Les femmes enceintes contaminées par les perturbateurs endocriniens

    Les femmes enceintes contaminées par les perturbateurs endocriniens
    C’est ce que confirme l’étude « ELFE » en constatant une contamination générale des femmes enceintes par ces substances nocives……ce qui, étonnamment, n’inquiète pas les services de la santé publique en France à l’inverse de la société internationale d’endocrinologie qui, elle, affirme que ces substances ne « sont pas comme les autres ».

    L’étude ELFE mise en œuvre par l’agence Santé Publique France a porté sur 4145 femmes enceintes ayant accouché en 2011.  Elle était destinée à mesurer leur exposition aux polluants organiques considérés comme perturbateurs endocriniens : bisphénol A, phtalates, polybromés, dioxines, perfluorés, certains pesticides. Elle fournit donc un cadre de réflexion très pertinent concernant l’exposition de l’ensemble de la population à ces substances nocives.

    Or, bien que les résultats de cette enquête prouvent qu’elles contaminent quasi tout le monde dans des proportions susceptibles d’altérer la santé, l’agence Santé Publique France rejette toute forme d’alarmisme en utilisant deux arguments :

    • « Les concentrations mesurées sont « globalement inférieures à celles observées dans les études antérieures françaises et étrangères »
    • « La présence de ces polluants dans l’organisme de la mère n’implique pas nécessairement d’effet néfaste pour sa santé ou celle de l’enfant»
    Le RES monte aux créneaux

    Ce qui fait réagir André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé (RES) qui déclare : « Cette conclusion ne correspond pas à l’état des connaissances scientifiques d’aujourd’hui, car les Perturbateurs Endocriniens ne sont pas des substances chimiques comme les autres». Rappelons que c’est à lui que nous devons l’interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires. Mais il n’est pas le seul à s’insurger contre le relativisme lénifiant et surprenant de l’Agence Santé Publique France car la pétition de 100 scientifiques – « Halte à la manipulation de la science » – qui dénonce l’effort de banalisation de la Commission Européenne sur ce même sujet,  va dans le même sens.

    Et pour cause, puisque la Société internationale d’Endocrinologie affirmait sans ambages en octobre 2015 que « Les PE agissent selon une relation dose-réponse non linéaire, avec des effets à faibles doses principalement pendant la phase de développement”. La déclaration de la dite Société, rappelait en outre que l’exposition aux perturbateurs endocriniens durant “la période de la grossesse »  qualifiée de «  »période critique” avait de graves conséquences sur la santé de l’enfant et du futur adulte : “  Il y a un fort niveau de preuve au plan mécanistique et expérimental chez l’animal, et épidémiologique chez l’humain, notamment pour les effets suivants : obésité et   diabète, reproduction  chez la femme et l’homme, cancers hormono-dépendants chez la femme, cancer de la prostate,  effets thyroïdiens,  neurodéveloppementaux et  neuroendocriniens« . Et elle n’hésitait pas à désigner les principaux P.E « bisphénol A, phtalates, pesticides, polluants organiques persistants tels que PCB, polybromés et dioxines« . Comme par hasard, ce sont toutes les substances retrouvées dans l’étude française et considérées comme bénignes par la Santé Publique France.

    Or il est facile de montrer les contrevérités des conclusions tirées des résultats de l’étude française

    Par exemple le BPA y est retrouvé chez 74 % des femmes enceintes. La moyenne est de 0,69 µg/l, mais pour 5 % des femmes le niveau est supérieur à 5,28 µg/l.

    Or, dès 2006 les études scientifiques accusaient les effets sanitaires liés au BPA surtout après exposition pendant la grossesse, de provoquer: “cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction (abaissement de l’âge de la puberté), problèmes neurocomportementaux…”. Ceux-ci pouvant survenir à des niveaux correspondant aux niveaux mesurés en France.

    Pour les adultes, les études menées aux Etats Unis par l’agence fédérale américaine CDC à partir des résultats de l’enquête NHANES (qui a servi de modèle à l’étude ELFE) ont révélé que le niveau de contamination correspond, par rapport au groupe le moins contaminé, à une multiplication par 4 du taux d’artériopathie , par 3 du taux de diabète, par 2 du taux d’obésité,  d’hypertension, et de syndrome métabolique.

    Et le Dr André Cicolella de délivrer la conclusion logique de la situation que le laxisme en ces matières nous fait vivre : « Jamais l’humanité n’a été confrontée à un fardeau aussi important de maladies en lien avec le système hormonal : cancers du sein, du testicule, de l’ovaire ou de la prostate, troubles du développement du cerveau, diabète, obésité, non-descente des testicules à la naissance, malformations du pénis et détérioration de la qualité spermatique …. Il est urgent d’agir sur les causes identifiées comme les principaux Perturbateurs Endocriniens, comme le recommande la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens »

    Ainsi, l’analyse des résultats de ELFE doit inciter à une remobilisation contre les perturbateurs endocriniens et non à l’attitude inverse. Et le RES de demander aux Ministres de la Santé et de l’Ecologie une réunion du comité de suivi de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens pour examiner les conséquences à tirer de cette enquête.

    Nous ne pouvons que nous associer à cette démarche et à toutes celles qui, dans l’ avenir, pourront nous délivrer de ce fléau. Lutte qui passe par la mise hors-jeu des lobbies qui lui ont permis de se développer en toute impunité

    Car la suppression des perturbateurs endocriniens à l’école, en crèche, à l’hôpital, dans les entreprises, nécessite des plans d’actions précis, de l’expertise, des moyens qui ne sont aucunement prévus aujourd’hui dans le cadre du PNSE 3. Sans moyen, le sujet concernant la lutte contre les P.E ne sera rien d’autre qu’un cache-misère, une pétition de principes destinée à déculpabiliser les mauvaises consciences en charge de la Santé dans notre pays.

    D’autre part, il semble nécessaire d’ajouter le thème de la maitrise de la toxicologie dans les formations initiales et continues des professionnels de santé. Les mamans pourront ainsi recevoir directement les bonnes informations de leurs gynécologues, sages-femmes, pédiatres, maternités et généralistes et non par Dr GOOGLE !

    A ce titre notre agence Primum Non Nocere® anime un centre de formation et bientôt un MOOC sur « la prévention de l’exposition aux perturbateurs endocriniens ».

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE


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