La grande misère des Tarifs Hospitaliers.

    La grande misère des Tarifs Hospitaliers.La campagne tarifaire pour l’année 2012 accorde une augmentation de 0,19% pour les secteurs public et privé ! Rappelons qu’il n’y avait pas eu de hausse depuis 3 ans….

    Quant aux MIGAC (Missions d’Intérêt Général et d’Aide la Contractualisation) elles augmentent de 3,44%.  D’autre part, la politique de convergence tarifaire se poursuit puisque les coefficients géographiques destinés à compenser les surcoûts liés à l’insularité en Corse et Outre-mer sont augmentés d’un point.

    Pas de quoi pavoiser du côté des établissements de santé publics et privés.

    Ce qui nous incite à citer quelques extraits de notre ouvrage « Hippocrate, au secours ! Ils sont devenus fous… » qui paraîtra en septembre 2012 et où nous rappelons que les établissements publics et privés fonctionnent, depuis 2004, sur une tarification à l’activité, ce qui n’était pas le cas  auparavant. Cette tarification consiste, comme son nom l’indique bien, à payer un établissement par rapport à son niveau d’activité.  Ainsi la logique aurait voulu que ces tarifs – qui ne sont pas identiques dans les deux secteurs, le public et le privé, ce qui n’est pas en soi un problème – fussent basés sur des coûts de réalisation réévalués chaque année. Or aujourd’hui en France, personne ne connaît précisément quel est le coût de réalisation de quelque activité que ce soit.

    Quelle que soit la philosophie politique adoptée, il est évident pour tout esprit cohérent que l’étude des coûts doit être correctement assurée pour éviter que l’usager soit contraint de payer une facture de plus en plus lourde pour compenser le différentiel entre la facture à payer et le prix de revient que personne ne connaît.  C’est tellement vrai que notre système de santé, géré sans connaissance et maîtrise parfaites des coûts de réalisation des actes, ne se maintient qu’en risquant d’abaisser  qualité et sécurité d’un côté et en réduisant le niveau de remboursement de l’autre. Sans pour autant, cependant, échapper à l’augmentation les dépenses.

    Telle est la politique allègrement menée actuellement, qu’on appelle « politique du chien crevé au fil de l’eau« .

    Comme nous le disions plus haut le tarif est fixé aujourd’hui sans tenir compte du coût de réalisation alors que celui-ci évolue en permanence : nouveaux procédés, nouvelles techniques, nouveaux matériaux, nouvelles spécialisations, formation continue du personne, nouvelles contraintes, etc.,…Donc cette méconnaissance ne peut aboutir – et n’aboutit actuellement –  qu’à des distorsions de plus en plus graves.

    Du fait que les tarifs continuent à évoluer de manière aussi ridiculement basse que les 0,19% ou les 3,44% évoqués plus haut, alors que le coût de la vie augmente, lui, de manière exponentielle, la seule variable sur laquelle agir, le seul moyen qui permette de rétablir un équilibre financier « sur le fil du rasoir » consiste à augmenter toujours plus le volume des activités (en risquant de diminuer la qualité des soins) !

    Ce qui veut dire en clair que le système de santé, pour s’en sortir, mise délibérément sur la maladie et sur son développement et non sur la santé et la prévention : il faut consommer des actes, il faut occuper des chambres et des  lits, etc.  Cette gestion à l’aveugle, permet tout juste de diminuer les déficits à très court terme (en encore…)…mais a long terme elle entraîne inéluctablement la faillite du système en son entier, car les il arrivera un moment où les établissements n’auront pas les moyens de rémunérer correctement les professionnels, ni de faire les investissements nécessaires….et ils n’auront plus qu’à fermer leurs portes.

    Nous ne devons pas oublier non plus que la population Française augmente, vieillit et « consomme » de ce fait de plus en plus de soins. Il nous faut donc sortir au plus vite de cette vision technocratique qui ne considère le monde de la santé que sous l’angle du déficit …alors qu’il représente une mine prodigieuse de création d’emplois non délocalisables, qu’il fait vivre des milliers de fournisseurs et sous traitants et surtout qu’il assure l’amélioration de la qualité de vie de l’ensemble des citoyens. Quand donc arrivera-t-on à le considérer pour ce qu’il est en réalité : un moteur essentiel de l’économie française et non un frein ???

    D’autre part, il ne peut y avoir de « développement durable et viable » en matière de santé, que basé sur des financements permettant d’assurer certes le quotidien et toutes ses nécessités, mais aussi l’effort de recherche et d’innovation indispensable pour garantir la santé des générations futures. En d’autres termes, comment serait-il possible d’assurer la qualité et la sécurité des soins tout au long de l’année sans négliger de bâtir le système de santé dont nos enfants auront besoin, avec une augmentation des tarifs ramenée à 0,19% et une augmentation officielle des charges montant à 2,5% à la fin 2011 ? C’est absolument impossible et cette hémorragie financière permanente condamne toute politique de santé publique à s’enliser dans une dégradation continue.

    Faudra-t-il attendre le désespoir généralisé des personnels et l’effondrement du système de santé français entraîné par cette gestion technocratique et purement « comptable » de ce magnifique outil qui fait partie intégrante du patrimoine de notre nation, pour qu’enfin les solutions de redressement soient mises en place ?

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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