Une étude du National Institute of Environmental Health Science (NIEHS), publiée le 2 mars dans Environmental Health Perspectives, nous confirme la présence de substances agissant comme des œstrogènes dans la plupart des résines étudiées à cette occasion. Comme quoi, nous ne devons pas nous contenter de faire la chasse (avec succès) au seul Bisphénol A (BPA). D’autres molécules toxiques sont « relarguées » par les plastiques.
Les auteurs de l’étude avaient procédé en sélectionnant les matériaux les plus couramment utilisés par les consommateurs, soit pour stocker les aliments, soit entrant directement en contact avec eux. L’énumération est aisée : boîtes en plastique, verres, assiettes, biberons, films alimentaires, et nous en passons.. La sélection faite, des échantillons de plastique ont été réduits en petits morceaux et mis à macérer dans un mélange de solution salée et de solvant.
Il est établi que les ondes du four à micro-onde, les radiations UV et les températures élevées agressent bouilloires, cafetières, cannettes sans oublier les biberons, soumis eux aussi à de fortes chaleurs dans les réchauffe-biberons. Restait à accélérer ces attaques répétées par à une attaque chimique pour étudier les réactions. Ce qu’a fait le NIEHS. Avec des résultats édifiants.
« Sur 455 échantillons analysés, 71% des plastiques libèrent des substances agissant comme des œstrogènes quand l’attaque est réalisée soit à l’aide d’un solvant (éthanol), soit à l’aide d’une solution salée et quel que soit le type de résine, le type de produit ou le fabriquant du matériau. En utilisant une méthode d’extraction mélangeant la solution salée et l’éthanol, le pourcentage est encore plus élevé: 92% des échantillons libèrent des molécules à activité oestrogénique. Lorsque les échantillons sont soumis au même protocole mais après avoir été exposés aux facteurs naturels (rayons, UV, micro-ondes ou forte chaleur humide) le résultat est encore plus net: 95% des plastiques libèrent ces substances », nous apprend l’étude.
Mais les responsables de l’étude ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont donc soumis les biberons étiquetés sans BPA à leurs attaques chimiques. Savez-vous quoi ? Ces biberons qui ne contiennent pas de BPA libèrent quand même des molécules actives. Et quelquefois plus que ceux qui en contiennent !
Malheureusement, les perturbateurs endocriniens à l’origine du signal oestrogénique ne sont pas tous identifiés. Seuls « cinq molécules différentes, cinq perturbateurs endocriniens ont été détectés dans les plastiques analysés. [Ce qui confirme] qu’il ne faut pas se limiter à rechercher le bisphénol A dans les plastiques» affirme François Veillerette porte-parole de Générations Futures (ex MDRGF).
Recommandations des chercheurs à ce stade de l’étude : éviter de chauffer les biberons au four à micro-onde ou de les passer au lave-vaisselle ainsi que d’utiliser des plastiques rayés ou abimés.
Conclusion optimiste de l’étude : il est « plutôt rassurant qu’il existe des plastiques sans activité oestrogénique. Ce sont ces plastiques là qu’il faut privilégier».
On ne saurait mieux dire.
Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere
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