Marisol Touraine lance le plan : « Prendre soin de ceux qui nous soignent »

    Marisol Touraine lance le plan : "Prendre soin de ceux qui nous soignent"

    Photo : PHILIPPE DESMAZES / AFP

    Une stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail lancée par Marisol Touraine :  » prendre soin de ceux qui nous soignent  » a été lancée. En fait il s’agit d’un observatoire (un de plus) doté de 30 millions d’euros sur trois ans, pour les services de médecine du travail.

    Le ministre a lancé le premier volet de cette stratégie, qui concerne les professionnels des établissements sanitaires et du médico-social; le deuxième est prévu pour début 2017. Il s’agira de mesures spécifiques aux professionnels libéraux. Trois axes sont prévus :

    • donner une impulsion nationale pour porter une priorité politique,
    • améliorer l’environnement et les conditions de travail des professionnels au quotidien,
    • accompagner les professionnels au changement et améliorer la détection des risques psychosociaux.
    Un observatoire dès 2017

    Destiné à faire de la santé au travail une priorité politique, et à « redonner la fierté du travail bien fait » ce projet prévoit la mise en place d’une gouvernance nationale pour promouvoir, suivre et rendre compte de la mission qui sera sera pilotée par un chef de projet directement rattaché à la DGOS.

    De plus le début de 2017 verra la création d’ un observatoire national de la QVT et des risques psychosociaux des professionnels de santé. Présidé par un expert et regroupant « l’ensemble des parties prenantes » il devra « proposer des orientations stratégiques en s’inspirant d’expériences de terrain et d’initiatives étrangères« . Création d’outils permettant de mieux évaluer la charge en soins et d’aider les établissements à mieux apprécier les moyens humains nécessaires aux différents services et développement la recherche sur la QVT seront des axes de recherche sur la performance du système de soins (Preps).

    La stratégie mise en place est sensée « intervenir sur les conflits internes au plus tôt, dans un cadre approprié, afin d’éviter leur aggravation et leurs conséquences en matière de risques psychosociaux » grâce à des médiateurs locaux et régionaux, coordonnés par un médiateur national nommé auprès de la mission et de l’observatoire.

    On attend de voir

    Il est prévu aussi d' »adapter les formations initiales et continues pour développer la QVT » en facilitant le repérage, et en développant l’attention apportée à chaque professionnel. Un module QVT sera par exemple intégré dans toutes les maquettes de formations initiales médicales, paramédicales et de directeurs d’établissement avec un accent mis sur la formation managériale. On n’a pas oublié de prévoir des propositions pour le parcours professionnel des cadres dans la troisième partie de leur carrière.

    Encore une priorité (il y en a beaucoup, si bien qu’on ne sait plus ce qui est accessoire) : revaloriser la médecine du travail et généraliser les services pluriprofessionnels de santé au travail, au sein des groupements hospitaliers de territoire (GHT). On ouvrira aussi une concertation sur les sujétions particulières liées à la continuité des soins, comme par exemple le travail de nuit, sans oublier le régime indemnitaire et la valorisation de ces sujétions qui seront discutés avec les Syndicats.

    Le deuxième « grand volet » de cette stratégie annoncée par Marisol Touraine concerne l’environnement et les conditions de travail au quotidien

    La QVT devra devenir l’une des priorités stratégiques de chaque structure sanitaire et médico-sociale. A ce propose différentes mesures sont prévues : intégration au projet d’établissement, création d’une sous-commission en charge de ces sujets au sein de chaque commission médicale d’établissement (CME), généralisation des baromètres sociaux au sein des établissements pour mieux percevoir les attentes du personnel. Il est prévu un RV annuel pour discuter des conditions et organisations de travail et de l’amélioration de la QVT.

    L’Anap – en lien avec l’observatoire national – offrira son soutien aux établissements, en mettant à leur disposition des outils et repères.

    Ainsi sera-t-il plus faciliter de déposer plainte en cas d’actes malveillants ou d’agression. Les établissements seront aidés à améliorer les synchronisations des organisations de travail médicales et non médicales, à systématiser un entretien individuel pour chaque professionnel non médical comme médical. Quant aux réunions d’équipes de proximité, elles contribueront à améliorer le bien-être au quotidien.

    On veut offrir plus de place à l’écoute et aux initiatives individuelles.

    Soit.

    Dernier axe de cette stratégie gouvernementale : les risques psychosociaux

    Il s’agira de les détecter  en passant par un accompagnement personnalisé via l’adoption d’une charte de l’accompagnement des professionnels en cas de restructuration. On prévoir aussi un volet sensibilisation et information des professionnels sur les évolutions du système de santé.

    Le but consiste à favoriser la concertation avec les équipes sur les modalités permettant d’assurer la continuité du service face à l’absentéisme impromptu et de courte durée et d’améliorer la vie au quotidient. Pour cela il s’agira d’encourager les services aux professionnels : pressing, livraison de courses, etc. au sein des établissements.

    Mais d’autres outils sont prévus comme la mise en place d’un dispositif d’écoute et de soutien psychologique, sous l’impulsion de la mission nationale. On améliorera aussi le recueil et l’analyse des événements indésirables graves liés au risque psychosocial, en signalant par exemple les suicides et tentatives de suicide.

    Réactions diverses

    L’association Jean-Louis Mégnien, qui lutte contre la maltraitance et le harcèlement au sein de l’hôpital public se réjouit de la création d’un observatoire de la qualité de vie au travail, qu’elle espère « indépendante »… et elle approuve les actions de médiation. Mais elle va s’assurer que  » ces bonnes intentions seront mises en œuvre de façon effective et demande à ce que leur impact soit évalué« . Dont acte.

    Du côté de la FHF on approuve aussi le côté positif de la stratégie nationale mais on souligne note l’absence de détails concernant les financements de ces mesures. Nous citons : « Il y a surtout une contradiction forte entre les annonces de la nouvelle stratégie et, le même jour, dans le cadre du projet de financement de la sécurité sociale (PLFSS) l’examen d’une ponction de la quasi totalité des crédits de l’Association nationale pour la formation permanente des personnels hospitaliers (ANFH), qui permettent justement d’engager des formations adaptées aux métiers et parcours« . Cherchez l’erreur. Mais que peut-on attendre d’un gouvernement condamné sinon des effets d’annonce pour finir en beauté ?

    Quant au monde syndical, par la voix du président d’Avenir hospitalier et membre du Collège français des anesthésistes-réanimateurs (Cfar) il s’exprime ainsi : « C’est un changement de culture qui est amorcé. C’est à nous, professionnels de santé, de nous saisir de ces questions. Mais il est frustrant de voir que l’expertise syndicale, venant du terrain, ne soit pas reconnue pour ces questions d’ordre social et que les syndicats soient considérés comme des acteurs à part entière de cette stratégie« .

    En conclusion on pourrait se poser les questions suivantes :

    Un observatoire suffira-t-il à ce que des médecins surbookés et malmenés n’en arrivent à se poignarder eux mêmes ???

    Est-il acceptable qu’en France à l’heure actuelle on en arrive à de telles situations de stress et d’insécurité ??

    Il n’est plus temps d’observer mais d’agir…

    C’est aussi le lieu de rappeler ici notre questionnaire en ligne B2ST, destiné aux personnels d’établissements sanitaires et médico-sociaux. Anonyme il se compose de 36 questions réparties en 4 items : «Vous dans l’établissement» – «Vous et les autres» – «Votre niveau de stress» – «Les valeurs de l’entreprise». Dans le cadre de la QVT il contribue efficacement à poser un diagnostic et à définir un accompagnement, tous deux nécessaires à améliorer la qualité de vie au travail. Accédez au questionnaire en ligne B2ST

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE 

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