L’économie bleue une chance pour l’avenir de la santé en France

    L'économie bleue une chance pour l'avenir de la santé en FranceEt si les solutions pour assurer la survie de l’humanité sans avoir à revenir à l’âge de pierre pour échapper aux dérives de la techno-science que nous déplorons à longueur de blog, se trouvaient dans la nature elle même ? C’est l’idée qui semble habiter Stéphane Violet et son équipe biorobotique de l’Institut des sciences du mouvement à Marseille lorsqu’ils mettent au point – avec  le conseil de biologistes – des drones autonomes de nouvelle génération. C’est ainsi que l’équipe vient de faire  breveter un système optique en s’inspirant des yeux des mouches et des abeilles. Ce système, très bon marché, pourra servir à détecter les obstacles dans les automobiles du futur.

    Un autre exemple de produits « bio-inspirés » nous est donné par l’observation des feuilles de lotus, superhydrophobes et autonettoyantes – elles ne donnent prise qu’à 2% de la surface des gouttes d’eau ! Un fabricant allemand en a conçu une gamme de peintures dites « à effet lotus » parce que capable de nettoyer les façades. Il s’agit d’associer la dite peinture à un revêtement contenant du dioxyde de titane, capable de désagréger les impuretés sous l’effet du rayonnement ultraviolet de la lumière diurne, ce qui permet à la peinture d’utiliser la rosée du matin pour laver la surface. Plus besoin de karcher ? Peut-être. En tout cas la CPAM du Dunkerque et le Centre Hospitalier de Marbourg en Allemagne sont très satisfaits du procédé. Cependant, dans ce cas précis nous ne partagerons pas l’enthousiasme des concepteurs et utilisateurs car le dioxyde de titane est une substance CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique) sous sa forme nanoparticulaire et il vaut mieux, dans tous les cas, en éviter l’utilisation. Tant qu’à en revenir à une pure mise en œuvre de la physique, autant renoncer totalement à une chimie mortifère.

    On vous passe toutes les autres applications qui ont vu le  jour à partir de l’observation des stratégies mises au point par la nature pour s’adapter : cela va de la grande vitesse ferroviaire (on s’inspire du bec très effilé du martin-pêcheur qui se joue de la résistance de l’eau quand il plonge,  pour limiter les effets de pression à l’entrée des tunnels) au bruit des roues sur le rail dont on a pu diminuer la nuisance en imitant les dentelures des plumes du hibou !

    D’où l’apparition d’un nouveau concept : celui « ‘économie bleue« …et non, il ne s’agit pas d’économie verte !

    C’est le fondateur du Zero Emissions Reasearch and Initiatives (Zeri) Gunter Pauli (nous ne savons s’il est un descendant de von Pauli qui fut un des fondateurs de la physique quantique et qui travailla longuement avec C.G Jung) qui nous en donne la définition : « Nous devons évoluer dans notre recherche de durabilité et instaurer une « économie bleue » s’appuyant sur une nouvelle génération d’entrepreneurs qui n’utilisent pas plus que ce qui est disponible [….] Les écosystèmes fournissent des principes conceptuels pragmatiques pour cette nouvelle économie » affirme-t-il.

    Mais c’est une biologiste américaine, Janine Benyus, qui a eu l’idée de s’inspirer du vivant comme stratégie d’innovation durable à la fin des années 90. Sa méthode consiste à inciter ingénieurs  et biologistes à coopérer pour que les seconds aident les premiers à penser leurs démarches technologiques en termes biologiques. Et elle a créé il y a cinq ans une base de données (Ask Nature) qui permet d’interroger à la source les stratégies du vivant. Proposée en open source, cette base de données détaille plus de 1500 stratégies naturelles.

    On perçoit la différence entre « économie verte » et ‘économie bleue » : la première tente de préserver ou de réparer la nature des atteintes que lui ont infligé les délires d’une techno-science toute puissante et sensée apporter le bonheur à l’humanité….en polluant et ruinant son habitat naturel.

    La seconde, elle, va plus loin puisqu’elle recherche ses modèles de croissance et d’innovation dans l’observation des stratégies du vivant elles mêmes.

    Ce en quoi, à notre avis, elle en fait qu’actualiser une intuition fondamentale du grand humaniste et savant Francis Bacon (1561-1626) lorsqu’il affirmait : » on ne commande à la nature qu’en lui obéissant « .

    Pour en revenir à Gunter Pauli et à son initiative structurée par le Zéri, voici quelques unes des idées clés qu’il a délivrées au cours d’une récente interview.

    Se focaliser sur la réduction des coûts de réalisation ne donne plus de perspectives [voilà une idée dont notre gouvernement devrait s’inspirer, notamment en matière de santé] alors que les écosystèmes qui pourraient nous servir de modèles sont organisés en système ouvert et ne préjugent de rien. La nature se soumet aux seules lois de la  physique, parfaitement prévisibles, et n’utilisent que les forces à leur disposition. Alors que nos grandes entreprises, dédaignant la physique, se sont rendues dépendantes de la chimie et de la génétique, polluantes en ce qui concerne la chimie, coûteuses en ce qui concerne la génétique. C’est un mauvais choix.

    Ainsi pourrait-on développer l’utilisation de la gravité pour alimenter les pompes qui, dans l’industrie, dévorent environ 10% de l’énergie consommée.

    Autre exemple : le vortex. Son mouvement tourbillonnaire permettrait de mélanger les substances d’une cuve de 10000 libres en trois minutes, alors qu’il en faut 45 avec les systèmes traditionnels.

    On pourrait encore supprimer les batteries dans les téléphones portable – cela se fait déjà – en prélevant l’énergie sur les différences de température entre le corps humain et l’appareil et en y adjoignant le courant produit par la pression de notre voix !

    Comme on le voit : que de la physique dans ces procédés et pas une once de chimie ou d’énergie non renouvelable consommée pour faire fonctionner ces systèmes !  Mais, toute proportion gardée, n’est-ce pas ainsi que fonctionnent les fontaines de Versailles depuis trois siècles ?

    Cet ingénieur est tellement sûr de son programme qu’il pense pouvoir stimuler la création de 100 millions d’emplois en dix ans ! Déjà, plus de 1000 entreprises se sont crées à travers la monde sur la base de ces principes « d’économie bleue« .

    Notamment en Amérique latine et en Asie où une centaine d’entrepreneurs et de gouvernements locaux ont pris des initiatives pour échapper à la globalisation.

    L’Europe serait en train de suivre. Ainsi en est-il aux Canaries où un investissement de 64 millions d’euros a permis aux 10.000 habitants de l’île d’El Hierro de renoncer au gasoil et d’assurer leur autosuffisance alimentaire. De même, Gunter Pauli a-t-il proposé une vingtaine de projets qui pourraient générer des emplois fort bienvenus dans la province du Limbourg en Flandres où 15000 personnes ont perdu le leur suite à la fermeture de Fort et de Dow.

    Pour notre part à Primum-Non-Nocere, nous considérons le concept « d’économie bleue » et les initiatives qui en découlent avec beaucoup d’intérêt et d’espoir car, ainsi que nous l’avons longuement développé dans notre ouvrage « Hippocrate, au secours !.. » nous pensons qu’une bonne part de nos difficultés –  notamment dans la domaine de la santé – est liée à l’absence d’un grand projet national structuré autour de la recherche et développement. Projet qui pourrait déboucher sur la création d’une structure reprenant à son compte, avec l’autorité et les budgets nécessaires, les recherches dans ce type de domaine pour les expérimenter et les mutualiser après qu’ils aient été validés.

    Nous pensons qu’il y aurait là à la fois matière à innovations exaltantes pour l’avenir de la médecine en France, mais aussi source considérable d’emplois.

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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