Au Rio+20, les Gouvernements ont accouché du « Futur que nous voulons » ! Ce qu’à Dieu plaise…

    Au Rio+20, les Gouvernements ont accouché du  « Futur que nous voulons »  ! Ce qu'à Dieu plaise…60 pages et 283 paragraphes composent le document « Le futur que nous voulons » sur lequel 105 chefs d’Etat se sont mis d’accord à l’issue de la conférence de l’ONU sur le développement durable Rio+20. On peut y lire que ces responsables se réengagent « en faveur du développement durable et de la promotion d’un avenir durable sur les plans économique, social et environnemental ».
    « Un texte de compromis dans un contexte de crise » conclut l’organisateur, le Brésil, après trois jours de discours non stop, de rencontres bilatérales et de tables rondes sur la « mise en oeuvre future des résultats de Rio+20 ».187 pays représentés et 45 000 personnes présentes pour une conférence : on espère que les résultats seront à la hauteur de l’air déplacé.D’autant que certains chefs d’Etat désiraient apporter des modifications au texte tandis que d’autres pensaient difficile de revenir sur ce qui constituait un accordL’UE, elle, aurait voulu relancer la négociation sur la gouvernance internationale de l’environnement, mais cela aurait pu inciter certains (ex: les USA) à revenir sur les acquis. La rupture du processus, voilà ce qu’il fallait à tout prix éviter de suggérer en essayant d’aller plus loinLe « mieux n’est il pas l’ennemi du bien« ?

    •  La « Société Civile » fait grise mine

    Voire. Ce n’est pas l’avis de Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International qui ne mâche pas ces mots pour qualifier cette grand-messe internationale : « Il est criminel que 100 chefs d’État soient venus à Rio sans même passer une heure autour de la table de négociations. Pourquoi organiser un sommet aussi cher pour que des organisations puissent annoncer leurs initiatives, alors qu’elles pouvaient le faire de chez elles ? » et il ajoute : « Nous avions besoin que le travail difficile pour trouver des solutions au changement climatique et aux inégalités soit fait. Dans ce contexte de crise, nous ne pouvons nous contenter du ‘business as usual’. Il faut que les gouvernements fassent la connexion entre les trois agendas environnemental, de développement et économique »

    Bref, si on comprend bien, le distingué directeur semble vouloir paraphraser Shakespeare quand il écrivait sa pièce « Beaucoup de bruit pour rien » !

    C’est ce qu’exprime carrément une part non négligeable de la société civile, représentée par neuf groupes majeurs impliqués dans les négociations, en qualifiant le document de « faible » et « sans ambition« ; certaines ONG allant même jusqu’à demander le retrait de la mention « avec la participation pleine et entière de la société civile »

    • Stérilité juridique

     Bien sûr, Isabella Texeira, ministre de l’Environnement brésilien et Brice Lalonde, co-coordinateur de la conférence, font entendre un son de cloche différent. La première déplore ces critiques faciles en faisant remarquer que « personne n’a voulu s’engager à des financements additionnels » du côté des pays riches, alors que « les pays en développement [ont pris] des engagements de durabilité« . Quant à Brice Lalonde, il considère que « le pire aurait été de ne pas avoir d’accord » et repart satisfait même si les résultats sont « moins spectaculaires qu’en 1992 »…..et même si Rio+20, souffrant de grossesse nerveuse,  n’a accouché d’aucune convention et textes juridiques. Alors que  Rio92, nous avait donné les conventions sur le climat, sur la biodiversité et sur la désertification.
    Rio+20 accouche d’un nouveau « machin« .
    On enregistre quand même 600 engagements volontaires proposés par des gouvernements, des entreprises, des agences onusiennes ou des ONG, dont une centaine relevant de l’initiative de l’ONU « énergie durable pour tous« . Le tout pour un montant de 513 milliards de dollars d’engagements d’après Sha Zukang, secrétaire général de Rio+20. Et, comme il ne manque pas d’humour, ce haut responsable ajoute :  » Les engagements volontaires sont un complément concret et important au document de Rio. Les gouvernements indiquent qu’ils ne sont pas satisfaits de ce texte. L’important est que l’insatisfaction soit égale. Notre job est de rendre les gens non satisfaits de manière égalitaire. Les Nations unies sont une cible facile. Mais en vrai, l’ONU est ce que l’on en fait ».

    L’égalitarisme à tout prix est une doctrine tellement contre-nature qu’elle finit par faire dire des absurdités aux gens les plus qualifiés. IL n’y a qu’à écouter nos politiques….

    • Un « Machin » de plus.

     Ce précieux document où, si on comprend bien aucune mesure coercitive n’a été décidée, devra maintenant être légitimé par l’AG des Nations unies. Il sera accompagné de 30 recommandations adoptées à l’occasion des journées thématiques de dialogues, dédiées à la société civile à l’initiative du Brésil.

    Mais rassurez-vous, la conférence n’aura pas été inutile pour tout le monde.
    Isabella Texeira, le ministre brésilien, en partenariat avec le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) annonce la création du Centre mondial pour le développement durable « Rio+ Center ». Ce nouveau « machin » qui s’ajoutera aux innombrables « machins » internationaux dont l’efficacité n’est plus à démontrer, devra « faciliter la recherche et servir de base de connaissances pour stimuler le débat mondial sur le développement durable…..il « coordonnera les idées pour Rio+40, et fournira un lieu pour poursuivre la réflexion sur les questions soulevées par les dialogues thématiques ». Basé à Rio de Janeiro, disposant d’un budget de lancement de 5 millions de dollars, ce dernier sera complété par une collecte de fonds, dont le gouvernement brésilien fera le premier versement. Voilà quelques centaines de fonctionnaires internationaux de plus sous le soleil de Copacabana; on espère pour eux que la tâche ne sera pas trop rude.

    .Les points clés du document

     1. Mettre en place un processus pour lancer des ODD (objectifs de développement durable) en 2015.

    2. Renforcer le Pnue avec participation financière universelle des Etats, mais sans créer une OME (Organisation Mondiale de l’Environnement) à Nairobi au Kenya. Moins de pot que les Brésiliens…

    3. Créer un Forum de haut niveau pour rermplacer la Commission de développement durable de l’ONU, avec participation de la société civile. La première réunion est prévue en septembre 2013

    4.Présenter l’économie verte comme une solution à l’éradication de la pauvreté.
    5. Bâtir un Plan sur dix ans pour produire et consommer « durable ».

    6. Bâtir un Projet de convention sur les océans, mais supprimer le paragraphe sur la protection de la haute-mer. (!!!)

    7. Lancer le travail sur la mesure du bien-être (au-delà du PIB).

    8. Encourager la mise en place d’un cadre national pour le reporting extrafinancier par les entreprises.
    9. Ouvrir les processus de négociation et l’accès à l’information de la société civile.

    10. Réaffirmer le principe de responsabilité commune et différenciée.

    11.Affirmer la nécessité d’une dimension sociale et d’un socle commun de protection sociale.
    12. Mentionner des financements innovants comme solution additionnelle à l’aide au développement.
    13. Affirmer la responsabilité des pays d’origine envers les réfugiés climatiques.

    « Y’a plus qu’à »…

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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