De nouvelles perspectives pour la Fédération Française de Donneurs de Sang Bénévoles

    transfusion sang PBM

    Gérer le capital sanguin de manière personnalisée.

     

    Pour pallier les inconvénients éventuels de la transfusion sanguine la FFDSB a adopté le Patient Blood Management (PBM). Celui-ci consiste à gérer le capital sanguin de manière personnalisée.

    Le PBM définit une approche thérapeutique centrée sur le patient, à partir de preuves scientifiques, multidisciplinaires, pour optimiser la qualité de la prise en charge de chaque patient chirurgical potentiellement transfusé.

    Il s’agit en fait :

    1/ De réduire au minimum les effets de l’anémie préopératoire.

    2/ D’élaborer des politiques de transfusion restrictives, compte tenu des effets de la transfusion sur la morbi-mortalité

    3/ De rechercher des alternatives à la transfusion : par exemple le fer.

     

    Qui recommande le PBM ?

     

    • L’OMS.
    • Les agences de régulation sanitaire de nombreux pays
    • Les sociétés savantes internationales concernées
    • La Commission européenne.

     

    On peut d’ores et déjà constater des programmes PBM qu’ils améliorent la sécurité, l’efficacité et l’efficience des soins, si bien que la transfusion pourra devenir un recours de deuxième intention.

    Ainsi seront limités les risques ainsi que le coût socio-économique de la transfusion sanguine. Bien entendu en garantissant qualité et sécurité de soins optimales aux patients opérés.

    C’est ce que prétend réaliser le Patient Blood Management (PBM).

    Autres avantages : générer des économies par la diminution des achats de produits sanguins.

    Chez nous un comité d’experts représentatifs a été créé pour travailler sur le sujet. Leur but :

    • Mieux appréhender la démarche
    • Identifier les solutions à mettre en place pour accompagner son implantation en France.

     

    D’où la sortie d’un livre blanc, sorti le 13 décembre 2018 à l’occasion de la journée « Gestion personnalisée du capital sanguin en péri-opératoire », à l’Académie de Médecine.

     

    Éviter la transfusion.

     

    D’après les experts, le concept de PBM place le patient au centre du processus de décision dans une démarche de prévention primaire des risques liés à l’anémie, au saignement et à la transfusion, en priorité à toute autre considération technique. Ils le définissent comme une stratégie intégrée, multimodale et multidisciplinaire, voire pluriprofessionnelle, méthodique et proactive, fondée sur des concepts scientifiquement validés.

    En amont de toute prise en charge des patients destinés à une chirurgie cardiaque, orthopédique, abdominale, urologique, etc., la démarche consiste à considérer la transfusion comme un recours ultime et non plus comme le traitement privilégié par défaut.

     

    Les 3 piliers et les 3 temps du PBM.

     

    • Optimiser la masse sanguine du patient
    • Minimiser les pertes sanguines
    • Optimiser la tolérance à l’anémie

     

    Ainsi le PBM pourrait favoriser la diminution des taux de morbidité postopératoire, voire de mortalité peropératoire ou hospitalière.

     

    Quelles sont les méthodes alternatives à la transfusion ?

     

    Les agents stimulant l’érythropoïèse, ou la récupération de sang autologue. Elles permettent une diminution des :

    • Seuils transfusionnels
    • Pertes sanguines peropératoires
    • Taux de transfusions massives
    • Proportions de patients transfusés
    • Nombres de concentrés de globules rouges ou d’unités de produits sanguins labiles transfusés par patient
    • Proportions de patients sortant de l’hôpital avec une anémie modérée à sévère.

     

    Une stratégie à succès ?

     

    Il le semblerait. Une étude australienne de février 2017 publiée dans la revue «Transfusion», a suivi 600 000 patients dans quatre centres hospitaliers appliquant le PBM.

    Elle a constaté une diminution de 41% d’unités de produits sanguins transfusés entre 2008 et 2014.

    Avec les résultats suivants :

    • 18 millions de dollars américains économisés en coûts directs.
    • 78 à 97 millions en coûts indirects.
    • 28 % de baisse du risque relatif de mortalité hospitalière.
    • 15 % de baisse de la durée moyenne de séjour.
    • 21 % en moins du risque d’infection postopératoire.

    Mais

    • 6% d’augmentation du taux de réadmissions urgentes non programmées.

     

    Et la France ?

     

    On dispose de peu de données. Le PBM aurait permis au CHU d’Angers d’économiser 196 000 Euros au sein du pôle anesthésie-réanimation entre 2012 et 2016 (Étude de 2016 publiée dans « Transfusion »), alors que les coûts ont augmenté de 110 000 Euros dans l’ensemble de l’hôpital pour la même période. D’autres sources évoquent 200 millions d’Euros de gain annuel potentiel pour l’assurance maladie entraînés par

    • La baisse de la durée moyenne de séjour
    • La diminution du nombre de patients transfusés.

     

    Mais il n’empêche que la France est en retard sur la mise en place du PBM. La preuve chiffrée :

    • 36,6 concentrés de globules rouges pour 1 000 habitants en 2010
    • 36,2 pour 1000 en 2015.

    La stagnation des taux standardisés de transfusion à l’échelle nationale est donc évidente.

    Et regrettable si on considère, comme certains professionnels l’écrivent que : environ 3 millions de chirurgies pourraient chaque année bénéficier du PBM ! Mais, ajoute-t-il :  mettre en place de tels programmes, demande du temps médical et paramédical. Tout ce que l’on n’a pas actuellement.

     

    Quelques observations possibles.

     

    Ainsi si nous pouvons conclure en terminant

    • De l’importance majeure du rôle de l’établissement Français du Sang.
    • De la complexité qui s’attache à la gestion de ce domaine.
    • De l’importance décisive du rôle des bénévoles qui font du don du sang une forme de don de soi.

    Il nous faut aussi souligner la réalité de risques que l’on peut éviter…

     

    En effet, chaque jour, 10.000 dons de sang sont nécessaires pour subvenir aux besoins des Français : traitements des maladies du sang (cancers, leucémies), actes chirurgicaux, mais aussi urgences (accidents) ou hémorragies (lors des accouchements par exemple).

    Ainsi pouvons-nous affirmer que les dons de sang permettent de soigner chaque année 1 million de malades.

     

    Or, nous prenons du retard dans la mise en place de processus innovants et bénéfiques en termes de qualités de soin comme en termes économiques. En ces domaines : qui n’avance pas recule ! Et ce ne sont pas les suppressions de lits, de postes, de crédits et les démissions enregistrées du fait d’un personnel surmené, mal payé et découragé, qui vont améliorer les choses.

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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