Le personnel hospitalier, plus exposé qu’il ne le croit aux substances toxiques.

    Le personnel hospitalier, plus exposé qu'il ne le croit aux substances toxiques.Plusieurs études avaient évalué un risque accru d’asthme chez le personnel soignant. Pourquoi ? Parce que tout le personnel, le soignant comme le personnel d’entretien et de nettoyage est de plus en plus exposé quotidiennement à de multiples agents désinfectants et nettoyants pour lutter efficacement contre les risques d’infections nosocomiales. On a donc organisé une enquête en France afin de savoir comment le personnel hospitalier évaluait son exposition en milieu de travail. Puis on a comparé cette évaluation à celle d’un expert, prise comme référence.

    Cette enquête inscrite dans l’Étude épidémiologique des facteurs génétiques et environnementaux de l’asthme, a porté sur 176 participants ayant travaillé à l’hôpital, et 327 activités professionnelles.

    Les expositions ont été estimées pour chaque activité :

    • en prenant en compte les descriptifs des tâches
    • en portant une attention particulière à 8 substances : formaldéhyde, glutaraldéhyde, agents chlorés, alcool, ammoniums quaternaires, ammoniaque, sprays, et gants de latex.

    L’exposition auto-rapportée a réparti les participants

    • en « jamais exposés »,
    • « exposés » de 4 à 7 jours,
    • 1 à 3 jours,
    • moins de 1 jour par semaine

    Puis on l’a comparée à l’estimation de l’expert, qui a adopté la classification suivante :

    • sujets exposés : ceux dont les activités professionnelles étaient à haute probabilité d’exposition, de 50 % ou plus, à un agent donné,
    • non exposés : ceux dont la probabilité d’exposition était inférieure à 50 %

    La population étudiée :

    • âgée en moyenne de 46 ans
    • femmes : 74%
    • sujets n’ayant jamais fumé : 52%
    • sujets atteints d’asthme : 39%

    Dernier emploi occupé,

    • 25 % d’infirmières,
    • 21 % de médecins,
    • 11 % d’aides-soignantes,
    • 6 % de personnels d’entretien/nettoyage,
    • 37% :de pharmaciens, dentistes, kinésithérapeutes, techniciens de laboratoire…

    L’analyse révèle que – par rapport à l’expert – le personnel hospitalier sous-estime les expositions pour tous les risques d’exposition sauf ceux aux sprays et aux gants en latex.

    La sous-estimation des hospitaliers est significative pour :

    • les expositions aux ammoniums quaternaires (16,6 % vs 63,3 % pour l’expert ; p < 0,0001),
    • à l’ammoniaque (respectivement 7,4 % vs 18,3 % ; p < 0,0001),
    • à l’alcool (64,9 % vs 92,4 % ; p < 0,0001),
    • au formaldéhyde (26,5 % vs 31,2 % ; p = 0,009),
    • aux agents chlorés (45,2 % vs 48,6 % ; p = 0,02).

    Inversement, en ce qui concerne l’exposition aux gants de latex et aux sprays c’est la surestimation des expositions qui est significative:

    • L’observation de l’expert donne  80,7 % vs 71,3 % ; p < 0,0001 pour les gants, et
    • 39,3 % vs 35,2 % ; p = 0,01) pour les sprays.

    A noter que la prise en compte de l’âge, du sexe, du niveau socio économique, du statut ne changent  rien en ce qui concerne l’asthme, le niveau d’exposition ou la catégorie socio-professionnelle.

    L’étude a conclu à la nécessité d’établir des programmes d’éducation destiné à améliorer les connaissances des soignants sur les composants des produits utilisés et sur les expositions professionnelles fréquentes, pointant clairement leur risque pour la santé. A été mise en évidence aussi  la nécessité du port d’équipements de protection adaptés aux tâches effectuées : gants, masques et lunettes.

    L’Agence Primum, qui réalise l’analyse des risques chimiques Hospitaliers  » Rchos®« , constate tous les jours sur le terrain cette dangereuse « inconscience chimique » et préconise d’adopter une politique d’achat extrêmement rigoureuse sur le sujet. Il lui paraît tout aussi nécessaire d’assurer la formation permanente à la lecture des FDS (Fiches de données de Sécurité) qui précisent les modalités de stockage, d’utilisation et de traitement en fin de vie des produits utilisés à l’hôpital..

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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