Combien nous coûte le gaspillage des médicaments ?

    remboursement suisse

    « Voilà une question qu’elle est bonne » aurait sans doute ricané Coluche.

    Mais il n’y a pas de quoi rire. Car, tous les ans, nous jetons pour environ 7 milliards de médicaments inutilisés dans nos poubelles. Et l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) – à l’origine de cette étude – enfonce le clou : un médicament prescrit sur deux n’est pas consommé, les traitements ne sont pas observés. Gaspillage insensé n’est-il pas ?

    MEDICAMENTSComportement généralisé qui permet à la France de remporter la coupe d’Europe du gaspillage médicamenteux. Qu’on en juge : notre budget annuel moyen en termes de dépenses de santé s’élève à 504 € par an. Soient 40% au-dessus de la moyenne européenne !
    Quand un français moyen « consomme » (c’est à dire prélève gratuitement) 39 boites de médicaments par an, un Italien n’en reçoit que 18 ….et ne s’en porte pas plus mal, autant que nous le sachions.

    Il paraît évident que notre système de santé collectiviste n’incite personne à user de responsabilité en matière de dépenses de santé.  Déresponsabilisation encore accrue par l’usage de la carte vitale qui n’encourage pas le patient, le pharmacien et le médecin, à se demander qui paye la facture. Conclusion de ces comportements aberrants :

    • 23 500 tonnes de médicaments gaspillés par les particuliers
    • 7 milliards d’euros partis en fumée,
    • 14% du total des médicaments vendus en France dans la poubelle
    • 50 millions d’euros annuels de médicaments inutilisés dans les hôpitaux qui ne sont pas à l’abri de ces pratiques irresponsables.

    Les causes secondes de cet énorme gaspillage ?

    INDUSTRIE DU MEDICAMENT– On pointe d’abord les comportements des patients : d’après le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO) les patients arrêtent de prendre leur traitement dès qu’ils se sentent mieux…et les boîtes entamées sont laissées à leur triste sort.

    – Vient ensuite le conditionnement des médicaments.

    Certes le pharmacien est tenu de délivrer « le conditionnement le plus économique selon l’ordonnance« . Ce qui ne sert pas toujours ses intérêts ….. et ce qui fait que cette injonction n’est pas toujours respectée. C’est bien humain.

    • Arrive le troisième motif : les labos conditionnent des médicaments en grand format, alors que les traitements sont souvent de courte durée. Là aussi il y a sûrement des enseignements à tirer d’un tel état de fait.
    • Quatrième motif, très solidaire des précédents : les médecins ne prescrivent pas de manière assez « raisonnable« . Leurs ordonnances excèdent les normes de 30 à 70 % ! Et, quand on sait que 90% des consultations en France se concluent par une ordonnance contre 43% aux Pays-Bas (dont la population ne se porte pas plus mal que les Italiens que nous avons rencontrés plus haut) on imagine les dégâts financiers.

    Tentons une estimation

    • La moyenne entre 30% et 70% de dépassement des normes, est 50% .
    • La moyenne entre 90% (France) et 43% (Pays Bas) est d’environ 57 %

    En associant ces deux données, on obtient un sur-ordonnancement moyen de 28.50%

    28.50 % qui feraient faire une belle économie à la Sécu et, par conséquent, aux Français qui financent la Sécu par les prélèvements qu’on impose à leurs salaires, faut-il le rappeler ?

    Les solutions ?

     Combien nous coûte le gaspillage des médicaments ?Pour pallier ces abus et ce gaspillage, le ministère de santé veut adopter la vente des médicaments à l’unité. Il a déjà mis en place cette disposition dans  4 régions : l’Ile-de-France, PACA, Lorraine et Limousin.

    Ce dispositif est déjà adopté dans les pharmacies de certains pays (les USA notamment) et il faudrait nous indiquer quelles améliorations cette mesure a apporté à l’économie du médicament là-bas.

    Délivrer seulement le nombre de cachets ou de comprimés prescrits au lieu de vendre une boîte de 30 pour un traitement de 7 jours à 2 cachets par jour, peut être  effectivement bénéfique, mais, outre qu’il existe déjà des petits conditionnements sur le marché, cela ne représentera une amélioration que pour les affections courtes. Donc mesure peu efficiente de ce côté-là.

    Pour ce qui est des traitements longs, pour les affections graves de longues durées, et plus encore pour celles qui surviennent chez les personnes de plus de 65 ans (dont une étude montre qu’ils prennent en moyenne 7 médicaments par jour) et qui doivent soigner leur diabète, leur cholestérol, leurs rhumatismes, leur insuffisance respiratoire, leur hypertension, etc, à vie, on avouera que la mesure risque de s’avérer inopérante, une forte majorité de médicaments étant conditionnée par boîte de 30, quelquefois de 28,  qu’ils renouvellent déjà tous les mois. Où sera le bénéfice ?

    L’avenir nous dira si la fin du gaspillage passe par des mesures purement techniques et compliquées sur le plan pratique ou sur une réforme très réelle des mœurs et des pratiques en matière de santé.

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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