L’Union Européenne s’attaque à la déforestation importée

    déforestation et union européenne

    L’UE veut entrer en guerre contre la DÉFORESTATION. CHICHE !

     

    LES FAITS

    Diable ! L’UE est-elle en train de mobiliser des divisions – qu’elle ne possède d’ailleurs pas -, pour attaquer les innombrables populations qui, à travers le monde, ont trouvé un bon moyen de vivre – voire de survivre – en produisant café, cacao, soja, huile de palme, sur des terres hier encore couvertes de forêts, désormais abattues ou brûlées ???

    Non. Dans le positif comme dans le négatif (fort présent dans son idéologie) l’UE ne procède jamais par la violence, mais par une législation dont un de ses éminents responsables affirmait, il y a peu, qu’elle « se place au dessus du vote démocratique ».

    Mais nous n’allons pas bouder notre plaisir pour une fois que les décisions que l’UE répondent à nos attentes. En effet celle-ci vient de sceller un accord historique en adoptant la première loi au monde qui vise à bannir l’importation de produits issus de la déforestation comme le cacao, le café, le soja, l’huile de palme ou encore le caoutchouc. La législation européenne sur la déforestation importée a été définitivement entérinée ce mardi 6 décembre. Des clauses de revoyure sont prévues pour étendre le texte à d’autres écosystèmes boisés que les forêts et à d’autres produits comme le maïs. Deo Gratias !

    Pour nous, en effet, lutter contre la déforestation constitue une urgence en faveur de la santé publique. La déforestation importée entraînée notamment par nos achats alimentaires, génère une perte majeure de biodiversité. Mais surtout, en détruisant les écosystèmes nécessaires aux animaux sauvages, contraints de se replier vers les villes pour survivre, entrent en contact avec des animaux domestiques et provoquent l’émergence de zoonoses, d’épidémies et de pandémies.

    QUELQUES OBSERVATIONS

    On nous affirme qu’il s’agit là d’une première mondiale : des produits que nous consommons au quotidien tels que ceux-ci-dessus énumérés, vont trouver porte close en arrivant sur les frontières de l’Europe, si leurs importateurs ne sont pas capables de démontrer, documents à l’appui, qu’ils ne sont pas issus de zones déforestées. De cette façon, affirme un commentateur enthousiaste : l’Union Européenne utilise la force de son marché unique pour peser sur la mondialisation avec de véritables clauses miroirs : ce que l’on exige des producteurs européens, on l’exige aussi des importateurs. On tire la mondialisation vers le haut.

    A condition, bien sûr, que cette réglementation puisse être vraiment appliquée et qu’elle le soit concrètement. Mais nous savons combien la coupe est éloignée des lèvres en matière de réglementation dans un monde gouverné par la cupidité et dévoué au culte du Dieu profit.

    On peut penser qu’une telle décision, survenant au temps de la COP15 Biodiversité, (qui s’ouvre à Montréal au moment où ces lignes sont écrites) : non seulement change les règles du jeu de la consommation européenne, mais créé une incitation énorme pour les autres pays à changer leurs pratiques, s’enthousiasme un responsable du WWF. Surtout si on se souvient que, par ses importations, l’UE est responsable de 16% de la déforestation mondiale (soja et huile de palme surtout) … juste derrière la Chine dont on connaît les admirables vertus en matière de protection de l’environnement.

    DES RESTRICTIONS PRATIQUES ET IDÉOLOGIQUES

    Mais ne nous emballons pas trop. Cette interdiction ne sera appliquée qu’aux produits provenant de terres déboisées après décembre 2020 [encore faudra-t-il le prouver…]. En conséquence les entreprises importatrices devront prouver la traçabilité via des données de géolocalisation des cultures, qui pourront être associées à des photos satellitaires. Quand on sait combien les spécialistes en matière de truquage de données numériques et de photos, sont capables de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, on peut se poser quelques questions.

    Et surtout quid des forêts ravagées avant décembre 2020 ? Passées par pertes et profits ? Aucune réhabilitation envisagée ?

    Les importateurs devront aussi vérifier la conformité avec la législation du pays de production en matière de droits de l’homme.

    Là on ne peut que frémir. D’abord sur la notion de « droits de l’homme » et sur les turpitudes qu’elle recouvre très souvent, ce qui ouvrirait un débat qui n’entre pas dans notre propos actuel.

    Ensuite : pourquoi (et comment) un importateur pourrait-il satisfaire à cette disposition quand on accepte d’organiser une coupe du monde dans un pays convaincu de n’avoir pas mieux traité les ouvriers commis à la réalisation de travaux pharaoniques que ne l’aurait fait Pharaon ou Nabuchodonosor de leurs esclaves. Ce qui s’est d’ailleurs traduit par des milliers de morts !

    UN BÉMOL QUI CHANGE TOUT ?

    Bref ! Mais des règles strictes de mise en œuvre ont été adoptées : au moins 9% des volumes importés depuis les pays où le risque de déforestation est élevé comme le Brésil devront être contrôlés, et les amendes, calculées selon les dommages environnementaux, pourront atteindre jusqu’à 4% du chiffre d’affaires annuel dans l’UE.

    Nous voilà rassurés et les féodaux brésiliens avec nous : 90% des volumes importés de seront donc pas contrôlés. Nul doute qu’ils n’arrivent à ne faire contrôler que les 9% nécessaires.

    LES CALENDES GRECQUES

    Il est maintenant prévu qu’une extension – inopportune pour le moment ? Pourquoi ? – s’appliquera aux forêts et aux savanes de l’ensemble Brésil, Paraguay, Bolivie, un an après l’entrée en vigueur du texte actuel.

    De même, après deux ans, la Commission « étudiera ensuite une possible extension » à d’autres zones de production : maïs, autres écosystèmes riches en stockage de carbones et en biodiversité (tourbières…). Combien de millions d’hectares seront-ils partis en fumée d’ici là ?

    Quand on sait que la biodiversité s’est effondrée d’à peu près 60% depuis 1960 on ne peut que s’interroger sur ces atermoiements. C’est comme d’un incendie gigantesque où le capitaine des pompiers refuserait de mobiliser des lances à incendie pour économiser la note d’eau.

    LE NERF DE LA GUERRE

    Une autre mesure nous paraît aller dans le bon sens et, sans doute, le seul véritablement efficace :  l’UE pourrait envisager d’obliger les institutions financières à refuser des services financiers ou des crédits si ces derniers risquent d’être associés à des activités de déforestation.

    Ce n’est pas rien si on constate que les banques basées dans l’UE ont accordé en 2016-2020 quelque 30 milliards d’euros de financements à vingt géants de l’agroalimentaire responsables de déforestation.

    De qui s’agit-il ? En France, Carrefour et Casino se taillent la part du lion dans le rôle d’incendiaires de la forêt amazonienne.

    BNP Paribas , quant à elle, se trouve dans le viseur d’un collectif d’ONG environnementales prêtes à en découdre devant les tribunaux, pour non-respect du devoir de vigilance de cet établissement financier, du fait de ses financements de Marfrig, deuxième plus grand agro-industriel brésilien.

    SINCÉRITÉ OU POSTURE ?

    Il nous est difficile de croire que la Commission Européenne, si fort liée pourtant à la ploutocratie internationale, puisse vraiment vouloir s’en prendre à ses intérêts et entrer en conflit avec les tout-puissants promoteurs du mondialisme. Il nous faudra donc attendre pour voir et croire.

    Mais de même que l’hypocrisie est l’hommage que le vice rend à la vertu, il est symptomatique que les pompiers incendiaires de l’environnement de notre planète, pondent des règlements et des « interdits » qui s’attaquent à leurs propres pratiques.

    Quelque chose serait-il en train de bouger enfin ?

    Et la prise de conscience collective de l’orientation suicidaire prise par notre pseudo-civilisation technico-mercantile est-elle en train de produire le même effet que celui provoqué par les mesures anti-Covid imposées par la social-dictature sanitaire chinoise, obligeant celle-ci à manger son chapeau pour stopper des émeutes de plus en plus hostiles au régime ?

    Nul ne le sait mais nous resterons très vigilants pour observer comment ces pieuses indignations de l’UE se traduiront sur le terrain.

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE – Associé Grant Thornton® France

     

    LIENS :

    https://www.lefigaro.fr/conjoncture/accord-de-l-ue-sur-la-deforestation-la-france-reclame-une-mise-en-oeuvre-rapide-de-ce-texte-novateur-20221206

     

    https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/cinq-questions-pour-tout-comprendre-a-la-cop15-biodiversite-151221.html?utm_source=AlertesThematique&utm_campaign=07-12-2022&utm_medium=email

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