Les perturbateurs endocriniens et la mauvaise qualité de l’air intérieur nous coûtent cher !

    QAIDire que nos gouvernements occidentaux pris dans la tourmente de la « crise » cherchent des moyens de faire des économies !
    Un de ces moyens nous est donné quand on constate – grâce à une étude menée par une vingtaine de chercheurs américains et européens et publiées dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism de l’Endocrine Society – que les perturbateurs endocriniens coûtent entre 150 et 260 milliards d’euros à l’Europe ! Et à ses contribuables bien sûr.
    Soit entre 1,2% et 2% du PIB européen. Excusez du peu…
    Pour fixer ces chiffres, ont été prises en compte toutes les études actuellement épidémiologiques et toxicologiques disponibles qui font apparaître que ces perturbateurs de l’activité hormonale sont à l’origine de pathologies lourdes : obésité, troubles neuro-comportementaux, troubles de la fertilité, cancers…
    Rappelons qu’on les trouve en abondance dans les aliments (résidus de pesticides), dans les emballages alimentaires, les objets en plastique, les meubles, les jouets, les tapis, certains matériaux de construction et produits cosmétiques. Ils sont souvent libérés par les produits qui en contiennent et entrent dans le corps des humains et de la faune par la poussière (d’où l’importance de veiller à la qualité de l’air intérieur (QAI) ou à travers la chaîne alimentaire.
    Cette mauvaise qualité se fait surtout menaçante dans les maisons de retraite où elle altère la santé pulmonaire des résidents, surtout chez les plus âgés, d’après une autre étude épidémiologique menée par une équipe de l’INSERM dans 7 pays européens.
    Cinq polluants de l’air intérieur ont été mesurés dans 50 maisons de retraite : les particules de diamètre de 10 microns, les particules ultra-fines, le formaldéhyde, le dioxyde d’azote et l’ozone. Leur origine ? le chauffage, les matériaux de construction, le mobilier, les produits nettoyants et de ménage, les désinfectants et les systèmes de refroidissement.
    On a sélectionné, parallèlement à ces mesures, 600 résidents âgés de 82 ans en moyenne, qui ont subi des tests de la fonction pulmonaire et rempli un questionnaire de santé. Les résultats, ont montré qu’une exposition à de fortes doses de particules de 10 microns de diamètre et au dioxyde d’azote est associée à l’essoufflement et la toux. L’exposition à de hauts niveaux de particules ultra-fines est associée à des sifflements dans la poitrine, et le formaldéhyde est associé à la bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO). Enfin, les auteurs ont observé des liens particulièrement forts entre pollution intérieure et problèmes respiratoires chez les patients les plus âgés (au-delà de 80 ans) et dans les foyers mal ventilés.
    Cela nous ramène à la manière dont le coût total a été estimé pour les finances des pays européens. Il est relatif tant à la prise en charge médicale directe qu’aux estimations de pertes de la productivité de la population.

    – L’exposition aux organophosphorés (les pesticides) représente à elle seule 85% du coût total ! Et on chipote encore pour savoir s’il faut ou non interdire les pesticides dans nos champs alors qu’un récent reportage montrait que nous perdrions cette année 80% de nos abeilles du fait de leur nocivité. A signaler qu’entre dans cette estimation le manque à gagner du fait de la perte de capacité intellectuelle induite par l’exposition à ces poisons, comme cela avait déjà été calculé avec précision pour le plomb et le mercure.
    – L’autre nuisance la plus significative et la plus coûteuse est celle des phtalates sur l’obésité des adultes. A quoi il faut ajouter les mortalités précoces et la baisse de la fertilité masculine qui entraîne les dépenses liées à la procréation médicale assistée.
    – Le bisphénol A, [normalement interdit depuis janvier de cette année dans les contenants alimentaires] très impliqué dans l’obésité infantile, associé aux phtalates, nous coûtent 26 milliards d’euros.

    Cette étude est un première car, si les effets nocifs des perturbateurs endocriniens sont désormais connus, il était encore difficile de quantifier et de chiffrer les coûts qu’ils entraînent pour la société.
    Les chercheurs ont donc eu recours à une méthode déjà solidement établie dans d’autres domaines : ils ont évalué le poids de la preuve, c’est à dire, entre autres choses, l’évaluation de la diminution des maladies induites si les organismes avaient été protégés de l’influence de ces poisons chimiques. Le résultat nous paraît éloquent.
    Et encore n’ont-ils tenu compte que des effets les plus certains !
    L’étude ignore le coût du cancer des testicules non pris en compte, pas plus que celui des cancers hormono-dépendants (le sein ou la prostate) par difficulté à établir le lien de cause à effet ou par manque de données.

    Si les maladies prises en compte ont été réduites, le choix des perturbateurs l’a été aussi car il en existe des centaines présents dans notre environnement pour lesquels les données étaient trop aléatoires.

    On comprend alors que la somme de 150 à 260 milliards évoquée plus haut est très sous-évaluée et qu’on pourrait, si toutes les données possibles étaient réunies, aboutir à des coûts infiniment supérieurs auprès desquels la dette de la Grèce et celle de la France paraîtraient anodines !
    Cette sous-estimation forcée est d’ailleurs confirmée par l’INSERM.

    Va-t-on enfin écouter ceux qui se mobilisent pour réglementer les perturbateurs endocriniens de façon plus radicale ? Rien n’est joué. Le dossier est entre les mains de la Commission européenne qui « a commandé une évaluation de l’impact économique pour les entreprises d’une restriction de l’usage de ces produits ». Le raisonnement (implicite) étant que les coûts entraînés par cette restriction de la fabrication et de l’usage des perturbateurs endocriniens pour les entreprises, viendraient relativiser les coûts induits par leur détestables effets.
    On croit rêver, mais on ne rêve pas ! Le seul critère prise en compte – et c’est un signe des temps obscurs que nous vivons – est un critère purement économique. Les centaines de milliers, voire les millions, d’existence gâchées ou détruites pour l’usage de ces poisons, elles, n’entrent pas en ligne de compte.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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    • François Veillerette

      Oui tout cela coûte cher à la société. !. Nous développons cela dans le livre ‘ Perturbateurs endocriniens, la menace invisible ‘ avec Marine Jobert http://www.perturbateurs-endocriniens.fr

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