Pesticides dans l’eau

    eau et pesticides

    L’eau universellement polluée par les pesticides.

    Après les rejets industriels et le plomb dont il a été clairement établi qu’ils empoisonnaient l’eau malgré les venimeux dénigrements des scientifiques (honnêtes) par les industriels,  il nous faut constater que les eaux et les sols continuent à être durablement pollués par les pesticides.

    La raison invoquée : leur utilisation indispensable pour favoriser l’industrie alimentaire. Ce qui leur vaut le soutien quasi inconditionnel des politiques et des économistes, fascinés par les arguments (sonnants et trébuchants ?) des innombrables lobbyistes en action.

    Alors même que les mises en garde parfaitement documentées sur les dangers encourus par la population ne manquent pas (mais une « mise en garde » ne  paie pas).

    Alors même aussi que « des alternatives existent pour une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé humaine et animale ».

    Mais là ou Mammon règne, le bon sens et le souci du bien commun disparaissent.

    Qui est responsable ?

    Au premier chef, l’agriculture intensive bien évidemment.

    Elle domine en France et partout ailleurs dans le monde où elle a pu s’introduire.

    C’est elle qui appauvrit les sols et réduit la richesse des biotopes. Ce qui permet à des espèces locales et invasives de se développer à loisir et de parasiter l’environnement. Ce qui conduit, par une logique aussi absurde que criminelle, à développer encore plus les moyens chimiques sous prétexte de détruire flore et faunes nuisibles dont ces mêmes moyens ont favorisé la croissance.

    Double bénéfice. Et méthode doublement perverse car la lutte chimique contre ces nuisibles ne fait pas dans la dentelle et détruit « des organismes sauvages ou domestiques parfaitement inoffensifs.»

    Bref, il n’y a pas de petits bénéfices.

    Zones urbaines et péri-urbaines.

    Si la pollution chimique s’attaque d’abord aux zones agricoles, les zones urbaines et périphériques ne sont pas épargnées : désherbants à base de glyphosate, pourtant interdits depuis cette année aux jardiniers amateurs,  sont encore achetés impunément sur Internet et utilisés sans contrôle, dans n’importe quel jardin.

    Sans oublier les collectivités publiques, notamment les municipalités, qui ont largement recours aux insecticides, notamment pour éradiquer les moustiques dans les eaux stagnantes… avant que la pluie ne fasse d’une eau stagnante une eau courante qui se retrouvera dans votre verre à un moment ou un autre.

    Le danger de l’accumulation.

    Les pesticides possèdent des caractéristiques chimiques et physiques qui leur octroient une très grande persistance dans les sols et l’eau.

    Citons le cas du DDT, « interdit pour les épandages dans les années 1970, mais que l’on continue de retrouver dans les nappes phréatiques ». soient près de cinquante ans après leur interdiction !

    Idem pour le lindane, « massivement utilisé en France jusqu’en 1998 » toujours présent dans nos eaux et nos sols.

    Des molécules comme le DDT se dégradent certes mais de manière si lente et si progressive que leurs produits dégradés ont le temps d’interagir avec d’autres pesticides, avec des métaux lourds, voire avec des éléments naturels, présents dans l’eau. Ce qui occasionne l’apparition de nouvelles molécules, originales certes, mais très polluantes, avec, très souvent, retour à la case départ !

    C’est pourquoi sans doute on assiste à des piques de présence du DDT, longtemps après qu’on l’ait interdit. De plus ces substances qui ont la vie dure et longue  sont souvent bioaccumulables, ce qui leur permet en se prolongeant de se concentrer dans l’environnement, les organismes, les tissus au fil des ans. Rien en se  perd, rien se ne crée affirmait Lavoisier.

    Surtout ce qui pollue et nous empoisonne pourrait-on ajouter.

    Bloody Mary ? Non. Deadly Chemistry !

    Étant données les caractéristiques de ces poisons « longue durée » on comprend que nous puissions aboutir à ce que les scientifiques appellent un  «  effet cocktail » – phénomène assez peu étudié jusqu’à présent – et qui caractérise les « conséquences sanitaires d’un mélange de différentes molécules polluantes ».

    Car si les quantités de pesticides retrouvées dans les eaux peuvent être considérées comme non-dangereuses quand on les considère séparément, on ne sait pas encore ce qu’elles peuvent provoquer quand elles s’associent. D’autant plus que les pesticides diffusés dans les eaux naturelles sont si nombreux qu’il est impossible de simuler les multiples combinaisons que réaliseront leurs molécules.

    Mais ce qui semble assuré par les rares études existantes c’est que cet « effet cocktail » ne peut être que « potentiellement dévastateur à long terme » 

    Estimation des dommages causés par les pesticides dans notre eau.

    L’estimation précise des pesticides présents dans l’eau et de leurs effets réciproques est très difficile à réaliser étant donné leur nombre et leur type de présence. En revanche ce qui est sûr et qui rend le problème d’autant plus agaçant, c’est que les dégâts qu’ils causent, eux, sont indubitables, nombreux, diversifiés… mais diffus.

    On peut déjà mettre à leur actif :

    les dégradations et modifications des écosystèmes aquatiques.

    Même lorsque la concentration des substances reste inférieure aux taux réglementaires. Mais la question de la concentration étant laissée de côté (provisoirement) on leur attribue de façon certaine :

    – un rôle avéré de perturbateurs endocriniens.

    Du fait de la persistance de cette pollution dans le temps ainsi que de ses effets cocktails..

    – une diminution catastrophique des populations d’invertébrés.

    30 à 40% des espèces et des individus ont déjà été victimes des poisons chimiques. Même en dehors des pics de pollution.

    • une contamination de l’ensemble de la chaîne alimentaire.

    y compris des animaux d’élevage, du fait de la pollution en chaîne des eaux, des plantes et des insectes.

    –  On ne connaît pas encore très bien les effets des pesticides sur la santé humaine, mais on sait désormais pertinemment que, même à faible dose, les pesticides entraînent – outre les perturbations endocriniennes déjà signalées – des risques de cancer, de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires

    Étant donnée la fluidité consubstantielle de l’eau qui lui permet d’être présente pour favoriser toutes formes de vie sur Terre puisqu’elle leur est indispensable ; Étant données ses facultés infinies de circulation à la surface du globe terrestre sous la forme de pluies donnant naissance à des cours d’eau de toutes dimensions, alimentant des nappes phréatiques, sans oublier les mers et les océans qui sont en échanges permanents ;

    Étant donné enfin qu’elle est un excellent solvant, il va de soi que l’eau entraîne avec elles les substances chimiques dont on la corrompt, y compris les pesticides qui s’y déversent à profusion.

    Ce qui veut dire qu’ils peuvent se répandre partout où elle se répand em. Dans tout l’environnement terrestre en fait. Et notamment – il faut y insister – dans les eaux des nappes phréatiques, alimentées par toutes sortes de courants, tous contaminés, avant d’aboutir dans nos carafes.

    Si bien que, quoi que nous fassions, nous sommes nous aussi contaminés puisqu’elle est essentielle à notre vie.

    Voilà donc une substance essentielle à la Vie dont l’activité industrielle a fait un facteur de Mort ! Beau progrès.

    Conclusion (provisoire)

    Depuis le début de l’ère industrielle, aveugle et sourde à toute considération encore tant humaine qu’écologique, après un siècle de consommation exponentielle de produits et particulièrement  de pesticides chimiques, tout le cycle planétaire de l’eau est contaminé, depuis l’eau de notre verre à celle qui repose au cœur  des océans.  Tout est pollué car ces produits toxiques se maintiennent présents  dans la nature des décennies après leur interdiction.

    Il existe désormais et fort heureusement de nouvelles méthodes d’agriculture qui, sans en revenir aux techniques du Moyen Age (encore que ?) permettront de se passer de produits cyniquement appelés « phytosanitaires ». De synthèse, il est vrai.

    Mais pour les imposer il faudra un David capable de s’attaquer au Goliath des industries chimiques et agroalimentaires et de leurs complices politiques, médiatiques, voire scientifiques dans certains cas.

    Autant dire qu’il s’écoulera encore beaucoup d’eau – polluée – sous les ponts.

     

    Olivier TOMA –   PRIMUM-NON-NOCERE

     

    LIEN : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/04/16/les-rivieres-francaises-regorgent-de-pesticides-suspectes-d-etre-des-perturbateurs-endocriniens_5450746_3244.html

     

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