Encore des victimes du Mediator : les hôpitaux de Brest et de Morlaix

    Medicaments Deux victimes du Mediator ont vu leur demande d’expertise en référé aboutir à l’assignation de leurs médecins et des hôpitaux de Brest, Morlaix et le centre de Perharidy par l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux

    L’une d’elles, diabétique, s’est vu prescrire du Médiator dès 1999 par son généraliste. Elle avait déjà consommé de l’Isoméride. S’en est suivie une valvulopathie prise pour une angine mal soignée. Elle est alors opérée des valves cardiaques en 2004 et à cette occasion la cardiologie du CHU de Brest renouvelle la prescription de Mediator. Bis repetita avec le centre de soins de Perharidy, à Roscoff (29), où elle séjourne en convalescence. Et enfin par l’hôpital de Morlaix.

    Une véritable odyssée pour cette malheureuse finistérienne. Mais ce n’est pas Neptune qui contrecarre son voyage, c’est le Médiator de Servier; divinité tout aussi redoutable. La demande d’expertise en référé est reportée au 04 Avril, à cause de retards dans l’acheminement des dossiers.

    Mais ce qui doit être relevé, c’est l’intervention de  l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) (dépendant du ministère de la Santé) qui a décidé d’assigner les médecins et établissements de soins qui ont prescrit du Mediator aux deux victimes : le médecin de la patiente, le CHU de Brest, l’hôpital de Morlaix et le centre de Perharidy sont donc sur la sellette. Au grand étonnement de la patiente qui comprendrait qu’on s’attaque à Servier pour lui faire rendre gorge et indemniser les victimes, mais pas aux médecins qui sont les victimes collatérales de certaines pratiques de l’industrie pharmaceutique dans lesquelles il faudra bien porter le fer.

    La patiente, victime du Médiator, parfaitement lucide avoue « ne [rien] comprendre à cette initiative et [avoir] l’impression qu’on noie le poisson et que tout le monde ouvre son parapluie».

    De même pour le second procès où trois médecins sont assignés sans qu’on puisse leur reprocher autre chose que d’avoir prescrit un médicament autorisé par les Agences multiples et variées qui veillent sur notre santé.

    C’est d’ailleurs ce que reconnaît l’Oniam, qui indique que « la mise en cause des prescripteurs est une procédure banale, dans tous les dossiers où un médicament est sur la sellette. Pourquoi cela devrait-il se passer différemment pour le Mediator ? Dans tous nos contentieux, nous assignons les prescripteurs, sans que cela préjuge d’une quelconque responsabilité de leur part. Ils pourront prouver qu’ils ont prescrit dans un cadre normal et faire valoir leurs droits. Cela permet à tout le monde d’être entendu et évite de multiplier les expertises pour les patients. Pourquoi l’Oniam serait-il seul à être appelé? Le circuit du médicament est une chaîne, du laboratoire jusqu’au patient. Et puis, s’il y avait dans ces dossiers une quelconque responsabilité d’un prescripteur, tous sont assurés pour y faire face», argumente Dominique Martin, directeur de l’Oniam.

    On vous laisse juges de la pertinence intellectuelle et morale de cette position.

    Quoiqu’il en soit, cette pénible affaire doit éclairer les professionnels. Désormais leur responsabilité peut être engagée sur tous les sujets qui fâchent : phtalates, cosmétiques en maternité, qualité de l’air intérieur, et, bientôt on leur demandera aussi des comptes sur les effluents liquides et les résidus de médicaments trouvés dans l’eau de boisson. Sans oublier la qualité des matériaux utilisés dans leur pratique quotidienne; les phtalates par exemple (encore eux) qui viennent d’être ajoutés à la liste des produits interdits par le règlement REACH, avec entrée en vigueur dans cinq ans. Et cinq ans c’est très court.

    N’oublions pas non plus les nanoparticules dans les matériaux de construction, sans oublier le gros morceau des médicaments bien sûr. Voilà un panel de sujets sur lesquels les hôpitaux peuvent demain être interrogés et sanctionnés.

    D’où l’importance de réaliser des diagnostics « Développement Durable » et la mise en œuvre  de démarches du type THQSE, dans lesquelles Primum-Non-Nocere s’est fait une spécialité.

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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