PÉNURIES : Pétrole, Gaz, Blé, Moutarde…et maintenant les Médicaments ???

    PÉNURIES : Pétrole, Gaz, Blé, Moutarde...et maintenant les Médicaments ???

    C’est ce que craint l’Académie nationale de Pharmacie qui, très inquiète pour notre approvisionnement, exige une coordination au niveau de l’État pour éviter les pénuries qui s’annoncent en matériaux et réactifs nécessaires aux activités de production pharmaceutique, pour éviter un manque d’approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux (DM) dans les prochains mois.

    D’où vient le problème ?

    L’Académie répond :
    • Des arrêts de production liés à la Covid ;
    • De la priorité donnée aux efforts de production des vaccins anti-Covid avec en corollaire, une diminution voire un arrêt de production d’autres types de médicaments considérés comme moins prioritaires
    • De la situation sanitaire en Chine
    • De la situation géopolitique en Ukraine qui impacte la production d’acier … ;
    • De la déstabilisation des activités internationales de transport et de fret, aérien comme maritime impactant les marchés au niveau international (avec une forte augmentation des prix),

    De leur côté les producteurs de médicaments, les producteurs de DM et les pharmaciens hospitaliers constatent avec inquiétude l’indisponibilité progressive de matériaux de base, réactifs, matériels, et autres composants entrant dans la fabrication des médicaments, des DM, utilisés ou non en association.

    Les effets et conséquences.

    Avec, pour facteur aggravant : la modestie des « marchés » intéressés qui ne peuvent donc être considérés comme prioritaires par les principaux fournisseurs face aux autres industries consommatrices de ces mêmes matériaux.
    Des exemples
    • La pénurie d’acier : aiguilles pour les injections – cuves ou mélangeurs.
    • La pénurie d’aluminium : médicaments conditionnés en blister renforcé d’aluminium (PVC ou PVDC/Alu), voire en blister tout aluminium (Alu/Alu).
    • La pénurie de verre : ampoules et flacons pour voies injectables – équipements nécessaires à la production/purification d’anticorps monoclonaux essentiels.
    • Les retards prévus d’approvisionnement (plus d’un an, voire deux) vont se faire sentir dans les tous prochains mois sur la disponibilité des médicaments biologiques concernés.
    • Les matériaux d’emballage sont en tension : les emballages carton, plus écologiques, remplacent matériaux plastique pour les ventes en ligne.
    • À cela s’ajoute une très forte hausse des coûts de production (énergie) : ce qui compromet la production et commercialisation de certains médicaments. Des arrêts de fabrication et de commercialisation de certaines spécialités sont déjà prévues par les fabricants.
    • D’où il résulte une absence de garantie des délais de livraison pour le court et moyen
    terme.

    Et on pourrait poursuivre la liste des désagréments et pénuries qui s’annoncent dans différents domaines techniques liés à la santé.

    Ce qui amène l’Académie à observer qu’il n’existe aucune instance administrative susceptible de coordonner effectivement la surveillance, la gestion et la coordination relatives à la disponibilité ou la pénurie en matériaux indispensables à la production des produits de santé (médicament et dispositifs médicaux).

    La proposition de l’Académie.

    Elle recommande donc la désignation d’une instance interministérielle (Haut-Commissariat, délégué…), à côté de l’Ansm. Son rôle consistera à coordonner les diverses administrations et les divers secteurs industriels concernés, pour mutualiser et optimiser tous les efforts nécessaires dans le but de maintenir un approvisionnement aussi fluide que possible en prévenant « en amont » les aléas et autres situations décrites dans son communiqué.

    Cette structure devra travailler en lien avec l’EMA et l’HERA au niveau européen pour traiter toutes les questions d’approvisionnement en matériaux et réactifs indispensables à la production des produits de santé (substances actives, médicaments, dispositifs médicaux à usage individuel et autres fournitures médicales, produits pour nutrition orale et entérale à domicile, etc.).
    Elle devrait notamment se préoccuper des situations de pénuries et de leurs causes avec pour
    objectif de permettre de dégager les priorités de santé publique en termes de productions
    à relocaliser et de cibler au mieux celles nécessitant des aides publiques.

    Quel est l’homme politique (Edgar Faure pensons-nous) qui disait que lorsqu’un problème gênait le gouvernement, il créait une Commission ?
    Nous espérons que les préconisations de l’Académie de Pharmacie seront à la hauteur de la situation et qu’elles éviteront à la France de se retrouver dans la situation sanitaire d’un pays sous-développé. Ce qui ne semble pas gagné d’avance au vu de la situation désespérée dans laquelle se débat notre personnel hospitalier.

    Nos Solutions

    Plutôt que de garnir le millefeuilles technocratique d’une couche de plus, nous, hommes et femmes de terrain, pensons avant tout ;
    • Qu’il faut réduire tous les dispositifs à usage unique. Et ce durablement !
    • Qu’il faut privilégier les achats en circuits courts pour ceux qui existent sur le territoire national (masques, gants, blouses…etc.) ainsi que pour le linge opératoire et les tenues hospitalières,
    • Relancer les filières de réutilisable-lavable
    • Il faut mettre en œuvre le « reprocessing » – en bon français : le retraitement – aussitôt que possible. Le « retraitement » désigne le procédé dont fait l’objet un dispositif usagé pour en permettre une réutilisation sûre. Il comprend le nettoyage, la désinfection, la stérilisation et les procédures connexes, ainsi que l’essai du dispositif usagé et le rétablissement de ses caractéristiques techniques et fonctionnelles en matière de sécurité. (voir lien ci-dessous)

    Mais il faut encore :

    • Créer les filière REP pour le verre médicamenteux, le métal à usage unique, les métaux précieux, le plastique ;
    • Réduire le gaspillage des médicaments et favoriser la revente et l’échange des médicaments pour éviter de jeter des « presque périmés ».
    • Revoir les DLC des médicaments et dispositifs médicaux,
    • Prescrire et délivrer les médicaments à l’unité dès que c’est possible.
    • Privilégier la location à la place de la vente pour certains dispositifs qui s’utilisent ponctuellement…
    • Exiger des industriels fabricant des dispositifs médicaux et des médicaments de fournir l’analyse du cycle de vie et l’empreinte carbone de leur produit d’ici 2025. Cela pour permettre de réellement réduire l’empreinte carbone du secteur de la santé

    Ce sont des mesures de bon sens qui ne demandent aucune instance administrative supplémentaire pour être mises en place et qui peuvent contribuer à alléger, dès maintenant, les problèmes de pénurie dénoncés par l’Académie de Pharmacie.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

    Cliquez ici pour vous renseignez sur le retraitement des dispositifs médicaux.

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