Le rapport alarmant de l’Anses sur la Qualité de l’Air Intérieur.

    © Copyright 2011 CorbisCorporationL’Anses vient de publier – juillet 2013 – une volumineuse « Edition scientifique » consacrée aux « Concentrations de CO2 dans l’air intérieur et effets sur la santé » étude qui lui avait été demandée conjointement par la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et la Direction générale de la santé (DGS) :

    Ce travail consistait à établir :

    une évaluation de la pertinence de construire une valeur guide de qualité d’air intérieur (VGAI) pour le dioxyde de carbone (CO2) selon la méthode proposée par l’Anses ;

    – une détermination, sous réserve de faisabilité, de valeur(s) de concentration en CO2 dans l’air intérieur en tant qu’indicateur d’effets sanitaires, pour différents types de locaux : logements, hébergements collectifs comme les centres de vacances, structures d’accueil de personnes âgées, et autres établissements recevant du public ;

    – une identification des éventuelles corrélations entre le CO2 et d’autres polluants de l’air intérieur en considérant les concentrations et les effets sanitaires des autres polluants.

    Le contexte scientifique de cette étude est présenté de la manière suivante :

     » Le CO2 est une molécule endogène produite par la respiration. Sa concentration dans l’air intérieur des bâtiments est habituellement comprise entre 350 et 2500 ppm environ. Elle est liée à l’occupation humaine et au renouvellement d’air.

    La concentration en CO2 dans l’air intérieur est l’un des critères qui fondent la réglementation en matière d’aération des locaux. Le titre III des Règlements sanitaires départementaux (RSD) fixe ainsi, pour les bâtiments non résidentiels, un seuil en CO2 de 1000 ppm dans des conditions normales d’occupation, avec une tolérance à 1300 ppm dans les locaux où il est interdit de fumer, sans fondement sanitaire explicite de ces deux valeurs.

    Le décret du 5 janvier 2012 relatif à l’évaluation des moyens d’aération et à la mesure des polluants réalisées au titre de la surveillance de la qualité de l’air intérieur de certains établissements recevant du public, prévoit le calcul d’un indice de confinement à partir d’une mesure en continu de la concentration de CO2 dans l’air (indice ICONE). Plus généralement, la concentration en CO2 est, avec le taux d’humidité, l’un des paramètres des modélisations qui ont conduit à définir les valeurs de débits de ventilation ou de dimensionnement réglementaires, tant pour les logements 1 que pour les bâtiments non résidentiels 2 « 

    Dans ses conclusions de la première partie du rapport, qui nous intéressent plus particulièrement ici, nous pouvons lire que :

    Le CO2 dont on étudie les effets depuis plus d’un siècle est un gaz asphyxiant dans le cas de très fortes concentrations – voisines de 20% – et qu’il est la cause de nombreuses circonstances d’intoxications et de surexpositions professionnelles (comparativement à l’air intérieur) :

     » sous-marins, aérospatial, aéronefs, altitude, manipulation de carboglace, gaz de combustion, port de masques, préservation de l’alimentation et des végétaux « 

    Le rapport constate d’autre part que  » les concentrations d’exposition étudiées sont supérieures aux valeurs limites réglementaire ou normative de qualité du renouvellement d’air dans les bâtiments scolaires, les bâtiments résidentiels et les bureaux, en France et au niveau international (usuellement entre 0,1 à 0,15%). Elles sont également supérieures aux concentrations habituellement mesurées dans ces environnements intérieurs (entre 0,035 et 0,25 % environ). »

    Et il précise :  » les premiers effets toxiques du CO2 apparaissent très rapidement et sont principalement une acidose respiratoire (baisse du pH sanguin) et une altération des fonctions respiratoire, cardiaque et du système nerveux central. Ces effets sont réversibles après l’arrêt de l’exposition et, pour les plus faibles concentrations, constituent des mécanismes régulateurs décrits. Ils sont par ailleurs sensibles à de nombreux facteurs physiologiques : âge du sujet, état cardiovasculaire, état respiratoire, etc.

    Pour une exposition aiguë, considérant les concentrations les plus faibles auxquelles

    des effets sont observés :

    ● à partir de 1% (10000 ppm) environ, les effets d’une augmentation de la pression de CO2 dans le sang artériel apparaissent immédiatement sur la fonction respiratoire.

    Une acidose respiratoire est observée à cette concentration pour une exposition de 30 minutes chez des individus avec une charge physique modérée ;

    ● à 4%, la fréquence respiratoire s’accélère et la respiration peut devenir pénible chez

    certains sujets ;

    ● à partir de 5%, s’y ajoutent des céphalées, une sensation de vertige, et les premiers

    effets cardiovasculaires et vasomoteurs (augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, vasodilatation périphérique). Une inflammation pulmonaire a récemment été montrée à cette concentration pour une exposition d’1 heure.

    Pour une exposition chronique ou prolongée, considérant les concentrations les plus

    faibles auxquelles des effets sont observés :

    ● à partir de 0,1% (1000 ppm) pour une exposition de quelques heures répétées sur une journée, un effet sur la performance psychomotrice (prise de décision, résolution de problèmes) est suspecté. Ce niveau est inférieur au niveau critique généralement considéré de 1% auquel l’acidose respiratoire apparait ;

    ● à partir de 1%, on note une légère augmentation de la pression de CO2

    artérielle ainsi que de la pression partielle en oxygène en raison d’une hyperventilation. Une tolérance a été observée lors d’expositions prolongées, se manifestant par une amplification de l’efficacité respiratoire ;

    ● à 1-2%, la majorité des études rapporte des effets faibles à modérés : altération de la vision à 1% et maux de tête signalés les premiers jours d’exposition supérieure à 2%.

    Selon des résultats d’une étude rapportés, une exposition de 0,1% de CO2 avait produit des sensations de pression intracrânienne et des maux de tête chez des personnes sensibles restant dans une pièce fermée et artificiellement conditionnée.  »

    Ce rapport ne peut que conforter les 10 Propositions que nous faisions dans notre précédent article du 12 août 2013 et intitulé :   » La Qualité de l’Air Intérieur dans les Etablissements Publics exige des mesures rapides et impératives  » auquel nous vous renvoyons.

    Les mesures proposées sont d’autant plus urgentes à adopter qu’il existe certains lieux de santé présentant une concentration en COV pouvant atteindre 10 fois les limites d’exposition pour la santé humaine.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

     

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