L’Empire de la chimie contrattaque en faveur des Perturbateurs Endocriniens.

    L’Empire de la chimie contrattaque en faveur des Perturbateurs Endocriniens.

    Une récente émission sur les antennes d’une grande radio nationale analysant les pratiques en mesure de marketing pharmaceutique, nous expliquait comment les industriels mis en difficulté par la nocivité manifeste de leurs produits, finançaient (et dévoyaient certaines sommités) des « spécialistes » pour produire des « études scientifiques » qui leur soient favorables. Cela n’abuse personne dans le monde informé, mais constitue une arme redoutable de manipulation des pauvres consommateurs que nous sommes.

    C’est ce qui vient de se produire avec un site internet qui vient d’être mis en ligne et intitulé : « Perturbateurs endocriniens, Parlons en » !

    Nous étions déjà heureux de voir notre dénonciation inlassable des dangers liés aux Perturbateurs endocriniens relayée par un nouveau site – fort attractif – que  nous pensions financé par l’État ou lancé par des militants et destiné à prévenir ou alerter le public…

    Grande fut notre surprise et notre indignation quand apparut à la toute fin du site (il faut d’ailleurs appuyer sur un discret « bouton » situé à la toute fin du site pour découvrir le pot aux roses) l’identité des commanditaires : « les entreprises de la chimie » !

    Analyse du texte

    Nous ne savons qui a conçu l’argumentation (en onze questions/réponses) qui est censée rassurer le consommateur dans le style : « Circulez, y’a rien à voir…ou pas grand-chose », mais il nous semble que le concepteur aurait intérêt à prendre quelques cours de logique élémentaire dans une bonne classe de philo.

    Ainsi lisons-nous au point N° 2 : Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui empêchent le bon fonctionnement du système hormonal et provoquent un effet néfaste pour la santé ». Puis, au N° 4 : Très peu d’études permettent aujourd’hui d’établir un lien de cause à effet clair entre la survenue de troubles et maladies chez l’homme et l’exposition aux perturbateurs endocriniens.

    Outre qu’il y a une contradiction évidente entre les deux propos, il est clair que le  très peu d’études est une contrevérité manifeste si on se reporte aux articles – documentés – que nous avons publiés sur le sujet au cours des années passées. Études auxquelles il nous faut associer deux très récentes que nous évoquons en fin d’article.

    Et, si ces études sont si peu nombreuses qu’on ne puisse en tirer aucune conclusion, pourquoi conseiller au point N° 5 [de porter] une plus grande attention … aux populations identifiées comme potentiellement plus sensibles ? » Et pourquoi viser ces populations en priorité par les mesures, qui peuvent s’imposer ?

    Au N° 6 le rédacteur, fort prévenant, nous affirme que le niveau d’exposition est un critère important dans l’évaluation du risque que représente une substance chimique. Une première précaution est de respecter les conditions normales d’utilisation des produits afin, notamment, de limiter l’exposition.

    Ce monsieur ou cette dame ont-ils entendu parler de la multi-exposition ? Non ? Ils feraient bien de s’intéresser au sujet de près car dix produits consommés tous les jours comportant des dosages inférieurs à la norme admise d’une substance chimique nocive, finissent par créer un « niveau d’exposition » inacceptable.

    Au N° 7 on nous assure qu’il existe en Europe des réglementations spécifiques, exigeantes, et uniques au monde, pour évaluer et maîtriser les risques associés aux substances chimiques et si besoin interdire celles qui présentent des effets préoccupants sur la santé ou sur l’environnement. Fort bien, mais comment interdire ce dont on nous affirme au N° 4 que très peu d’études permettent aujourd’hui d’établir un lien de cause à effet clair entre la survenue de troubles et maladies chez l’homme et l’exposition aux perturbateurs endocriniens ?

    L’Empire de la chimie contrattaque en faveur des Perturbateurs Endocriniens.La référence à la Commission européenne – elle-même polluée par les effets d’un lobbying qui coûte environ 1 Md€ annuels aux industries délétères, toutes spécialités confondues – n’est donc qu’un artifice de langage ? Au demeurant, utiliser le concept même de « perturbateur » n’est-il pas suffisant à passer aux aveux ? Et s’il a perturbation des fonctions endocriniennes, comment pourrait-on refuser d’admettre le lien de cause à effet avec les maladies qui participent justement d’une telle perturbation ?

    Nous serions tout à fait d’accord pour admettre avec le N°8 que l’industrie doit fournir des données et une évaluation des risques associés à l’utilisation des produits chimiques. Et que les pouvoirs publics ont ensuite la charge de vérifier et analyser ces informations, si évaluation, analyse et vérification n’avaient déjà été opérées en de multiples occasions. La tactique qui consiste à noyer le poisson en utilisant le recours à une succession de commissions d’experts (plus ou moins partiaux parce-que plus ou moins indépendants des industries mises en cause) doit être dénoncée et les consommateurs doivent signifier aux politiques qu’ils entendent ne plus se laisser abuser par ces manœuvres dilatoires qui permettent de continuer à les empoisonner régulièrement.

    L’Empire de la chimie contrattaque en faveur des Perturbateurs Endocriniens.Le point N° 9 qui affirme que la réglementation sur les substances aux effets cancérigènes [….], mutagènes [….] ou reprotoxiques [….] aurait déjà permis de retirer les substances les plus préoccupantes doit être largement relativisée car nous sommes encore loin du compte. Quant à affirmer qu’il n’est ainsi pas possible d’obtenir une autorisation de mise sur le marché pour une substance active phytosanitaire [….] et biocide [….] qualifiée de perturbateur endocrinien, elle nous paraît proprement délirante. Allez demander aux éleveurs d’abeilles ce qu’ils en pensent.

    Au demeurant pourquoi tout cet argumentaire si ce qui est qualifié de perturbateur endocrinien n’est plus autorisé à être mis en vente ?  C’est la même argumentation qui consisterait à nous dire «  Il n’y a pas de dealers et de consommateurs de drogue en France… puisque la drogue est interdite par la loi ! »

    Et le point 10/ qui précise que la France a publié en avril 2014 sa stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens pour réduire l’exposition de la population et de l’environnement à ces substances. Pour être efficace, cette démarche doit s’inscrire dans un cadre européen, outre qu’une fois de plus elle contredit le point N° 4 qui nous assurait qu’il n’y pas de problème avec les P.E, il ne nous rassure pas du tout car une législation, pour être efficace, doit être appliquée rigoureusement.

    Le démenti par les faits

    Deux articles (annoncés plus haut) viennent de nous démontrer que tout cet argumentaire n’est que poudre aux yeux :

    Le premier, affirme qu’en Europe 20% des jouets testés contiennent des phtalates interdits !

    Le second relève que plusieurs études montrent la présence de perturbateurs endocriniens dans les préservatifs, les sextoys et les lubrifiants.

    Vous voilà prévenus.

    Mais rassurez-vous, l’industrie chimique, infiniment plus efficace à couvrir ses disfonctionnements qu’à les éradiquer a inventé quelque chose d’absolument inouï : RESPONSIBLE CARE !!!! Responsible Care® est une démarche volontaire d’ouverture et d’amélioration continue des performances dans les domaines de la santé, de la sécurité et de l’environnement (HSE)…  développée par l’industrie chimique mondiale. Le cartel de Medellin prenant en main la désintoxication planétaire !Et dire  qu’on croyait avoir tout vu…

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

     

     

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