure illusion.

    Ce qui veut dire que, dans le monde de la santé qui est l’objet de nos préoccupations premières à Primum-Non-Nocere, nous devrons aussi mettre en place une politique de décroissance/recroissance…avec une population qui vieillit et qui augmente; un budget de la sécu en constant déficit; une population médicale qui s’étiole; des spécialités qui disparaissent; des personnels hospitaliers exténués ou démobilisés, etc, etc…..dérives qui montrent à l’évidence que le bon sens ne conduit plus une famille professionnelle qui faisait, à juste titre, la fierté de la France et des Français.

    Il va donc falloir apprendre à soigner mieux, à gâcher moins (par exemple, les coûteux instruments chirurgicaux jetables, sont injustifiables) à mieux organiser les services et les soins, étudier et promouvoir les gestes les plus efficaces et les moins coûteux, à favoriser la recherche et le développement, l’innovation, le recours aux médecines naturelles, etc…..

    Mais surtout il va falloir que nous remettions sur le métier une réflexion approfondie sur le sens et la nature du service que nous assurons, qui exige dévouement et abnégation, et qui ne peut donc en aucune manière se définir par les seuls critères économico-financiers d’une technocratie aveugle et sourde aux besoins des hommes, ou par des considérations purement carriéristes.

    L’un des défis de ce siècle dont, parait-il,  Malraux disait « qu’il serait religieux ou ne serait pas » se présente assurément sous les auspices d’une démographie galopante. Celle-ci va nous imposer d’instaurer une nouvelle société, qu’il va nous falloir inventer, créer, développer, épanouir.

    Serons-nous à la hauteur de cette tâche ? Cela dépendra de ce que nous mettrons sous le mot « religieux » dans l’aphorisme de Malraux.

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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