Plus de carbone d’ici 2050….pour le système de santé britannique !

    Plus de carbone d'ici 2050….pour le système de santé britannique !

    Épatant non ? Et nous ???

    C’est pourtant ce que nous annonce le National Health Service, le service de santé public de Sa Majesté. Une première absolue. Et une nouvelle d’envergure quand on sait que « le secteur de la santé pèse aujourd’hui près de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est deux fois plus que l’aviation. »

    Rien qu’à lui seul le système de santé public britannique, est responsable de 5,4 % des émissions de GES du pays. Il faut dire que c’est le premier employeur en GB qui mobilise 1,3 million de salariés si bien que les 5% d’émissions s’expliquent assez logiquement.

    La direction générale des services de santé déclare vouloir atteindre deux objectifs en un seul :

    • Mener une action spécifique efficace dans la lutte contre le changement climatique certes
    • Sans  négliger le domaine de la santé alors en lui-même puisqu’on comptabilise près de 700 morts liées à la pollution dans le pays chaque semaine.

    Adieu donc le monde brumeux, enfumé et pollué qui fut celui dans lequel les héros de Dickens et de Conan Doyle ont dû accomplir leurs dramatiques destinées.

    Cette même  direction générale qui décidément ne manque pas d’objectivité fait remarquer que  « Le NHS fait à la fois partie du problème et de la solution. Si les services de santé à travers le monde étaient un pays, ils seraient le cinquième plus gros émetteur de la planète. C’est pourquoi nous mobilisons aujourd’hui nos employés et que nous travaillerons avec les meilleurs experts mondiaux pour établir une feuille de route visant le zéro émissions nettes. »

    Qu’Esculape l’écoute et lui accorde longue vie !

    Comment atteindre cet objectif idéal ?

    Le plan qui va courir jusqu’à 2050 se propose de mettre en place les principales actions suivantes :

    • Réduire l’empreinte carbone des hôpitaux,
    • Réduire la consommation d’énergie et la production de déchets,
    • Utiliser des gaz anesthésiques et des inhalateurs moins polluants,
    • Promouvoir des modes de déplacements plus actifs pour le personnel,
    • Optimiser des allées et venues des patients et des visiteurs.

    La COP-26 qui se tiendra justement en Grande Bretagne en novembre prochain, sera précédée par la publication d’un rapport détaillé établi par un comité d’experts sur le climat.

    Quelques données statistiques

    L’ONG Health Care Without Harm a établi le constat suivant :

    • 4,4 % des émissions mondiales de GES sont imputables au  secteur de la santé,
    • Ces émissions sont équivalentes à celles produites par 514 centrales thermiques alimentées au charbon.
    • Les principaux émetteurs sont, dans l’ordre : les USA et la Chine. L’Europe arrive en 3ème
    • La chaîne d’approvisionnement : produits pharmaceutiques et autres produits chimiques, produits alimentaires et agricoles, appareils médicaux, équipements hospitaliers et instruments – intervient pour 71% dans les émissions de GES.

    Des émules

    Plus de carbone d'ici 2050….pour le système de santé britannique !L’exemple anglais semble inspirer le secteur français de la santé puisque l’Assistance Public-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a «  lancé un appel à projets en 2019 pour accélérer sa transition écologique ».

    Se distinguent parmi les projets retenus, celui intitulé : « Vers un bloc opératoire éco-responsable » et le projet « Sub-Or ». Tous deux visent les mêmes objectifs :

    • éliminer les gaz anesthésiants les plus polluants,
    • recycler les métaux,
    • réduire la consommation d’énergie.

    A noter que le jury – est-ce une note d’humour ? –  a retenu parmi tous les projets celui qui consiste à mettre en place des courses à vélo pour transporter les prélèvements biologiques (et autres « denrées ») d’un site à l’autre.

    Ainsi semble de plus en plus se vérifier la tendance qui nous portait à soupçonner que cette parenthèse de deux siècles ou l’hybris technoscientifique s’en est donnée à cœur joie, nous ramènerait aux temps des calèches et du vélo… en attendant les bateaux à voile.

    En attendant, nous approuvons sans réserve toutes ces mesures qui nous semblent aller dans le bon sens.

    Et il semble que nous ne soyons pas seuls car des voix s’élèvent au Québec – qui dispose de capacités gouvernementales similaires à celles de la GB – pour que les services de santé s’inspirent des mesures prises par le NHS et entreprennent à leur tour une transformation verte de leur réseau de la santé et des services sociaux : https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202001/30/01-5258962-a-quand-une-transition-verte-de-notre-systeme-de-sante-.php

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

     

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