Le DINP aussi dangereux que le DEHP. A quand un indice de substitution garantissant l’innocuité des composants ?

    DNIPVoici une nouvelle étude – suédoise – qui, en confirmant la nocivité des phtalates, met aussi en cause leurs remplaçants dans l’industrie chimique : les DINP.

    Rappel : les phthalates sont utilisés comme plastifiant dans le PVC et dans un nombre important de produits de consommation. Leur nocivité ayant été établie, des industriels ont pensé utiliser le DINP (di-isononyl phthalate) en tant que produit de remplacement du DEHP (diethyl hexyl ph) dans les PVC souples.
    L’objectif de l’étude menée en Suède et intitulée « Prenatal Phthalate Exposures and Anogenital Distance in Swedish Boys » dont nous avons traduit pour vous les éléments principaux, était donc d’examiner l’association entre l’exposition aux phthalates pendant la période prénatale et l’AGD, chez les enfants suédois.
    En effet il est établi qu’une AGD plus courte chez l’homme est corrélative d’un côté à des anomalies survenues dans la constitution des parties génitales des enfants avec, pour conséquence logique, des problèmes qui apparaîtront plus tard dans la fonction de reproduction chez l’homme adulte. Or, cet enchaînement de difficultés pourrait être dû, justement, à l’augmentation globale du taux de DINP chez l’humain.

    En conclusion, l’étude souligne que l’utilisation du DINP dans les PVC souples étant en augmentation constante, les données enregistrées montrent une augmentation rapide du taux de ses métabolites. Or, ce substitut aux phtalates pourrait être aussi dangereux que ce dernier car il a été établi que le DINP était en lien direct avec la réduction de la distance anogénitale chez les enfants de 21 mois. Or l’AGD est relié aux problèmes génitaux à la naissance et à la fonction altérée de la reproduction de l’homme adulte.
    Ainsi, nos appréhensions concernant la substitution du DINP aux DEHP se trouvent parfaitement justifiées.

    De plus, cette étude vient justifier les multiples tentatives d’alerter le monde de la santé sur la dangerosité – avérée ou pressentie – de ces substances chimiques et sur la mise en place indispensable d’un Indice de Substition.

    Ainsi écrivions nous dans une lettre adressée à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en date du 28 juillet 2011 : «[….] Depuis 2007, le C2DS travaille sur le dossier des phtalates, substances très largement présentes dans les établissements hospitaliers via les équipements en plastique PVC notamment. La toxicité de plusieurs phtalates est aujourd’hui reconnue. Nous en voulons pour preuve la colossale littérature scientifique produite depuis plusieurs décennies et l’application de ces connaissances notamment avec la directive sur les jouets et articles de puériculture. Au C2DS, nous considérons que le secteur hospitalier se doit d’être exemplaire concernant l’évitement des substances classées CMR. »

    En janvier de la même année avait été publiée par le Toxics Use Reduction Institute (TURI) – University of Massachusetts Lowell « Five Chemicals, Alternatives Assessment Study. University of Massachussets Lowell, June 2006 “ que nous avions repris sous le titre : ANNEXE – Les phtalates et leurs alternatives – Échelle de dangerosité des substances chimiques.

    Le 4 août 2011, nous récidivions en attirant de nouveau l’attention M. Dominique GOMBERT Directeur de l’Evaluation des Risques à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, avec copie à M. Christophe ROUSSELLE, ANSES (par courriel) sur cet « Indice de dangerosité des substituts des phtalates ».
    Ainsi écrivions-nous : « […..] Nous nous permettons aujourd’hui de revenir vers vous dans un double objectif. Tout d’abord nous souhaiterions connaître l’état d’avancement de cette expertise et les échéances auxquelles celle-ci est soumise.
    Au vu des moyens scientifiques dont dispose l’ANSES, accepteriez-vous, dans un second temps, de soutenir un programme visant à développer un indice de dangerosité des substances chimiques substituts des phtalates et des matériaux alternatifs ? En outre, nous tenons à vous informer que nous avons également sollicité l’AFSSAPS pour soutenir la démarche de mise au point d’un indice de dangerosité des substituts des phtalates……… »

    Enfin le 28/11/2013 André Cicolella, Président du Réseau Environnement Santé, Didier Lambert, Président d’Entraide aux malades de la myofasciite à macrophages, André Lefranc, Président de Non Au Mercure Dentaire, Madeleine Madoré, Présidente du Lien, et moi même en tant que Président du Comité pour le développement durable en santé, écrivions à Geoffrey BEGON Directeur Général de l’ANSM pour solliciter un entretien destiné à attirer son attention sur la sécurité des patients. Copie de cette demande étant adressée à : M. Benoît Vallet, Directeur Général de la Santé et à Mme Catherine Choma, Sous-directrice de la politique des pratiques et des produits de santé à la DGS

    Motivée par la plainte déposée par Marie-Océane Bourguignon contre Sanofi-Pasteur et contre l’ANSM [qui jetait] une ombre sur [la] « semaine de la sécurité du patient », nous observions : « [Cette plainte] se fait comme un écho obsédant des multiples scandales médicaux évitables de ces dernières années. Elle nous appelle surtout à agir sans délai, et avec une absolue résolution ». Concernant le sujet qui nous occupe aujourd’hui, nous précisions : «[….] Il s’ensuit que l’Agence n’a pris aucune position sur des sujets aussi graves que les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques ; les phtalates ou le bisphénol A dans les dispositifs médicaux….. »

    L’étude qui nous parvient de Suède justifie pleinement notre insistance à dénoncer les phtalates et leurs substituts, mais elle nous force à constater amèrement que nous sommes revenus à la case départ car les solutions mises en œuvre pour pallier la nocivité des phtalates sont parfaitement illusoires. Et le resteront tant qu’un Indice de Substitution fiable ne sera pas mis en place.
    Quand des mesures véritables seront-elles prises pour protéger les patients – et particulièrement les enfants – de ces substances dangereuses ?

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERENumero sisal

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