Les parabènes et les phtalates : un mauvais souvenir ??? Pas sûr…

    Les parabènes et les phtalates : un mauvais souvenir ??? Pas sûr...Qu’on en juge : le 3 Mai 2011 la PROPOSITION DE LOI visant à interdire l’utilisation des phtalates, des parabènes et des alkylphénols, a été adoptée par l’Assemblée Nationale, en première lecture.

    La loi comporte un Article unique ainsi rédigé : La fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols sont interdites.

    Simple clair et évident. Notons que ce texte a été voté malgré l’opposition de l’UMP et du gouvernement qui l’avaient rejeté en commission des affaires sociales. Or il a été adopté par 236 voix contre 222 lors d’un scrutin qualifié de « solennel » par certains.

    Si l’expression n’avait pas si mauvaise presse, nous pourrions parler de « divine surprise« !

    « Surprise » sans doute, « divine » on en doute pour les fabricants d’environ 400 produits pharmaceutiques, certains de grande utilisation, contenant des parabènes, conservateurs plus que soupçonnés de toxicité et d’effets cancérigènes et couvrant le champ qui va des dentifrices aux spécialités de chimiothérapie anticancéreuse.

    Citons la plupart des cosmétiques pour bébé ; des crèmes telles Biafine ; les sirops contre la toux (Clarix, Codotussyl, Drill, Hexapneumine, Humex, Pectosan, Rhinathiol) ; les pansements gastriques (Maalox, Gaviscon) ; les traitements de la constipation (Motilium) ou des nausées (Primpéran) ; les suspensions buvables cardiovasculaires (Cozaar, Vastarel) ou des antibiotiques (Josacine, Zinnat) ; les anti-douleurs et anti-fièvres (Ibuprofène et le paracétamol); les « remontants » comme le Sargenor)…sans oublier la kyrielle de formes génériques de ces médicaments.

    Utilisés pour empêcher l’apparition de champignons et de micro-organismes nocifs, les parabènes sont utilisés pour éviter la dégradation du médicament ou du produit et la baisse de son efficacité, voire d’éviter sa nocivité. Et ce n’est pas de l’humour….

    Pas de réjouissance précoce cependant ! Le texte du 3 Mai, doit encore être voté par le Sénat dont, en matière de bioéthique par exemple, nous devons nous défier. Nous verrons. Gageons que les fabricants qui devront trouver  et utiliser les remplaçants de ces charmantes substances, ne soient très présents autour du palais du Luxembourg dans les prochaines semaines.

    L’Afssaps qui mène une étude toxicologique clinique et qui nous promet des résultats pour Novembre, nous rappelle que  « les 400 spécialités pharmaceutiques contenant des parabènes, sous forme méthyle ou propyle, concernent environ 80 firmes titulaires d’autorisations de mise sur le marché ».  Vous vous doutez de l’agitation le landernau pharmaceutique !

    On se souvient que l’Afssaps, pourtant difficile à émouvoir, avait commencé à enquêter sur les parabènes en 2004, après qu’une étude britannique avait montré que des parabènes (notamment de méthyle) étaient retrouvés intacts dans les tumeurs du sein. On ne pouvait préciser la source et le chemin emprunté par ces substances, mais cela n’avait pas empêché les chercheurs de l’université de Reading, de les soupçonner de développer des cancers par une action proche des oestrogènes et mise en lumière dès 1998.

    Ainsi, le groupe d’experts commis par l’Afssaps, nous a informé en Juin 2005 que les parabènes « sont peu toxiques et bien tolérés, bien que des réactions allergiques puissent survenir chez certaines personnes » mais que, cependant  « des études avaient « établi que ces conservateurs pourraient être à l’origine d’une faible perturbation du système endocrinien » sans que les données disponibles pussent « caractériser ni de quantifier le risque, notamment cancérigène, qui pourrait être associé à la perturbation endocrinienne ». Que de circonlocutions !

    Mais les experts admettaient que l’observation d’effets toxiques sur la reproduction chez le jeune rat, par une équipe japonaise « [suggérait] un risque potentiel pour la fertilité masculine ». Avec le parabène de propyle mais pas avec la forme méthyle. Quel soulagement !

    C’est cette différence qui a amené six laboratoires pharmaceutiques à entreprendre, en Avril 2010, une nouvelle étude cornaquée par l’Afssaps. « L’évaluation de 2004 [ayant] laissé des zones d’ombre et l’étude japonaise montrant une altération de la fertilité chez le jeune rat [présentant] des insuffisances, nous avons donc décidé de refaire une étude chez le jeune rat avec le parabène de propyle », affirme Vincent Gazin, le responsable de l’unité de toxicologie clinique de l’Afssaps et pilote de l’étude en cours.

    Nous, on veut bien, mais même si on arrivait à démontrer de façon certaine (cela va être difficile) que les parabènes isolés ne sont pas en cause dans le dérèglement du système hormonal, il faudrait se demander aussitôt quel rôle ils pourraient jouer quand ils sont associés à d’autres perturbateurs endocriniens.

    On voit que nous ne sommes pas au bout de nos interrogations et de nos inquiétudes.

    Même si le texte de loi adopté devrait mettre le point final à cette source de grave préoccupation en matière de cancers du sein et de baisse alarmante de fertilité masculine, il nous faut rester vigilants.

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