L’économie canadienne a du mal à résister à la résistance aux antimicrobiens : un comble !

    L’économie canadienne a du mal à résister à la résistance aux antimicrobiens : un comble !

    Les calculs sont faits : la résistance aux antimicrobiens absorbe actuellement 26% du PIB. Soient 13 milliards de perte d’ici 2050 si le pourcentage est maintenu.

    Mais on passera à 21 milliards si on atteint les 40% du PIB.

    C’est le constat établi dans le dernier rapport du Conseil des académies canadiennes.

    Ces chiffres sont considérables et, par comparaison, équivalent au tiers de l’économie de l’Île-du-Prince-Édouard ou à la valeur du secteur canadien de la fabrication des véhicules à moteur. Conséquence : environ 50 % de cette baisse de l’activité économique a été constatée dans les secteurs les plus intenses en main-d’œuvre : récréation et culture, transport et services publics.

    Et la baisse de l’économie canadienne atteindra  0,7 % en 2050 si la résistance reste au taux actuel. Soit l’équivalent  du secteur de l’extraction des sables bitumineux. Avec 40 % d’ici à 2050, le PIB du Canada perdra environ 388 milliards.

    Autre chiffre : on calcule qu’en 2018, la RAM a réduit l’offre de main-d’œuvre effective au Canada d’environ 9000 années-personnes d’emploi.

     Qu’est-ce que la RAM ?

    L’économie canadienne a du mal à résister à la résistance aux antimicrobiens : un comble !Une définition très simple : processus naturel attribuable à l’aptitude innée des pathogènes à s’adapter aux antimicrobiens. Peut être favorisée par d’autres facteurs, dont l’utilisation inadéquate des antimicrobiens, les mutations émergentes et la colonisation, explique le rapport académique dont les auteurs ont calculé que les infections bactériennes résistantes ont été responsables du décès de plus de 14 000 personnes au Canada en 2018, soit environ 1 décès sur 19. Du nombre, 5400 patients ne seraient pas décédés si leur infection avait été sensible aux antimicrobiens de première ligne.

    Des  chiffres.

    • Coûts des effets cumulés liés à la RAM : 1,4 milliard en 2018,
    • On passera à 120 Mds cumulés si le taux atteint 40 % d’ici à 2050.
    • 6 à 8 Mds d’augmentation des coûts de santé au Canada si la RAM demeure constante ou atteint 40%
    • 0,9 à 1,6 % des dépenses de santé en 2050 au lieu de 0,6% aujourd’hui si la RAM atteignait 40%.

    Le Canada n’est pas seul affronté au problème.

    L’économie canadienne a du mal à résister à la résistance aux antimicrobiens : un comble !Une étude officielle a établir qu’une bactérie multirésistante aux antibiotiques, a fait plus de 2000 victimes en Europe en 2015. Elle a été classée par l’OMS parmi les 12 bactéries contre lesquelles il est urgent de trouver de nouveaux antibiotiques.

    Cette bactérie dotée du nom gracieux de  Klebsiella pneumoniae a tué 2094 personnes en Europe en 2015 contre 341 en 2007. Soient quasiment 7 fois plus en 8 ans par l’effet d’une RAM de plus en plus répandue en Europe liées à des infections nosocomiales contre lesquelles les médicaments ne peuvent rien.

    Signalons qu’en France 13 patients avaient subi les attaques d’une Klebsiella pneumoniae en 2011. à Massy (Essonne). Et, en septembre 2018, six nouveau-nés sont décédés pour les mêmes raisons dans un hôpital du sud de Johannesburg (Afrique du Sud).

     Bien sûr les chercheurs ne restent pas les bras croisés et des chercheurs ont réussi à séquencer l’ADN de 1700 échantillons de Klebsilla pneumoniae provenant de 244 hôpitaux situés dans 32 pays européens pour déterminer par quels mécanismes ces différentes souches résistent aux antibiotiques et pour retracer leur arbre généalogique.

    Certes le risque de transmission hors hôpital est faible et tout l’effort doit donc porter sur la protection des patients pendant leur séjour hospitalier. Particulièrement  visés : l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Et la Turquie au Moyen-Orient.

    Pour le moment les affections nosocomiales ne cessent d’augmenter et on ne sait pas encore comment juguler cette véritable épidémie.

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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