LA PEDIATRIE EN FRANCE : « No Future » ???

    LA PEDIATRIE EN FRANCE : "No Future" ???Les parents français  ont de quoi « se faire des cheveux » : secteurs public et privé confondus, ils ne disposent des services que d’un seul pédiatre en moyenne pour 6000 enfants à soigner ! En moyenne les parents européens se partagent les services de cet unique pédiatre pour seulement 2000 enfants,  et les Italiens en ont un pour 750 enfants !

    Donc la « densité » des pédiatres au service des enfants, passe de  8 pour l’Italie à 1 malheureux praticien pour la France, en passant par 3 en moyenne pour l’ensemble de l’Europe.

    Cherchez l’erreur.

    Elle est simple : les jeunes pédiatres formés – malgré une légère augmentation du numérus clausus – ne parviennent pas à remplacer les départs à la retraite et surtout, ils préfèrent le relatif confort d’un hôpital (35 h obligent) où ils seront salariés de l’administration, aux aléas d’un cabinet libéral où il faut conquérir et garder une clientèle et quelquefois se lever la nuit.

    L’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) a déposé une pétition signée par 130.000 personnes auprès du ministère de la Santé. Résout-on un problème de vocation et d’esprit de service avec une pétition ?

    Aux États-Unis aussi on ne se pressait pas dans les amphithéâtres de pédiatrie. On a pris le problème à bras le corps, on a favorisé les recrutements et suscité les « vocations » : on compte passer de un pédiatre pour 2000 enfants il y a dix ans à un pour 1400 en 2020.

    Chez nous, d’après Le Dr Catherine Salinier, présidente de l’Afpa, on ne forme que 275 pédiatres par an, alors qu’il en faudrait 600 pour garder simplement le chiffre actuel !  Si on se laissait aller à un petit calcul irréaliste, il faudrait donc en former 4800 pour rejoindre l’Italie, pourtant moins peuplée que nous et dont le taux de natalité est moindre.

    Personne ne voulant s’installer dans des hôpitaux de taille moyenne, le président de la Société française de pédiatrie, Alain Chantepie, cite les hôpitaux de Châteauroux, Bourges ou Vannes qui n’ont plus de pédiatres ! Il déplore de « véritables déserts pédiatriques » et des inégalités terribles sur le territoire car nos jeunes « hommes en blanc » préfèrent à 80% les charmes des grandes agglomérations : public et libéral, là aussi, fraternellement confondus.

    90 % des pédiatres sont des femmes et ils/elles sont environ 2,5 fois plus nombreux à exercer dans les hôpitaux qu’en cabinet ! Fonctionnarisation des « vocations » inverse à celle de la Grande-Bretagne, où la spécialité est en train de sortir des hôpitaux où elle se cantonnait jusqu’à présent. Le contraire de l’Italie et de l’Espagne, qui ne connaissent que la pédiatrie de ville.

    Une large part du problème consiste à bien repositionner les rôles respectifs du pédiatre de ville, du généraliste et, secondairement, de l’hôpital. Le pédiatre apparaissant désormais, d’après Catherine Salinier, comme « celui qui peut le mieux appréhender les vulnérabilités nouvelles des enfants« , les infections étant généralement traitées par le généraliste avec succès. Le pédiatre serait mieux formé pour « dépister des problèmes de développement ou des troubles scolaires voire des dépressions. Le temps d’hospitalisation étant de plus en plus court….le pédiatre de ville est bien placé pour favoriser l’insertion de l’enfant dans son milieu de vie« .

    On ne peut s’empêcher alors de se poser la question du positionnement pédiatre/psychologue après avoir résolu celui du généraliste/pédiatre, nous semble-t-il.

    La Société française de pédiatrie voudrait renverser la tendance en prenant deux mesures : une formation à cinq ans au lieu de quatre et la mise en pace de stages d’internes auprès de pédiatres libéraux.

    Ce qui est bien le moins si on veut ranimer des vocations chancelantes.

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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