Les phtalates s’attaquent aux fourmis équatoriales

    Les phtalates s'attaquent aux fourmis équatoriales
    Signe des temps et de cette pollution généralisée de la planète que nous vaut le « progrès » on vient de découvrir que les fourmis de la forêt guyanaise sont atteintes par les phtalates par le biais des matières plastiques. Si les phtalates peuvent atteindre des fourmis éloignées de toute activité industrielle au cœur de forêts inhabitées, comment les humains pourraient-ils leur échapper ?

    L’information nous a été fournie par les chercheurs du centre d’étude du CNRS de la station des Nouragues qui se consacre à l’étude sur la biodiversité amazonienne.

    Une menace pour la faune

    Cette station se situe à 150 kilomètres de Cayenne, au cœur de la forêt.  Et, malgré le réel éloignement de cette région,  toute la faune est potentiellement exposée à la contamination aux phtalates. Comment cela est-il possible ? Un des chercheurs nous l’explique :

    « Les fourmis prélevées à proximité des zone urbaines ont révélé d’avantages de phtalates,. Mais ces molécules sont volatiles et s’attachent notamment aux particules fines, c’est ce qui explique qu’on les retrouve jusqu’au cœur de la forêt« . Si cette volatilité permet aux phatalates de contaminer les insectes de l’Amazonie elle ne peut qu’affecter toute la faune et, bien entendu, toute l’humanité, où qu’elle réside, le globe terrestre se muant en grand piège à phtalates et autres substances tout aussi volatiles… A souligner que «  les précédentes recherches … effectuées, notamment dans les forêts de l’Atlas marocain montraient des résultats similaires« .

     Les conséquences

    Elles sont évidentes : la fertilité des fourmis est atteinte et elle augmente leur stress. « Les fourmis« , nous dit ce chercheur, « agissent comme si elles sont exposées à des microbes« . Par le passé nous avons souvent attiré l’attention des effets gravement néfastes des phtalates – même à très faible dose – sur les humains mais nous ne pouvons manquer de rappeler ici qu’on leur doit les grossesses à risque, les baisses de fertilité, les allergies ou encore la puberté précoce.

    Que faire ?

    On utilise les phtalates pour assouplir et fortifier le plastique. Le problème c’est que les dits phtalates « ne sont pas liés fortement aux plastiques, et ils s’en séparent facilement. Lorsque le plastique est chauffé notamment « . Alors que faire ? Certains préconisent d’éviter de chauffer les contenants en plastique au micro-onde.  Nous doutons que l’utilisation du micro-ondes se soit très répandu au cœur des forêts équatoriales ou celle de l’Atlas. Et pourtant les phtalates y sont présents. Comme ils le sont, malgré plusieurs campagnes d’alerte, dans de nombreux jouets et objets de puériculture. Du simple fait qu’il n’existe aucune réglementation réelle pour lutter contre l’utilisation de ces perturbateurs endocriniens.

    Nous laisserons la conclusion à Alain Lenoir, un des auteurs de cette étude :
     » Des phtalates alternatifs sont étudiés mais rien ne permet encore d’affirmer qu’ils ne sont pas nocifs. Il faudrait au moins une réglementation qui interdirait leur présence dans les jouets en plastique pour les enfants, qui les portent souvent à la bouche, ou limiterait leur quantité dans les plastiques poursuit Alain Lenoir. Cela permettrait d’avancer un peu« .

    Une autre conclusion possible

    En fait, si nous ne savons comment nous délivrer des phtalates c’est peut-être tout simplement que le problème est mal posé. En effet ces substances n’ont d’intérêt que par rapport au plastique, cette invention perverse qui, dans ses applications multiples, a fini par constituer un 7ème continent au cœur de nos océans.

    C’est peut-être à eux qu’il faudrait s’attaquer en premier comme autrefois pour éradiquer les puces agents vecteurs de la peste on commençait par éradiquer les rats qui les véhiculaient.

    Mais qui osera s’attaquer à l’industrie du plastique ?

    OLIVIER TOMA – PRIMUM NON NOCERE

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