Les bactéries antibiorésistantes dans les effluents

    Les bactéries antibiorésistantes dans les effluents
    Le consortium scientifique de Sipibel vient de publier un rapport concernant le devenir des bactéries antibiorésistantes.

    Les résultats de cette étude montrent la présence de nombreux médicaments à des teneurs importantes (de 10 à plusieurs dizaines de ng/g) dans les biofilms de la station choisie et exposés aux effluents traités. Notamment des Pseudomonas aeruginosa, dont certaines présentent une résistance à plus de cinq antibiotiques de familles différentes. De même pour les P. aeruginosa multirésistantes dont une partie est toujours retrouvée après traitement : 46% des souches dans les eaux brutes sont multirésistantes et 18% dans les eaux après traitement.

    L’expérience a été menée à partir de la station de Bellecombe (73) – exploitant de la Step – qui traite une nappe d’eau commune à la France et la Suisse. La Suisse ayant mis en place des traitements complémentaires sur certaines de ses stations d’épuration alors que la France est davantage orientée vers une stratégie de réduction à la source.

    Une collaboration a donc été mise en œuvre avec l’Etat de Genève pour établir des scenarii de gestion.

    Les paramètres suivis dans le cadre de Sipibel

    Dès 2012, il a été réalisé une campagne de prélèvement par mois en entrée et sortie des deux files de traitement des effluents hospitaliers et urbains ainsi que dans leurs bassins d’aération. Les effluents traités de la Step se déversant dans la rivière Arve, celle-ci a été contrôlée à raison de trois campagnes par an. Puis le dispositif de suivi a été étendu à l’ensemble du bassin-versant franco-suisse en vue d’un bilan complet des flux des médicaments rejetés par les stations du territoire et pour mesurer la présence de résidus de médicaments dans la nappe du Genevois.
    130 paramètres ont été sélectionnés : des indicateurs physicochimiques utilisés pour l’autosurveillance des Step mais également des métaux et des paramètres plus spécifiques dont une liste de 15 médicaments ainsi que trois familles de détergents, les composés anioniques, cationiques et non ioniques.

    Les scientifiques ont aussi sélectionné des paramètres microbiologiques, dont l’un d’eux permet d’évaluer la présence de bactéries antibiorésistantes dans les effluents et dans le milieu : les intégrons de multirésistance. Sans oublier une bactérie pathogène opportuniste assez fréquemment retrouvée dans les effluents : Pseudomonas aeruginosa. Des bioessais ont aussi été réalisés pour évaluer le niveau de toxicité des effluents et mettre en évidence d’éventuels effets de perturbation endocrinienne.

    Les résultats

    La concentration en résidus de médicament est plus élevée dans les effluents hospitaliers, l’écotoxicité y est plus marquée et les bactéries présentes sont globalement « plus antibiorésistantes ». Des traces de résidus de médicaments sont retrouvées dans l’Arve, avec 8 molécules détectées à des fréquences supérieures à 50% parmi les 15 recherchées : seul le diclofénac présente une concentration moyenne supérieure à la norme de qualité environnementale (NQE).

    Il a été établi que l’évaluation des ratios coût/bénéfice (financier, énergétique, environnemental et sanitaire) n’est globalement pas en faveur d’un traitement spécifique de l’effluent hospitalier. Il est maintenant démontré qu’à l’échelle d’une agglomération possédant un hôpital, la charge de résidus de médicaments liée à l’établissement ne représente qu’environ 20% de la charge de l’ensemble de l’agglomération.

    Or, le ministère de la santé poussant au développement des soins ambulatoires et à l’hospitalisation à domicile pour des raisons budgétaires, y compris pour des traitements médicamenteux lourds, la charge provenant de rejets diffus est considérablement augmentée. 

    C’est ainsi que le Syndicat des eaux des Rocailles et de Bellecombe a demandé une modification de l’arrêté préfectoral qui permet désormais de mélanger les effluents hospitaliers et urbains et de les traiter au sein d’une station d’épuration unique.

    Plus globalement, Sipibel a confirmé que la bonne stratégie de réduction des rejets de résidus de médicaments dans l’environnement nécessitait des approches complémentaires de réduction à la source et d’optimisation de traitement, sans les centrer sur les seuls établissements de soin.

    Conclusion logique : il faut limiter les soins à domicile notamment les chimiothérapies très dangereuses en terme d’effluents et imiter la Suisse qui équipe ses stations d’épuration de traitements des micro polluants.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE 

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