La Commission Européenne veut-elle s’attaquer à la déforestation ?

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    Projet ambitieux et très opportun que celui que la Commission Européenne veut mettre en place pour lutter contre la déforestation. Cela, afin de protéger une biodiversité déjà sérieusement mise à mal.

    Notons, au passage, que l’Europe est une des premières responsables de cette déforestation – du fait de ses importations -. à hauteur de 16 % en 2017, d’après le WWF France. Comme toujours en matière de nuisance la Chine arrive bonne première en la matière.

    Mais péché avoué, péché pardonné. L’Europe veut entrer en résipiscence ? Nous ne pouvons qu’approuver.

     

    Comment cette bonne volonté pourrait-elle se matérialiser ?

    L’Europe interdirait toute mise sur le marché européen de matières premières et produits qui contribue d’une façon ou d’une autre à la déforestation ou la destruction de milieux naturels dans les régions tropicales.

    Ce n’est pas rien puisque le projet touchera plus ou moins directement les importations de café, de cacao, de bois, de substances nécessaires à la fabrication du dentifrice. Sans oublier le caoutchouc des pneus de notre voiture, et l’essence de son réservoir !

    On commence à entrevoir combien notre quotidien pourrait être bouleversé par l’interdiction d’importer l’ensemble de ces produits qui – à l’instar des célèbres anchois que Marcel Pagnol évoque dans son film fameux « Le Schpountz » – nous viennent des tropiques et autres contrées, au prix de la destruction exponentielle de forêts et de savanes essentielles à la santé de la planète.

    D’où cette loi présentée comme partie intégrante du « pacte vert » européen présenté par la présidence de la commission européenne, fin décembre 2019.

     

    Concrètement ?

    Il s’agira de s’assurer que les produits issus des régions tropicales mis sur le marché européen soient durables. Autrement dit, ils ne devront pas entraîner de déforestation ou de conversion d’écosystèmes naturels, d’après l’avis de WWF France.

    Facile à décider, mais comment rendre cette mesure vraiment efficace ?

    – La première mesure consisterait à instaurer une certification de type label. Mais elle risque de s’avérer insuffisante, pour ne pas dire illusoire. D’où une autre mesure suggérée par l’ONG :

    – Les entreprises elles-mêmes auraient à « réaliser une diligence raisonnée » quelles que soient leurs tailles et les pays où elles s’approvisionnent. Lesdites entreprises devraient alors être en mesure de fournir toutes les informations assurant que le produit importé n’ait causé, de près ou de loin et à quelque étape de sa fabrication, la moindre déforestation ou conversion de zones naturelles ou n’ait provoqué la moindre violation des droits humaines que ce soit !

    Un bel idéal, l’avenir dira s’il est réalisable.

     

    Aller plus loin ?

    Au-delà de l’avenir des forêts, la WWF se veut vigilante à protéger l’ensemble des écosystèmes naturels impactés par les produits que nous importons. A savoir les savanes, les prairies et les tourbières. C’est ainsi que la production de soja importé par l’UE pour nourrir le bétail européen constitue un enjeu majeur pour protéger les forêts amazoniennes sacrifiées pour étendre les zones cultivables. Il faudrait donc que les négociants en céréales s’engagent à ne pas acheter de soja cultivé sur des terres récemment déboisées … et tiennent leur engagement.

     

    Quelles matières premières, quels produits ?

    Le choix opéré en ce domaine – au-delà d’une définition géographique ou écosystèmique – s’avérera déterminant pour le succès du projet : quelles sont les matières premières et produits importés qui seront visés par le projet ? On ne pourra, par exemple, interdire le bœuf issu de déforestation, si, dans le même temps le poulet reste autorisé ; le soja mais pas le maïs, le café mais pas le caoutchouc. Sans oublier leurs produits dérivés. Comme on le voit les choses ne sont pas simples et la réussite du projet ne peut reposer que sur la bonne foi des uns et les pouvoirs de contrôles des autres.

     

    Tout le reste dépendra des décisions politiques

    Au-delà de la première étape que constitue la présentation du projet, il faudra ensuite s’entendre sur le détail des textes, notamment sur les sanctions encourues et les contrôles prévus, [qui] ne seront connus que dans les prochaines semaines souligne le responsable WWF. Ce sont ces dispositions qui décideront de l’ambition des textes.

    Viendra ensuite le moment – probablement au cours du premier semestre 2022 – où le parlement et le conseil européen se devront se pencher sur le projet de loi, Ce sera le moment où la France prendra le relais de la Slovénie à partir du 1er janvier.

    Décidera-t-elle d’en faire une priorité de l’agenda européen ?

    C’est ce que nous saurons très vite désormais. Mais, d’ores et déjà nous pouvons tous jouer un rôle sur ce sujet, sans attendre. Que ce soit pour nos achats à titre individuels ou professionnels, il y a déjà des labels existants permettant de lutter contre cette déforestation importée. Ce n’est peut-être pas suffisant, mais ce n’es que par cet engagement individuel et collectif que nous contribuerons à réduire les impacts de nos achats.

    Lire aussi : La déforestation, un enjeu mondial de santé publique

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