C’est la question à se poser quand on constate que, d’après un rapport publié à Pékin par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (ONU Environnement), la Chine veut montrer l’exemple d’un développement durable via des politiques industrielles vertes.
Que dit ce rapport ?
Intitulé « Politique industrielle verte : concept, politiques et expériences des pays », il est destiné à sensibiliser les acteurs économiques au développement vert.
Et le directeur exécutif de l’ONU Environnement, ne cache pas sa satisfaction quand il déclare : « Plutôt que le vieux schéma qui consiste à privilégier le développement d’abord, et ensuite seulement se préoccuper de l’environnement, nous devons associer les deux dès le début, et cette idée a été mise en oeuvre dans certaines économies« .
Et il cite le programme chinois pour électrifier les transports routiers qui, d’après, peut être donné en exemple aux autres pays comme stratégie de développement vert. C’est ainsi que, par exemple, la Chine a produit 85% des vélos électriques du monde en 2014 et, depuis, en a exporté 5 millions chaque année. Reste à savoir s’ils satisfont vraiment l’utilisateur….
Bref, les responsables du programme de l’ONU Environnement, sont enchantés des efforts de la Chine sur la voie du développement vert, et donnent en exemple le transport électrique, l’énergie solaire et l’économie du partage.
Cela est d’autant plus remarquable que la Chine est par ailleurs pointée du doigt pour sa responsabilité manifeste dans la hausse des émissions de CO2 observée en 2017… alors que le rapport de l’ONU en fait la meilleure de la classe dans la lutte contre le changement climatique et que l’Agence internationale de l’énergie déclare s’attendre à ce que son évolution économique et son mix énergétique en fassent le champion de la lutte contre le changement climatique d’ici à 2040 !
Un autre son de cloche ?
C’est celui que fait résonner la COP23 qui s’inquiète de la remontée des émissions de GES depuis l’année passée après trois ans de stabilisation. Remontée de 2% que les organismes qualifiés attribuent à la croissance économique chinoise (+6,8%) qui entraîne l’accroissement de sa consommation de charbon (+3%), de pétrole (+5%) et de gaz naturel (+12%). Toutes données qui provoqueraient d’une hausse de 3,5% de ses émissions de gaz à effet de serre.
Pour mieux apprécier ces chiffres il faut se souvenir que réduire la température à 2°C minimum, nécessiterait d’abaisser les émissions mondiales de 50 à 70% d’ici à 2050, pour arriver à zéro émission à la fin du siècle.
Une autodestruction programmée ?
Par ailleurs, 15.000 scientifiques du monde entier déclarent redouter que l’humanité pousse « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». Leur constat est angoissant : « régression des forêts, disparition d’un tiers des populations de certains mammifères, reptiles, amphibiens, poissons et oiseaux, multiplication des zones mortes dans les océans, effondrement des invertébrés, disparition de 80% des insectes, etc. [….] Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité … l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. »
En fait renoncer à la notion de « progrès » indéfini telle que l’ a concoctée « l’esprit des Lumières » qui aujourd’hui a de quoi nous faire rire….jaune, s’agissant de la Chine.
Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE
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