Les hospitaliers souffrent. Le Médiateur de la République vole à leur secours.

    JePersonnel de santéan-Paul Delevoye, Médiateur de la République et président du CESE a été alerté publiquement sur la souffrance des soignants lors des rencontres d’Hippocrate qui se sont tenues le 10 Mars. Celui-ci a, de son côté, attiré l’attention sur la nécessaire responsabilisation des patients.

    On apprend ainsi que sur 10.000 requêtes adressées au Pôle Santé et Sécurité des soins du médiateur de la République, 20% (environ 2000 donc) le sont par des professionnels de santé ! C’est dire si le climat de nos hôpitaux est harmonieux, malgré la cellule d’accompagnement et de soutien mis en place par le Pôle Santé. Nous pensions naïvement que c’étaient les malades en phase terminale qui nécessitaient un accompagnement. Et bien non, la politique sanitaire en France est tellement bien faite que ce sont les personnels qui ont besoin d’aide et assistance.

    Quels maux ont-ils été dénoncés lors de ces rencontres ?

    C’est d’abord la transformation de « l’Hôpital » en « Entreprise »  soumise à des critères de rentabilité qui suscite un profond malaise. C’est l’analyse que nous livre Patrick Berche, doyen de la Faculté de médecine Paris Descartes et chef de service à l’hôpital Necker.  C’est une perversion de la finalité hospitalière qui trouble profondément les professionnels de santé. « Nous avons maintenant l’impression de ne travailler qu’au nom de la rentabilité » affirme de son côté Claire Le Jeunne, chef de service à l’Hôtel Dieu. Elle dénonce les demandes incessante « de chiffres » de la part d’une administration, forcément sourde et aveugle par nature.

    Sont aussi dénoncés « le dogme de la convergence public-privé« , du fait que les malades pris en charge à l’hôpital public ne seraient pas les mêmes que ceux sélectionnés par les cliniques (?) ainsi que « l’évolution quasi industrielle du système de santé, gouverné aujourd’hui par des notions de parts de marché et de productivité » d’après André Grimaldi du Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP).

    Il est enfin apparu dans ces rencontres, le sentiment généralisé d’une perte de sens du métier de soignants. Débordés, ils ne sont plus en mesure de répondre aux attentes de leurs patients (encore merci pour les 35 H !NDLR).

    Le Médiateur se défausse sur les patients

    Tout en se disant inquiet du malaise exprimé dans les différentes interpellations qui lui ont été faites, le Médiateur a tenu à dénoncer « le recul de la citoyenneté et l’augmentation des demandes consuméristes des patients » source principale du malaise ressenti par les soignants. Il a aussi précisé que la plupart des requêtes qu’il reçoit des professionnels de santé, concernent des situations de dialogue bloqué avec un patient ou encore un isolement professionnel après un accident médical. « Ne doit-on pas aujourd’hui réfléchir à la façon de responsabiliser les patients ?« , s’est-il  interrogé !

    Bonne question. Mais qui a déresponsabilisé les parents, les enfants, les citoyens et les patients depuis une cinquantaine d’années ? Qui sont les « ‘éducateurs » qui ont fait des Français, à force de laxisme et de démagogie, d’éternels insatisfaits ? Des revendicateurs et des consuméristes impénitents qui croient naïvement « qu’ils le valent bien  » ou qu’ils n’ont que des droits ?

    Nouveau président du CESE Jean Paul Delevoye est prêt à ouvrir le dialogue sur la question de l’éthique médicale et de la maîtrise des dépenses de santé. Nous, on veut bien et on a nos idées là-dessus qui seront exposées dans un ouvrage à paraître « Hippocrate, au secours ! Ils sont devenus fous… » Et JPD ajoute « la maîtrise des dépenses est peut être nécessaire (avec 23 milliards de déficit elle se serait à moins). Mais la meilleure façon d’améliorer la qualité du service public est de faire en sorte que les professionnels soient heureux d’y travailler« 

    Quelle merveilleuse chute ! Il fallait y penser. Malheureusement, comme disait (nous citons de mémoire) Einstein : « Il est impossible de trouver la solution à un problème en restant dans le cadre de pensée qui l’a produit« . C’est ce que fait JPD, représentant d’un paradigme dépassé qui conduit le système de santé français au bord du gouffre.

    Nous nous réservons de faire des propositions sur le « déficit » et le « mal-être » dans notre livre à paraître, mais, en attendant nous engageons tous nos lecteurs et amis à militer pour que l’année 2011, si elle est l’année des « droits des patients » soit aussi l’année « des devoirs des patients ». De même qu’il serait actuellement très nécessaire qu’on éditât chez nous une « Grande Charte des Devoirs de l’Homme et du Citoyen » à côté de celle de leurs Droits dont on nous rebat les oreilles à tout propos et hors de propos.

    D’ailleurs, le C2DS à l’action duquel nous collaborons depuis toujours, annonce la création d’un Code de Déontologie des Directeurs d’Etablissements de Santé et Médicaux Sociaux, qui sera présenté à l’Académie de Médecine le 31 Mars prochain.

    Cela surprendra peut-être le lecteur, mais, jusqu’à présent ce Code n’existe pas !

    Olivier TOMA – Primum-Non-Nocere

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