Bon appétit, Messieurs-Dames….? Hum !…

    L’alimentation et la restauration, un enjeu majeur pour la santé

    La restauration est un des aspects majeurs de la prise en charge de la santé des populations et il est navrant de constater qu’aujourd’hui 60% des patients âgés hospitalisés, sont des patients dénutris.

    Evidemment, le système de santé participe à cet état de dénutrition puisque c’est lui qui a en charge ces patients âgés. Ce déplorable état de fait, est souvent lié à la non prise en compte des intérêts du patient par la sous-traitance du service. Assortie de l’absence de contrôle véritable par l’administration hospitalière. Comment concevoir qu’on puisse servir le même menu à un jeune sportif hospitalisé pour un blessure quelconque qui a l’habitude de solides repas, midi et soir et à la petite grand-mère qui se contente d’un yaourt et d’un fruit pour son repas du soir ?

    Primum-Non-Nocere traite en détail de cette question de l’alimentation, source d’une véritable politique de santé publique, dans un ouvrage à paraître qui présentera au grand public une réflexion d’ensemble approfondie sur notre système de santé. Procédant à une critique sans concession du système, mais apportant aussi un certain nombre de propositions constructives, indispensables si nous ne voulons pas assister à son naufrage annoncé.

    Aussi est-ce un autre aspect des choses que nous voudrions pointer ici: il s’agit de l’interaction médicaments-aliments….

     

     


    L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (l’AFSSAPS) si elle s’abstient d’un travail pointu de police sanitaire sur les cosmétiques (nous développons ce thème par ailleurs) a mené en revanche  une recherche très exigeante sur les médicaments, notamment en relation avec les aliments.

    On découvre ainsi des consignes extrêmement précises sur les interactions aliments-médicaments. En voici quelques exemples.

    Le jus de pamplemousse peut développer de façon importante l’absorption des médicaments par l’organisme, notamment les médicaments destinés à réduire le taux de cholestérol dans le sang. « Un verre ça va, trois verres… » on connaît la suite

    D’autre part, selon l’AFSSAPS les agrumes doivent être évités avec les anti-inflammatoires ou l’aspirine sous peine de majorer d’éventuelles brûlures d’estomac ou des reflux acides voire de les déclencher. Il vaut donc mieux croquer la pomme.

    Les aliments riches en vitamine K comme le chou, les brocolis ou encore l’avocat sont à consommer avec parcimonie si on absorbe des anticoagulants oraux destinés à fluidifier le sang. Les supprimer vous évitera de plus, certaines fermentations gênantes.

    L’alcool, bien évidemment, doit être évité avec tout type de médicaments provoquant des pertes de vigilance comme certains neuroleptiques ou antidépresseurs. Cela ne plaira pas au Syndicat des producteurs d’eaux de vie et alcools.

    Enfin, la caféine est à éviter, notamment lors de traitements contenant certains antibiotiques, comme l’Enoxacine, la Ciprofloxacine et la Norfloxacine, utilisés surtout pour traiter les infections urinaires. Passez donc à la chicorée, « trésor de bienfaits » paraît-il.

    On découvre également que le millepertuis, consommé souvent pour ses propriétés anxiolytiques, agit fortement sur la Cyclosporine et la Théophylline, sur les contraceptifs, les antirétroviraux et les anticoagulants oraux ; il en diminue l’efficacité. Il faut donc choisir entre la déprime…et le reste…

    La réglisse est à l’origine d’une augmentation de la pression artérielle ; il convient donc de limiter ou, mieux, d’abandonner la consommation de réglisse en cas d’hypertension. De là à remplacer le bâton de réglisse par une cigarette, il y a un pas que l’Affssaps ne saurait franchir.

    Le lait diminue l’absorption des Tétracyclines (antibiotiques) par un mécanisme de compétition de l’absorption entre les ions calcium contenus en grande quantité dans l’aliment et l’antibiotique. « On ne se méfiera jamais assez du lait » aurait dit Rabelais.

    Le thon peut provoquer des manifestations aigues de type allergique chez les personnes traitées par Isoniazide (antibiotique utilisé dans le traitement de la tuberculose). Dieu merci il nous reste les maquereaux au vin blanc.

    Nous arrêtons là notre énumération et vous conseillons de consulter le site de l’AFSSAPS.

    Le lecteur aura compris qu’un peu d’humour ferait mieux passer le régime sévère conseillé par l’Afssaps, mais nous voudrions très sérieusement souligner à propos du couple nourriture-alimentation, qu’il serait très utile que l’ensemble des sociétés de sous-traitance en restauration, que nos cuisiniers, que nos diététiciens, que les infirmier(e)s, que tous ceux qui sont au contact du malade et servent des repas, fussent parfaitement informés de ces interactions pour en tenir compte dans le cadre de leur service. Ce qui n’est pas le cas actuellement car, à notre connaissance, les formations indispensables ne sont pas dispensées (en tout cas pas forcément). Les médecins qui prescrivent les connaissent sans doute, du moins peut-on l’espérer, mais ils ne savent pas forcément ce qui est servi aux patients dans les menus du jour.

    A suivre donc…

    Olivier TomaPrimum Non Nocere

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