L’épée de Damoclès du personnel hospitalier : L’Air Intérieur

    L'épée de Damoclès du personnel hospitalier : L'Air Intérieur L’excellente revue professionnelle HOSPIMEDIA consacre son numéro du 25.10.2011 au problème préoccupant des substances toxiques au contact desquelles les agents hospitaliers sont soumis et qui « reste trop souvent minoré par les pouvoirs publics ». Et elle en appelle à  » un éveil des consciences….[à] une refonte des stratégies architecturales et des politiques d’achats« .

    Elle précise que « l’hôpital s’avère, avec la crèche, l’un des deux espaces publics où la qualité de l’air intérieur est la plus mauvaise. Renforcement de la lutte contre les infections nosocomiales oblige, le personnel hospitalier, tant soignant que technique et d’entretien, se retrouve quotidiennement exposé à nombre de substances toxiques présentes dans les agents désinfectants et nettoyants« .

     

    Citant Olivier TOMA, fondateur et directeur de Primum-Non-Nocere, qui évoquait une « dangereuse inconscience chimique« , elle rappelle que seules deux expositions sont à l’inverse quelque peu surestimées : les gants en latex (+9,4%) et les sprays (+4,1%). Et, toujours reprenant ses propos, elle déplore que « proche de zéro, le degré de sensibilisation des agents traduit une profonde résignation face au risque qu’ils encourent au contact de ces substances toxiques…… situation renforcée par l’absence de mainmise dont ils disposent en amont sur l’achat de ces produits, géré de plus en plus souvent en externe via des centrales d’achat »

    Tout le reste de l’article ne peut qu’être reproduit in extenso car, entièrement fidèle à l’esprit et à la lettre du rapport qui avait alerté Olivier TOMA et auquel il avait donné un large écho (mais dont il n’était pas l’auteur) il serait difficile d’en changer quoi que ce soit.

     Rendre visible un risque invisible

     « Fin 2010, à la suite d’une première campagne de mesures du taux de Composés organiques volatiles (COV) dans une dizaine d’établissements hospitalier, un plan d’action a été initié, sous l’égide de l’agence de conseil, tant sur les achats, la conception du bâtiment que les produits d’entretien. Une formation du personnel au risque chimique, pointant clairement leur risque pour la santé (asthme, cancer…)*, a également été menée, tout comme la nécessité, quotidienne, de disposer d’équipements de protection tels gants, masques et lunettes. La lecture des Fiches de données de sécurité (FDS), qui précisent les modalités de stockage, d’utilisation et de traitement en fin de vie des produits utilisés à l’hôpital, est ainsi poussée de l’avant. Une deuxième série de prélèvements est actuellement menée. Il s’agit avant tout de « rendre visible un risque invisible », souligne Olivier Toma. Comme l’ont montré ses récents travaux, une quantité importante de chambres ne disposent pas de système de traitement de l’air en dehors de la seule salle de bain. Et quand ils existent, ils sont le plus souvent en panne ou sous-dimensionnés. De même, de nombreux services disposent de produits non bouchonnés ou à l’ouverture inadaptée, engendrant des transvasements permanents et, de fait, une évaporation continue des vapeurs toxiques.

     Aucune obligation de mesurer les COV avant 2022

     À entendre le responsable de Primum Non Nocere, tous les services hospitaliers sont exposés aux COV, seul les blocs opératoires l’étant dans une moindre mesure. Et l' »inconscience chimique » du personnel n’est pas ici seule en cause. Olivier Toma pointe avant tout l’absence de stratégie architecturale hospitalière sur le sujet, aboutissant à privilégier encore aujourd’hui des matériaux fortement émissifs. Pour autant, peintures et mobiliers sont étiquetés en taux de COV, des portes coupe-feu sans formaldéhyde existe également, tout comme des procédés vapeur en produits d’entretien. « Cela implique une politique d’achat extrêmement rigoureuse qui n’est pas plus chère au départ, ajoute l’intéressé. En travaillant en amont sur l’extraction de l’air, cela permet d’éviter des erreurs stratégiques qui auront un impact économique, écologique et sanitaire. » Toutefois, passées les belles intentions du Grenelle de l’environnement, les décrets d’application qui résultent aujourd’hui des débats douchent plus d’un optimisme. « Les hôpitaux ne seront obligé de mesurer leur taux de COV qu’en 2022 ! Nous sommes pourtant au même niveau d’exposition et sur la même problématique que l’amiante. Mais il existe une quantité de lobbies qui s’investissent pour reculer les échéances », déplore le responsable.

    Nous n’avons rien à rajouter à ce compte-rendu et nous tenons à remercier vivement Thomas Quéguiner qui l’a signé.

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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