Attention aux jouets en plastique, même garantis sans phtalate !

    jouet plastique phtalate

    Après des années de mise en garde contre les phtalates contre lesquels les travaux scientifiques les plus sérieux s’accumulaient mettant en lumière les perturbations qu’ils entrainaient dans le fonctionnement du système endocrinien, on a décidé de les remplacer dans la fabrication du plastique (où ils servaient d’assouplisseurs).

    Et les fabricants – toujours soucieux de la santé des utilisateurs de leurs produits – de le remplacer par le citrate d’acétyl tributyle.

     

    Qu’est-ce que le citrate d’acétyl tributyle ?

     

    « C’est un composé chimique utilisé en alternative aux phtalates » désormais bannis dans la composition de nos objets en plastique. Je devine un Ouf ! de soulagement chez le lecteur…

    Las ! Nous ne devons pas nous réjouir trop tôt car il semblerait que l’industrie du plastique soit en train de nous servir une version actualisée du mythe de Charybde et Scylla.

    Tout parce qu’une nouvelle étude révèle qu’il est tout aussi dangereux pour la santé que le poison qu’il est censé remplacer. Notamment pour le cerveau.

     

    Quelles sont les données du problème ?

     

    Le citrate d’acétyl tributyle (ATBC), alternative supposée aux phtalates, notamment pour produire des jouets en plastique, apparaît comme un dangereux perturbateur de la croissance des neurones. Charmant !

    Remarquons incidemment que cette accusation vient en complète contradiction avec les affirmations de l’Anses en 2016, suivant lesquelles « il ne présentait pas de risque sanitaire » !

    Comme les phtalates règnent sans partage dans le monde industriel, il s’avère que l’ATBC, censé le remplacer avantageusement, est présent partout, lui aussi. On le trouve donc dans les jouets pour enfants – dans les emballages alimentaires – dans les sols en vinyle, et même – the last but not the least – dans certains cosmétiques.

    Plutôt inquiétant car si le corpus des recherches menées jusqu’à présent sur des animaux soumis aux effets des phtalates avait démontré qu’ils sont des perturbateurs endocriniens et qu’ils peuvent nuire à la fonction reproductive et au développement du fœtus, constater ensuite que les nouveaux matériaux qui les ont remplacés,  « auraient des conséquences sur la croissance des neurones » comme la  nouvelle étude, – présentée lors du Congrès annuel de la Société américaine pour la biochimie et la biologie moléculaire consacrée plus particulièrement  à l’ATBC -, l’a démontré, a de quoi nous laisser perplexes. Pour ne pas dire fort inquiets.

    En effet, il apparaît, d’après les déclarations d’un des responsables de l’étude sur l’ATBC, que [ nous citons] :  L’équipe scientifique a donc cultivé des cellules, similaires aux cellules gliales qui protègent les neurones, en laboratoire. Grâce à différentes méthodes de recherche moléculaire, les chercheurs ont observé les effets de l’ATBC et d’autres produits utilisés en alternative aux phtalates sur ces cellules. D’après leurs conclusions, les cellules cérébrales exposées à l’ATBC augmentaient leur expression de deux gènes associés au stress cellulaire (appelés Nrf2 et p53) et accentuaient également leur production d’une enzyme associée à la sénescence cellulaire (B-galactosidase), qui peut entraîner l’arrêt de la croissance des cellules et bloquer leur division. »

    Cela nous semble se passer de commentaires. Surtout si on lit la suite :

    Les résultats suggèrent que l’ATBC pourrait interférer avec la capacité des cellules gliales à se régénérer, ce qui peut réduire leur capacité à protéger les cellules neurales et entraîner une neurodégénérescence et un vieillissement accéléré, concluent les auteurs dans un communiqué. Il est également possible que l’exposition à l’ATBC au cours du développement précoce – lorsque les neurones se développent et se divisent activement – puisse affecter directement les neurones et interférer avec le développement du cerveau. »

    Si on considère, de plus que d’après les spécialistes, les neurones ne peuvent pas repousser lorsqu’ils sont endommagés et que les effets de ces substances seraient donc permanents, il convient de se rallier à l’avis qui préconise  de pratiquer des tests supplémentaires sur l’ATBC à différentes doses, dans différents contextes et dans des modèles d’organismes entiers.

     

    Alors, quelle parole croire ?

     

    En effet les « experts » ayant réalisé en 2016, une étude par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), en France avaient estimé que les risques sanitaires liés aux substituts de ces substances [les phtalates] présents dans des jouets et équipements en matière plastique, destinés à des nourrissons et des enfants de moins de 3 ans … ne mettent pas en évidence de risques [pour lesdits enfants et nourrissons] ….

    L’ étude américaine affirme – et prouve – tout autre chose et jette un lourd pavé dans la mare des substituts « sans danger » aux phtalates.

     

    Quelles sont nos conclusions sur la question ?

     

    Quoiqu’il en soit des certitudes contradictoires des uns et des autres, nous aimerions insister sur l’impérieuse nécessité de réduire l’utilisation de plastique dans notre environnement surtout s’il doit être au contact des nouveaux nés et des femmes enceintes.

    Mais cela ne suffit pas car il nous faut insister aussi sur les faits suivants qui constituent la principale leçon à tirer de l’article qui précède :

    • Le plastique, sous toutes ses formes, est un dérivé du pétrole qui concourt activement aux dérèglements climatiques que nous subissons,
    • C’est un faux-ami qui peut aussi avancer masqué dans des revêtement de gobelets en carton soit-disant recyclables, alors qu’ils sont recouverts d’un film plastique qui prend plaisir à relarguer des substances suspectées de toxicité dans les boissons dès lors qu’elle sont chauffées,
    • Le plastique est aussi présent dans de nombreuses fournitures scolaires qu’il faut absolument éviter,
    • C’est l’agent N° 1 des pollutions de l’air, de l’eau, des sols cosmétiques ; il est présent dans les cosmétique comme il l’est dans nos déchets ; et il l’est même dans le sang humain à cause de ses micro billes que l’on retrouve jusqu’au placenta des mamans (faire des liens avec les précédents articles sur le sujet),
    • Il est donc impératif qu’il soit débusqué et maîtrisé dans le secteur de la santé, notamment dans la composition exhaustive des produits de santé, dans celle des cosmétiques, des dispositifs médicaux, des implants et prothèses pour garantir la qualité et l’innocuité de l’ensemble de ces catégories de produits.

     

    Olivier TOMA
    Fondateur PRIMUM-NON-NOCERE
    Associé Grant Thornton® France

     

    LIENS :

    https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/cerveau-cette-alternative-phtalates-ne-serait-pas-moins-dangereuse-104348/

    https://www.santemagazine.fr/actualites/actualites-sante/une-alternative-aux-phtalates-serait-nocive-pour-le-developpement-et-la-sante-cerebrale-966682

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