Mourir dans le « virtuel » 

    la réalité virtuelle pour accompagner les patients en fin de vie

    Mourir dans le virtuel, c’est ce que propose un hôpital britannique : le « Royal Trinity Hospice ». Il s’est spécialisé dans l’accompagnement de patients en fin de vie à qui il offre les secours du « virtuel » pour mieux vivre leurs derniers jours. Résultat garanti : moins de stress, moins de souffrance.

    Plus de regrets des échecs et ratés d’une vie qui viennent gâcher vos derniers jours, ne reste que le souvenir des joies vécues grâce à la réalité virtuelle mise à dispositions des mourants par l’hôpital. A leur plus grande satisfaction comme on l’écrivait plus haut.

    L’idée a germé dans l’esprit d’un producteur de films

    Depuis plusieurs années il soignait sa mère paralysée, dont le plus plus grand regret était de n’avoir jamais pu nager avec les dauphins. Bien entendu, ce désir ne pourrait jamais pu être comblé. Le fils réalisateur a alors conçu un film immersif en 3D et à 360 degrés pour sa maman. Constatant le bonheur qu’il avait procuré à sa mère, lui est alors venue l’idée de s’associer avec un hôpital pour apporter une satisfaction semblable aux personnes en fin de vie

    C’est le « Royal Trinity Hospice » de Londres, spécialisé dans le traitement des patients en fin de vie, qui a été choisi. Dans un premier temps les patients expriment le rêve qui leur tient à cœur à l’équipe médicale et le personnel choisit le film immersif le plus proche de ce désir parmi la playlist d’expériences VR disponible.

    Et le patient de vivre virtuellement, sans quitter son lit, la sensation de skier dans les Alpes, de surfer à Hawaï, d’admirer les chutes du Niagara, de voyager à l’autre bout de la terre, etc. Plus de limite pour le corps affecté par la maladie. C’est oublié. Au moins pour le temps de l’expérience. Et on nous affirme que les résultats sont très encourageants.

    Réduire la douleur et l’anxiété grâce à la Réalité Virtuelle

    Il est évident que le rôle d’un établissement de soins palliatifs consiste à réduire au maximum stress et douleur de ses patients mais aussi de les accompagner dignement dans ces derniers moments de leur vie. Les expériences en réalité virtuelle proposées semblent idéales pour cela. Et on nous donne l’exemple de cette patiente atteinte d’un cancer en phase terminale particulièrement douloureux qui, après avoir expérimenté un voyage virtuel aux Maldives, indiquait ne plus souffrir qu’à 3 sur 10 après l’immersion apaisante alors qu’elle évaluait sa douleur à 7/10 avant l’expérience.

    Dignité ?

    Mais plonger une personne dans la réalité virtuelle (on espère que chacun appréciera la contradiction entre les deux termes), en fait dans l’illusion et le fantasme, est-il un moyen digne de terminer sa vie ? N’y a-t-il pas d’autres urgences à satisfaire au moment de faire le bilan d’une existence ? On peut se poser la question et chacun y répondra en fonction de sa perception de ce qu’implique être humain.

    Toute notre civilisation est devenue virtuelle dans la mesure où politique, information, consommation et publicité nous font vivre dans une illusion permanente, notamment en matière de santé, que nous sommes trop peu à dénoncer.

    Et, si nous ne pouvons qu’approuver la mise au point de moyens efficaces pour soulager la souffrance de ceux qui vont mourir, y compris la réalité virtuelle à titre très ponctuel, nous ne saurions souscrire à un système qui, en se généralisant, loin de favoriser la dignité des patients, la nierait par le fait de les priver de cette lucidité indispensable à la mise en ordre spirituelle qui s’impose au terme d’une vie.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

     

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