Vous reprendrez bien encore un peu d’atrazine ?

    Vous reprendrez bien encore un peu d'atrazine ?
    C’est la question que vous pourriez poser à vos invités puisque de nos jours l’atrazine se retrouve dans l’eau de boisson et menace notre santé. Et d’autant plus sournoisement que cet herbicide de synthèse très dangereux, incolore et peu soluble dans l’eau est couramment utilisé en France dans la culture du maïs depuis 1960. Et même s’il a été interdit en 2003… Il est toujours là !
    De l’usage de l’atrazine

    Ce pesticide était utilisé sur 90% des surfaces de maïs en 1997 (chiffres de l’AGPM – Association générale des producteurs de maïs – et de l’ITCF – Institut Techn. des Céréales et des Fourrages). Ce qui représente environ trois millions d’hectares. Auparavant l’atrazine servait d’algicide pour les étangs ornementaux et les aquariums.

    Simple à utiliser, efficace et peu onéreux la France en consommait plus de 5 000 tonnes par an avant son interdiction en Europe en 2003.

    De ses dangers

    Le problème c’est que l’interdiction n’empêche pas la présence de quantités, parfois infimes, de ce polluant dans l’eau de boisson malgré les dispositifs de purification mis en oeuvre. Pourquoi ? Parce-que notre eau potable est puisée dans les lacs, rivières, nappes phréatiques, qui ont souvent été infiltrés par l’atrazine avant 2003.

    Or, pour être consommable une eau de boisson être :

    • dépourvue de parasites, de virus, ou de bactéries pathogènes au plan microbiologique.
    • dépourvue de substances chimiques autres que certains sels minéraux sélectionnés, au plan chimique.
    • L’eau doit être limpide, claire, aérée et ne doit présenter ni saveur ni odeur désagréable, même si, pour autant, elle n’est pas forcément malsaine.
    • Elle peut accueillir certaines substances “indésirables”  tant qu’elles restent inférieures à un certain seuil (ainsi en est-il du fluor et des nitrates).
    • De même pour certaines substances aux effets toxiques comme le plomb et le chrome dont la présence n’est tolérée que dans une infime proportion; quelquefois de l’ordre du millionième de gramme par litre.
    • Quant aux eaux adoucies ou déminéralisées elles doivent contenir calcium, magnésium, carbonate et bicarbonate dans des proportions minimales à respecter.
    Le Canada divisé sur la question

    L’eau de boisson française n’est pas la seule à affronter ce problème puisqu’on retrouve ce pesticide indésirable dans l’eau potable de Montréal et de Toronto alors que le ministère de la Santé doit se prononcer à nouveau sur l’utilisation de ce produit au pays.

    En effet la loi canadienne oblige Santé Canada à réévaluer l’utilisation d’un produit si un autre pays l’a inscrit sur sa liste noire. Or l’atrazine est interdit dans l’Union européenne depuis 2003 ce qui a obligé l’agence fédérale à revoir sa copie. Surprise elle maintient un avis favorable à l’atrazine !

    Le problème, pour les opposant à cette décision, c’est que Santé Canada a polarisé son analyse sur les eaux souterraines alors que la majorité de la population consomme des eaux de surface.

    C’est donc une affaire à suivre aussi bien au Canada où les points de vue divergent que chez nous où l’interdiction est avérée, mais les moyens de contrôle insuffisamment efficaces.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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