Les eaux françaises : un cocktail de substances chimiques

    eauxL’Ineris nous le confirme : la pollution des eaux est générale, certains contaminants «émergents» sont déjà présents partout.
    C’est une étude qui a duré douze mois et qui a porté sur des échantillons d’eau – superficielle et souterraine – prélevés sur tout le territoire français, DOM compris, et au terme de laquelle il apparaît que les «polluants peu recherchés ou mal connus» sont présents partout, comme le fameux bisphénol A (BPA), les phtalates ou ces molécules très présentes dans nos produits de beauté que nous ne cessons (et ne cesserons) de dénoncer.

    L’objectif de l’Ineris consistait à :
    • définir la liste des substances à surveiller régulièrement dans les prochains plans de gestion;
    • pointer les lacunes en matière de toxicologie et d’écotoxicologie;
    • éprouver les méthodes d’analyse et sélectionner les plus faciles à utiliser sur le terrain.
    Ce travail permettra dans l’avenir de lister les polluants spécifiques à l’état écologique (PSEE), présents dans chaque bassin hydrographique puis de les rapporter à la directive-cadre sur l’eau (DCE). Elles pourront être utilisées dans d’autres contextes : Ecophyto, plan national contre la pollution des milieux aquatiques par les micropolluants ou encore nourrir le plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux.

    Dans un premier temps, les chercheurs avaient prévu de suivre 540 « molécules mal connues ou peu suivies, souvent utilisées, potentiellement dangereuses pour l’homme et l’environnement ». Puis une sélection a été opérées et 180 de ces substances ont été mesurées : produits de soin corporel, plastifiants, pesticides et biocides, résidus de médicaments, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), retardateurs de flamme, additifs d’essence. A votre santé !

    Les prélèvements ont été effectués entre avril 2012 et 2013 sur 158 sites appartenant au réseau de contrôle et de surveillance (RCS) dont 25 situés dans les DOM, pour un total de 550 analyses par substance, aboutissant à 80.000 résultats exploitables tant pour les eaux superficielles continentales ou les eaux littorales que pour les eaux souterraines (dans les DOM uniquement).

    Certaines tendances s’affirment nettement.
    • Les parabènes – conservateurs présents dans les cosmétiques et les produits de soins – sont présents dans plus de 99% des échantillons analysés. C’est à dire partout !
    • Le BPA et les phtalates, autres perturbateurs endocriniens reconnus, sont presque aussi fréquents: diisobutyl-, diéthyl-, n-butyl phtalate et bisphénol A ont dans plus de 50% des échantillons d’eau.
    • benzyl butyl phtalate dans 33% des échantillons de sédiments.

    Si bien que l’Ineris peut affirmer : «Ces substances peuvent être considérées comme omniprésentes sur le territoire»,
    On constate encore la présence de nombreux phytosanitaires dans les eaux ainsi que celle de quelques produits interdits depuis longtemps.
    • 2 métabolites du DDT dans plus de la moitié des échantillons de sédiments analysés.
    • parathion méthyl, parathion éthyl, l’ométhoate, monocrotophos, carbofuran, carbendazime, pourtant interdits à la vente, sont encore trouvés dans les eaux !

    Désormais, quand on boit un verre d’eau, il faut savoir qu’on ingurgite une vingtaine de résidus médicamenteux ! Ils apparaissent au moins une fois dans les eaux superficielles. Parmi eux, 4 molécules dans plus de 50% des échantillons. Sans oublier deux hormones : un œstrogène -l’estrone- et un progestatif de synthèse – le norethindrone) dans 5% des analyses. Cocktail sympathique, n’est-il pas ?
    Mais ce n’est pas tout : les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sélectionnés ont été détectés en quasi-totalité au moins une fois dans les sédiments. Or, il s’agit de substances non réglementées et pour lesquelles on manque d’information, dixit l’Ineris.

    Sur les 11 retardateurs de flammes non réglementés dans la DCE ; 6 ont été quantifiés au moins une fois dans les cours d’eau de métropole. Dont surtout le décabromodiphényléther (BDE-209), le HBCDD (15% des analyses) et le TBBPA (10% des analyses).
    Il ne nous reste que l’eau de pluie (et encore ?) car rien ne dit que les eaux dites « en bouteille » soient à l’abri.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCEREQuite snai

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