« Décaler au 1er juilllet 2017 l’interdiction du DEHP en chirurgie cardiaque – Une décision qui faciliterait la transition industrielle déjà amorcée, et garantirait la sécurité des patients. » C’est le titre très significatif de ce document, daté de septembre 2014 et émanant de SORINGROUP. Le retardement d’une mesure d’interdiction pour cause de nocivité, garantissant la sécurité de patients ! Surprenant non ?
Plus loin on peut lire : » Sorin Group est un leader français et mondial dans la conception, la fabrication et la commercialisation de technologies médicales de pointe (750 millions d’€ de C.A et 3750 collaborateurs dans 80 pays […..] Sorin est surtout le N° 1 mondial dans l’assistance cardio-pulmonaire en chirurgie cardiaque. De fait chaque année, 1 opération sur 2 en chirurgie cardiaque dans le monde est réalisée avec du matériel Sorin, et plus des 2/3 des chirurgiens cardiaques dans le monde utilisent également des produits Sorin….. »
Puis on en arrive aux choses qui fâchent car on lit à la page 11 de cet exposé la phrase suivante : » L’interdiction, à partir du 1er juillet 2015, des produits comportant du DEHP dans les services de pédiatrie, de néonatologie et de maternité en France est très problématique pour le groupe Sorin « . Comme on les comprend, mais quelle conclusion apporter à cette constatation ? On la découvre un peu plus loin :
- « Modifier définitivement le processus de production pour l’intégralité de ses produits dans le monde et demander les nouvelles autorisations administratives nécessaires » (c’est la seule réelle solution vertueuse et respectueuse de l’intérêt des patients)
- « Ne pas modifier son processus et donc se retirer du marché français« .
Ce n’est peut-être pas indispensable. Sorin est n°1 mondial dans un secteur extrêmement lucratif qui vit de la souffrance humaine. Si le groupe tient compte de ses bénéfices considérables, il peut consentir aux effort nécessaires, non ?
Pour SORIN, supprimer le DEHP dans les dispositifs chirurgicaux est un surcroît de travail, la santé des patients cardio-pulmonaires passe après !
Le groupe l’explique un peu plus loin dans le document : » Au plan économique, les conséquences sont également très importantes pour Sorin, qui a évalué à environ 2000 jours/ingénieur (4 à 5 ingénieurs à temps plein pendant 2 ans) le surcroît de travail nécessaire pour se mettre en conformité et poursuivre son activité sur des bases différentes, en France et dans les autres pays « .
Vous avez bien lu : Sorin se pose l’affreux dilemme de la mise en balance de la santé de centaines de milliers de patients cardio-pulmonaires qui font confiance aux dispositifs chirurgicaux auxquels on les soumet et la nécessité d’employer 4 à 5 ingénieurs pendant 2 ans pour se mettre aux normes et cesser de larguer des poisons dans l’organisme de ces millions de patients !
SorinGroup prévoit une rupture d’approvisionnement si l’interdiction du DEHP n’est pas décalée
Après un calcul chiffré des investissements nécessaire à se mettre aux normes, Sorin conclut : » Par conséquent, le groupe ne possède pas les capacités de production suffisantes pour remplacer simultanément l’ensemble de ses machines d’autotransfusion installées en France. Il y a donc risque non-négligeable de rupture d’approvisionnement, si toutes les machines du groupe venaient à devoir être retirées du marché dès le 1er juillet 2015, avant que Sorin n’ait pu en fournir de nouvelles « .
Voilà pour la menace voilée de pénurie de dispositifs médicaux qui doit servir à mettre la pression sur les autorités sanitaires et sur le gouvernement en campagne permanente dans notre système.
Après la menace de ne plus fournir, voici venir la menace des surcoûts (p.14 du document), pour une Sécu toujours dans le rouge : » De fait, la transition vers des dispositifs médicaux sans DEHP, se traduira par une augmentation du prix des produits vendus par Sorin que devra supporter le système de santé français « . De quoi provoquer une insuffisance cardiaque à Marisol Touraine qui taille dans le budget de la santé à tour de bras depuis si longtemps.
Après cet argumentaire si bien articulé, la conclusion s’impose d’elle-même : » Sorin recommande, pour les dispositifs médicaux utilisés en chirurgie cardiaque dans l’ensemble des services, y compris de pédiatrie, de néonatologie et de maternité, d’étaler la transition dans le temps, en l’étendant jusqu’au 1er juillet 2017. »
Fermez le ban.
Olivier Toma – PRIMUM NON NOCERE
Source : « Décaler au 1er juilllet 2017 l’interdiction du DEHP en chirurgie cardiaque – Une décision qui faciliterait la transition industrielle déjà amorcée, et garantirait la sécurité des patients. » publié en septembre 2014 par SorinGroup
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