Devant l’augmentation permanente de maladies liées au dérèglement du système hormonal, le Parlement se mobilise et entend faire la chasse aux perturbateurs endocriniens particulièrement visés dans le rapport du sénateur Gilbert Barbier présenté au nom de l’Office parlementaire dévaluation des choix scientifiques et technologies (OPECST).
D’abord un bilan
Un taux de croissance inquiétant de certains cancers ou de problèmes de fertilité, en rapport avec le fonctionnement d’un système hormonal déséquilibré par les perturbateurs endocriniens.
Le rapport estime que l’augmentation des cancers se situe entre 35 chez les hommes et 43% chez les femmes depuis 1980 (source : Inserm).
Multiplication par 4 des cancers de la prostate depuis 1975 ! Augmentation de 2.5% du cancer des testicules depuis 1980 et multiplication par 2 des cancers du sein depuis 1980.
Du côté de la fertilité c’est une vraie Bérézina si on ne prend pas des mesures drastiques car on constate à la fois la baisse de 50% du nombre de spermatozoïdes et une augmentation des malformations génitales chez l’homme.
Bref un lent suicide de notre société grâce à la chimie toute puissante ?
Les agresseurs suspectés
Le rapport les définit clairement : DDT, PCB, peintures à base de TBT, objets de plusieurs études, ont un clair impact sur les animaux sauvages. Il n’est pas absurde alors d’établir des correspondances avec des produits comme le Distilbène ou la chlordécone.
Sont aussi clairement identifiées les pollutions provoquées par des stations d’épuration (qui portent mal leur nom) sur certaines rivières où « des pourcentages importants de poissons [peuvent] être victimes d’intersexualité« .
Sans oublier les hôpitaux, grands pollueurs chimiques eux aussi, d’autant que – précise le rapport – » Les médicaments [sont, par ailleurs] les seules substances chimiques à ne pas être réellement soumises à une évaluation de leurs conséquences environnementales« .
Quant au Bisphénol A ou les phtalates, leur nocivité a été clairement démontrée chez les rongeurs.
Le principe de la « DJA » mis à mal.
Les études sur lesquelles ce rapport est établi remettent sévèrement en cause la notion de DJA sur laquelle la réglementation concernant l’exposition aux produits chimiques est construite. On ne pourra plus parler désormais de « dose journalière acceptable » car les effets nocifs sont constatés à faible dose, « le perturbateur agissant comme une clef dans une serrure« , indique le rapport. De même que, inversement, la perturbation peut être forte à faible dose et faible à forte dose. (Mais l’homéopathie, tellement rayées par les chimistes et pharmacologues scientistes, n’avait-elle pas déjà parfaitement établi ce double principe ?)
Le rapport n’omet pas non plus de mentionner les effets de synergie ou de potentialisation déclenchés par l’association de plusieurs substances.
Autre grave préoccupation grave de conséquence pour l’avenir de cette fameuse DJA : la période d’exposition au cours de l’existence et qui fait que la vie intra-utérine notamment, est particulièrement sensible à ces poisons : « Ce n’est alors plus la dose qui fait le poison mais le moment« , précise clairement le rapport.
Terminons ce panorama catastrophique par l’évocation d’effets transgénérationnels démontrés : l’enfant ou l’adulte pourraient très bien être victimes de maladies à retardement, induites par une exposition fœtale aux merveilles de la chimie moderne.
Quelles mesures prendre rapidement ?
Le rapport préconise trois impératifs : savoir, prévenir, agir.
- SAVOIR
D’abord renforcer la recherche et améliorer sa coordination.
– Du côté de l’Europe où un rapport scientifique a été demandé au Professeur Kortenkamp, pour l’automne 2011.
– En France, où l’Anses doit remettre également un rapport sur la question. Le but prioritaire étant de définir « des tests reconnus internationalement pour identifier les perturbateurs endocriniens« .
- PREVENIR
– limiter l’usage des substances incriminées
– en tenant compte de leur rôle de perturbateurs endocriniens potentiel
– en réduisant leurs rejets dans l’environnement.
– bien appliquer les plans PCB et Echophyto 2018 est important, souligne le rapport
– ne pas négliger le problème grave des résidus médicamenteux dans l’eau.
– réduire l’exposition périnatale, en infirmant les consommateurs et en apposant un pictogramme similaire à celui présent sur les bouteilles d’alcool pour indiquer sans ambiguïté aux femmes enceintes ou allaitantes un risque élevé de perturbation endocrinienne.
- AGIR
Le rapport envisage des mesures d’interdiction dans le cadre de la réglementation en vigueur et demande » l’accélération du retrait des phtalates à chaîne courte dans les applications médicales à destination des femmes enceintes et jeunes enfants« .
Il est évident pour nous à Primum-Non-Nocere que le rapport va dans la bonne direction mais on est déçus sur la faiblesse des préconisations : « accélérer le retrait des phtalates…. » !
Le feu est dans la maison : les chiffres sur les cancers et l’infertilité parlent d’eux-mêmes. On n’a jamais vu qu’on puisse arrêter un incendie avec un verre d’eau.
Le principe de précaution inscrit dans notre Constitution doit être radicalement appliqué et toutes les substances incriminées – qu’elles soient à haute ou faible dose – doivent être interdites dans les plus brefs délais.
Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere
Voir les commentaires