48 agressions par jour dans nos établissements de santé !

    48 agressions par jour dans nos établissements de santé !

    48 agressions, cela fait une agression toutes les 30 minutes ! Mathématiquement cela donne 17 520 agressions plus ou moins violentes (de l’insulte aux coups et aux viols) tous les ans ! Week-end, vacances et fêtes compris ! 

    Peut-on citer une seule période de notre Histoire – même en périodes de guerres, même sous l’occupation nazie – où nos hôpitaux et cliniques aient constitué le théâtre d’une pareille barbarie ? Non. Sauf pour ces quarante dernières années. Constatation qui devrait conduire à de saines conclusions…interdites par le politiquement correct.

    Pour notre part et comme nous vous en avons informé tout récemment, alarmés par la chape de silence qui entoure cette situation intolérable, nous avons attiré l’attention du président de la république sur l’absence de rapport de l’ONVS depuis deux ans et sur la croissance exponentielle d’agressions constatées !

    Dans une lettre courtoise que nous vous communiquons en « fichier joint » le président de la république nous a fait garantir que le ministre de l’intérieur et celui de la santé reviendraient très vite vers nous avec des réponses.

    Cela n’engage à rien mais c’est déjà un signe positif…Nous n’oublierons pas cet engagement.

    Or, voyez comme le hasard fait bien les choses et finit par dévoiler la lumière qui était restée sous le boisseau : presque sitôt notre lettre envoyée, l’ONVS, réveillée d’une longue torpeur, édite un  nouveau rapport…pour l’année 2014.

    Le rapport ONVS 2015 sur l’année 2014

    Ce rapport conforte nos analyses les plus pessimistes : il comptabilise une agression toutes les 30 minutes dans les hôpitaux Français.

    Soient 14502 signalements en 2014 ! Qui dit mieux ?

    On ne connaît pas encore les chiffres de 2015…mais, contrairement au taux de croissance et à notre PIB, ces chiffres de 2014 enregistrent une augmentation de près de 14 % sur deux ans…

    La médaille d’or revenant à l’Ile de France avec 4426 signalements,

    La médaille d’argent à la région Midi-Pyrénées avec 1325 agressions

    Et la médaille de bronze à la Basse-Normandie avec 975 agressions

    Et l’ONVS qui, faute d’autres qualités, ne manque pas d’humour, « remercie tous les personnels et établissements qui ont participé à l’alimentation de la plateforme de signalement » en p.3 de son rapport.

    Une première classification.

    • 72% des « atteintes » portent directement sur les personnes.
    • Ce chiffre représente 10638 atteintes aux personnes. Sur lesquelles on constate :
      • 179 signalements de niveau 4 : violences avec armes !
      • 5119 violences physiques,
      • 3452 signalements d’injures et insultes,
      • 1888 menaces d’atteinte à l’intégrité physique.
      • 10 viols sont recensés , soit 0,1 % des « atteintes » !!! Combien non déclarés ? Aucune possibilité de le savoir.
    • 85 % des victimes concernent les personnels hospitaliers dont 80% sont des femmes. Effectivement, autant s’attaquer aux moins susceptibles de se défendre. On connaît bien cela en d’autres domaines.
    • 15 % sont les visiteurs de malades, les patients et les agents de sécurité.

    Médecine libérale

    • Les médecins en cabinets ne sont pas épargnés puisqu’ils ont subi plus de 900 agressions en 2014.
    • L’ONVS, qui associe le cynisme à l’humour, se veut rassurant en précisant que l’utilisation d’un arme est rare : 4% des cas seulement ! Il faudra apprendre à ces distingués ronds de cuir, qu’on peut très bien tuer et très facilement à mains nues.
    • Les officines ne sont pas épargnées qui ont fait l’objet de 152 déclarations dont 8% avec armes….. seulement ?

    Mais que ces chiffres ne vous inquiètent pas trop, l’ONVS, décidément inspiré, se croit  rassurant en constatant une  » sous-déclaration des faits! « . En clair il nous affirme : « soyez heureux, cela pourrait être pire !« …

    A la réflexion c’est peut-être une timide manifestation de courage qui laisse entendre que les choses sont bien pires que ce que ce rapport pourrait laisser croire mais qu’on ne peut pas le dire……

    Ne pas subir et réagir

    Alors, à PRIMUM-NON-NOCERE, nous reposons une fois de plus cette question lancinante : comment les professionnels de santé peuvent-ils travailler sereinement à nous soigner dans des conditions qui finiront par faire de nos établissements de santé les annexes des hôpitaux de Syrie ou d’Irak ?

    De quelle dose de dévouement, de courage, voire d’abnégation, faut-il faire preuve pour continuer à soigner des gens dans ces conditions d’abandon des autorités théoriquement chargées de la sécurité des Français mais tétanisées par les conséquences qu’une mise en lumière des origines des agressions ainsi que des mesures aptes à les faire disparaître pourraient entraîner ?

    L’Elysée a le mérite de nous répondre et se dit « sensible aux raisons qui motivent [notre] démarche….le chef de l’Etat m’a confié  le soin de [nous] remercier » écrit son chef de cabinet….Splendid, wonderful, s’exclameraient nos amis anglo-saxons !

    Surtout lorsqu’ils lieraient dans la foulée, la phrase suivante qui vaut son pesant de vaseline médicinale  » nos mesures de sécurité ont été considérablement renforcées afin d’assurer la protection des sites sensibles »!

    Ah bon ? Renforcées vraiment ?

    Pourquoi alors 14% d’augmentation d’agressions déclarées (n’oublions pas ce « déclarées« ) dans nos établissements de santé ?

    Il faut donc que :

    • Ce renforcement soit purement virtuel ou imaginaire
    • Ou qu’il ne concerne nullement les établissements de santé car alors, les chiffres du rapport nous obligeraient à conclure à une totale inefficacité de ces « mesures de sécurité » et de leur « renforcement« .

    La vérité c’est nous ne pouvons plus croire un traitre mot de tout ce que les politiques nous assurent dès lors qu’ils sont interrogés sur les drames qu’ils ne savent (ou ne veulent) ni prévenir ni résoudre.

    Quant à la lumineuse décision de confier à Marisol TOURAINE et à Bernard CAZENEUVE le soin de nous tenir directement « informés de la suite susceptible d’être réservée à notre intervention » on a autant envie d’y raccrocher nos espoirs que si le président nous disait : « demain je supprime les cotisations sociales sans augmenter les impôts« .

    Après lecture de ce rapport et de la lettre que nous venons d’évoquer, nous ne pouvons donc mieux faire – pour le moment – que de réitérer avec force  les préconisations que nous avons déjà formulées sur le sujet. Soit :

    • envisager la création d’une stratégie sécuritaire dans le monde hospitalier,
    • envisager des systèmes de visio-surveillance,
    • limiter les visites,
    • organiser la surveillance des multiples accès par des rondes de jours et de nuit,
    • installer des portiques de sécurité, à l’instar de la SNCF qui dispose désormais de son propre service de police ou encore des palais de justice dont l’accès est systématiquement contrôlé…
    • Créer une police hospitalière. ·
    • Fournir tous moyens nécessaires pour éviter le pire.

    Certains « lecteurs ou « contradicteurs  » nous ont écrit pour nous faire gravement remarquer «  qu’on ne peut tout de même pas mettre un policier dans chaque hôpital, école, lieu public !! »

    Nous nous interrogeons sur la pertinence d’une telle objection quand nous constatons que notre pays compte pas moins de 6 millions de chômeurs ! Confier à certaines de ces personnes judicieusement sélectionnées, formées et encadrées, le contrôle et la sécurisation des lieux, la vérification de l’identité des visiteurs, pour assurer un plan de sureté des instances hospitalières françaises nous paraît devoir constituer une véritable priorité nationale.
    Rappelons à nos aimables correspondants qu’il s’agit de protéger les plus vulnérables d’entre nous d’agressions dont eux-mêmes ou leurs proches pourraient être les victimes demain, s’ils devaient se faire hospitaliser.

    Peut-être, les Français soucieux de sécurité pour leurs enfants (les écoles, mais aussi les moyens de transports, les cantines et restaurants, les lieux de promenade et de loisir) leurs prêtres (les églises) leurs malades et les membres de leur famille exerçant une profession de santé – question qui nous préoccupe ès qualités – finiront-ils par être entendus.

    De toute façon, il ne manquera pas d’occasions pour eux de se faire entendre en 2017, si notre actualité, tous dangers confondus, continuait à se faire si menaçante.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

     

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    • raslebol

      Je partage avec vous cette analyse et ce ras le bol ambiant que l’on peut trouver dans le monde de la santé, mais aussi partout ailleurs (éducation, justice…) cependant je ne pense pas qu’une énième refonte d’une stratégie quelconque de sécurité, d’un système de vidéo surveillance, de policiers devant chaque établissements, de portiques de sécurités… etc, etc… puissent apporter une solution durable à ce problème d’insécurité et de violences généralisées. Le problème de fond vient de l’impunité totale qui règne dans ce pays et qui incite n’importe quel petit délinquant à pousser toujours plus loin ses méfaits, et ou les multirécidivistes sont légions. Comment dans un monde dit « civilisé » on peut laisser des citoyens se faire agresser à longueur d’année et n’avoir que des statistiques à proposer ?
      Dans quel monde vivons nous ?

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