Des déchets « non dangereux » existent ils ?

    Des déchets "non dangereux" existent ils ?

    Imaginez la production de déchets d’ordures ménagères à l’échelle d’un département (hors déchets recyclables et dangereux). Par exemple l’Hérault peuplé de 1,1 million d’habitants, produit environ 650 000 tonnes d’ordures ménagères par an, de quoi remplir chaque jour un terrain de foot à hauteur de 1,5m.

    Nous allons voir ci-après que les déchets que nous mettons dans notre poubelle , qui semblent à priori sans danger, le deviennent malgré tout.

    Continuons à réduire toujours plus notre empreinte environnementale et tendre vers le « zéro déchet », par bon sens et préoccupation des générations qui nous suivent. En ce qui concerne les déchets inévitables, que nous considérons comme des « matières résiduelles » soyons irréprochables et choisissons les filières de tri appropriées.

    Lorsque nos ordures ménagères sont incinérées, les résidus sont de deux sortes :

    • Les mâchefers , pour environ 25% du poids de déchets incinérés,  sont les résidus solides qui résultent de la combustion,
    • Les Résidus d’Epuration des Fumées d’Incinération d’Ordures Ménagères (REFIOM), pour environ 3% du poids de déchets incinérés, sont le résultat des procédés d’épuration des fumées des incinérateurs de déchets.

    Des déchets "non dangereux" existent ils ?Lorsque vos ordures ménagères sont enfouies, ces derniers, dans leur processus de dégradation, génèrent du gaz majoritairement valorisé en énergie à ce jour (méthane), et des Lixiviats (jus).

    à Mâchefers 1 ou la « cendre ». Ces derniers servent principalement dans les travaux publics. Ils sont dé-ferraillés, puis criblés pour servir dans les techniques de sous couche routière. Nous roulons sur nos déchets ! c’est un bel exemple d’économie circulaire.

    Des contraintes et des seuils complémentaires sont régulièrement apportés pour l’utilisation des mâchefers, mais nous y retrouvons des produits dangereux pour la santé humaine et l’environnement tels que sélénium, sulfate, fluor, chrome, dioxines, chlorure, plomb, benzène, toluène, éthylbenzène, xylènes, polychlorobiphényles, arsenic, baryum, cadmium, mercure, molybdène, nickel, antimoine. Ces produits peuvent migrer dans l’eau, l’air ou les sols selon leurs caractéristiques et contaminer l’environnement puis indirectement notre santé.

    Environ 3 millions de tonnes de mâchefers sont ainsi produites par an en France.

    Les REFIOM 2 sont de trois types :
    • Les poussières, suies et cendres volantes,
    • Les gâteaux de filtration (boues pressées),
    • Les produits secs de neutralisation des gaz. Ces résidus sont très riches en sels (chlorure de calcium, chlorure de sodium…) produits par les réactions de neutralisation des gaz. Ils sont également caractérisés par une concentration de plomb, mercure, nickel, cadmium, sélénium, 3.

    Environ 300 000 tonnes par an sont principalement enfouies en ISDD (Installation de stockage de déchets dangereux) ou dans des mines de sel abandonnée. Ce tonnage ne concerne que les installations d’ordures ménagères, hors traitement des déchets dangereux donc, et hors déchets traités en dehors du territoire français.

    à Lixiviats : les eaux qui ont traversé et se sont imprégnées des déchets stockés en décharge en se chargeant bactériologiquement et chimiquement3.
    Ces lixiviats ne peuvent être rejetés directement dans le milieu naturel et doivent être soigneusement collectés et traités. Malgré les précautions, ils ont pourtant un impact sur les eaux de surface et les eaux sous terraines, généralement dans le respect des normes4.

    Comme les mâchefers ou les REFIOM, ils contiennent aussi des substances dangereuses pour la santé humaine et l’environnement, et notamment : benzène, trichloroéthylène, toluène, tétrachloroéthylène, chlorobenzène, éthylbenzène, styrène, isopropylbenzène, bromobenzène, chlorotoluène, trimethylbenzène, terbuthylbenzène, secbutylbenzène, dichlorobenzène, isopropyltoluène, buthylbenzène, trichlorobenzène, hexachloro, butadiène, xylène, bisphénol A, monoméythylarsenic, phtalates…4 et 5

    Des déchets "non dangereux" existent ils ?Les lixiviats sont captés pour être soumis à plusieurs procédés suivant les sites (filtration par osmose inverse, la filtration par membranes, la filtration sur charbons actifs, l’évaporation sous vide et la nitrification-dénitrification), procédés qui vont permettre de réduire/retenir/détruire les différentes substances.

    Les déchets domestique qui semblent anodins ne le sont pas.Les gestes du quotidien relatifs à ces matières résiduelles doivent évoluer pour favoriser le tri sélectif et la revalorisation pour éviter ainsi des multiples molécules chimiques qui créent une pollutions environnementale et sanitaire sournoise…

    Trier est un devoir civique …

     

    Bibliographie :

    1/ Etat des lieux de la gestion des mâchefers en France [AMORCE], octobre 2012, consultable en ligne
    2/ La gestion des REFIOM des UIOM françaises [AMORCE] avec le soutien financier de l’ADEME, mars 2012, consultable en ligne
    3/ Définition du Lixiviat [Dictionnaire environnement], consultable en ligne
    4/ Evolution de l’impact environnemental de lixiviats d’ordures ménagères sur les eaux superficielles et souterraines, approche hydrobiologique et hydrogéologique. [Thèse d’Emilien Belle], page 211 et 212, consultable en ligne
    5/ Evaluation de la toxicité des lixiviats d’installation de stockage de déchets non dangereux et identification des agents chimiques responsables [ADEME] p19 et 47, février 2015, consultable en ligne

    6/ Touze-Foltz, 2002 ; Fourmont et Gendrin, 2006

    7/ E. Grisey (2013) – Impact de l’évolution des déchets d’une ISDND sur l’environnement

    8/ Bozkurt et al., 2000 ; Kjeldsen et al., 2002 ; Taylor et Allen, 2006

    9/ Impact de l’´evolution des d´echets d’une installation de stockage de d´echets non dangereux sur l’environnement – Site d’´etude : l’ISDND d’Etueffont [Elise Grisey] p13, consultable en ligne

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