L’Hôpital : après les violences, voici la surcharge de travail. La Commission européenne montre les dents…

    © Copyright 2010 CorbisCorporationLa Commission européenne estime que le personnel hospitalier travaille trop en France. Elle donne deux mois à la France pour appliquer la législation européenne sur la durée du travail qui prévoit :

              48 h de durée maximale pour les soignants

              périodes de repos minimales à la suite d’heures supplémentaires de nuit.

    On est loin du compte d’après les soignants eux mêmes.Du côté des infirmiers.

    On enregistre « des semaines de 60 H, des cadences infernales, une pression de plus en plus forte, et au bout de cet enfer quotidien, le burn-out » affirme une infirmière du collectif « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes« . Résultat : baisse de la qualité des soins, des brancards qui s’entassent dans les couloirs, des rapports avec les malades inexistants, une mise en danger de ceux-ci et du personnel exténué.

    Un chirurgien et un anesthésiste sur trois sont menacés par le burn-out.

    C’est une étude menée par l’association Asspro scientifique en 2012 qui nous l’apprend :

              1024 spécialistes (chirurgiens, anesthésistes et gynécologues)

              30% des spécialistes des blocs opératoires présentent un niveau de stress supérieur à 8/10. Si on considère que l’on dénombre déjà entre 60.000 et 95.000 « événements indésirables graves » par an, sur un total de 1,5 million d’interventions chirurgicales (soit 4 à 6 %) on devine les risques potentiels supplémentaires d’accidents opératoires liés à ce stress quasi général.

    Une des conséquences de cette situation – et pas la moindre – c’est la désaffection des jeunes pour ces professions, à cause des risques provoqués par ces surcharges certes…. mais aussi des retombées juridiques possibles, souvent catastrophiques.

    La santé des médecins ?

    Tout aussi compromise par ces risques de burn-out.

    Les USA enregistrent un taux élevé de mises en invalidité pour causes de troubles psychiques chez les professionnels de santé. Dont 6% de suicides = quasi le double du reste de la population.
    D’où une demande de l’ensemble des personnels soignants pour que
    la pénibilité de leur profession intervienne dans les calculs de leur retraite. Ils souhaitent bénéficier du compte-épargne pénibilité qui sera créé par le gouvernement en 2015 dont ils sont pour le moment exclus, à cause de leur statut d’agent du service public.

    Ce qui ne résoudra pas le problème de fond.

    C’est certainement l’opinion de Bruxelles, qui enjoint la France de lui communiquer, dans les deux mois, les mesures prises en la matière pour respecter le droit de l’Union.  Sinon, c’est la traduction devant la Cour de justice de l’Union européenne !

    Ce qui, là non plus, ne résoudra pas le problème de fond.

    Le fond du problème.

    Celui-ci est très clair : les 35 HOO appliquées à la Santé, sont à la base de ce désordre majeur et des difficultés dans lesquels se débattent les personnels soignants.

    Pourquoi ? On a réduit le temps de travail de 10%. Parfait !

    On a maintenu les salaires (on a donc augmenté le taux horaire). Pourquoi pas ? 

    Mais, parallèlement, on a soigneusement évité d’augmenter le budget du système de santé hospitalier des 10% désormais manquants pour créer les postes supplémentaires indispensables. Si bien que cette « grande avancée sociale » par la mise à disposition du personnel existant 24/24 et ce 365 j par an…. jusqu’à ce que « burn-out » s’ensuive. Ou pire dans certains cas.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

     

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    • Sandrine Beaudean

      Les médecins libéraux subissent aussi l’épuisement professionnel.
      Cette année 115 suicides chez les médecins généralistes. Déjà en 2007, l’alerte était donnée par L’Union régionale des médecins libéraux d’Ile-de-France.
      Voici un extrait du dossier de presse intitulé « L’épuisement professionnel des médecins libéraux : témoignages, analyses et perspectives » :

      « Premiers résultats d’une enquête effectuée par la Commission Prévention et Santé Publique de l’URML- sur le burn out des médecins en Ile-de-France.
      53 % des médecins témoignent se sentir en danger et particulièrement les médecins de secteur 1 et les médecins généralistes.
      Les principales causes évoquées sont l’excès de paperasserie (63 %) et l’augmentation des contraintes collectives (45,6 %) et les conséquences : le mal-être (90,1 %), la dégradation de la relation médecin/patient (85 %) et l’altération de la qualité des soins (84,8 %). Au premier rang des attentes des médecins, l’amélioration de la protection sociale est plébiscitée à 97 % et une meilleure définition de la nature et des limites de la responsabilité médicale, à 95,2 %. » (2007)