Une ville sans SDF ? Oui, ça existe : au Canada !

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    Une ville sans SDF ? Oui, ça existe : au Canada !

     

    Plus particulièrement dans l’état de l’Alberta où, depuis 2015, tous les SDF qui en font la demande, se voient attribuer un logement dans les 10 jours par la municipalité de Medicine Hat grâce à son programme Housing First.

    La déclaration du maire, à ce sujet, est sans ambiguïté. Il a déclaré, sur une radio locale : « Nous vous trouverons un endroit permanent pour vivre, et je ne parle pas d’hébergements d’urgence, d’un canapé ou de loger chez un ami. Vous aurez votre propre logement ».

     

    Le programme

    Il a été élaboré et mis en place depuis 2009 : il s’agissait de mettre fin à l’itinérance. Pari réussi depuis 2015, comme nous l’écrivions plus haut. C’est ainsi qu’entre 2009 et 2016 la société de logement Medicine Hat Community Housing Society a pu reloger 1072 personnes, dont 312 enfants dans des logements soit privés, soit subventionnés. Et, au-delà, les sans-abris peuvent être relogés autant de fois que nécessaire.

     

    Comment font-ils ?

    D’une manière qui peut apparaître simple ou géniale, suivant votre état d’esprit.

    D’abord la ville a sollicité un financement des deux gouvernements dont elle dépend : provincial et fédéral, pour démarrer un programme de construction de 140 logements. Financement accordé.

    Ensuite, en soumettant cet investissement dans le calcul suivant, concocté par le maire.

    • Le coût du logement d’une personne s’élève à environ 12 500 euros par an.
    • Alors que la même personne vivant dans la rue peut couter jusqu’à 60 000 euros annuels à la communauté (frais médicaux, frais de justice, incarcération, etc.).

     

    « Élémentaire, mon cher Watson ! » 

    Un SDF en difficulté correctement relogé revient donc moins cher à la société qu’en continuant à grelotter de froid sous un proche quelconque.

    Comme dit le maire lui-même, qui ne manque ni d’astuce, ni de bon sens, ni de générosité, ni d’humanité, comme on va le voir plus bas : « C’est la façon la moins chère et la plus humaine de traiter les gens ».

     Lire aussi : un « frottis-truck » au secours des femmes en grande précarité.

    La philosophie et les Résultats de ce programme

    Aucune condition préalable n’est requise des personnes à reloger, hormis le fait qu’elles soient SDF. Mieux : on n’exige aucunement qu’elles aient réglé leurs éventuels problèmes de drogue ou de maladie mentale ou d’asociabilité pour obtenir leur logement, mais, tout au contraire, le maire considère qu’il leur sera plus facile de s’en sortir si ces personnes ont un toit au-dessus de leur tête plutôt que de devoir dormir sur un banc ou sur le trottoir. Il considère que son geste de solidarité, créera les conditions d’une résilience éventuelle en retour.

    Saint Vincent de Paul ne nous paraît pas loin de ce genre d’attitude, et nous trouvons réconfortant de découvrir que certains hommes politiques puissent disposer d’une telle charité au sens vrai du terme.

    Et, comme un geste de solidarité humaine authentique cause toujours de multiples avantages collatéraux, toute la communauté se trouve bénéficiaire d’une telle politique. Outre les économies réalisées telles qu’évoquées ci-dessus, on constate une diminution des visites à l’hôpital de 60 % en un an ! La criminalité a baissé ainsi que le recours aux services de protection de l’enfance.

    « Que du benef ! » comme diraient nos « jeunes ».

     

    L’avenir

    Au-delà de cette action de relogement la ville a encore besoin d’un refuge d’urgence. En sachant que désormais les personnes en difficulté ne seront pas condamnées à y rester pendant des années, car maintenant, elles n’y passent plus que quelques jours ou quelques semaines au maximum, le temps de les retaper et d’organiser leur relogement. Nous souhaitons bonne chance à cette municipalité pour que ce besoin soit couvert rapidement.

     

    Conclusion possible

    Cette action de solidarité n’obéit pas à un idéalisme déconnecté du sens des réalités qui porterait à croire que la recette miracle a été trouvée pour résoudre ces graves problèmes sociaux et qu’ils vont disparaître à tout jamais. Elle dénote au contraire beaucoup de sens pratique et de lucidité, sans aucune illusion déplacée. C’est pourquoi le gestionnaire des sans-abri et du logement à la Medicine Hat Community Housing Society a pu déclarer : « Notre définition de mettre fin à l’itinérance n’a jamais tenu compte de l’idée qu’elle n’existerait plus jamais et que les gens ne retomberaient jamais dans cet état d’itinérance ».

    C’est Marc-Aurèle qui disait :

    Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse de distinguer les premières des secondes.

    Je pense qu’il aurait apprécié les efforts sans illusion de ce maire canadien.

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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