Filtres solaires à l’oxyde de zinc : danger écotoxicologique !

    Filtres solaires à l'oxyde de zinc : danger  écotoxicologique !
    L’oxyde de zinc sous sa forme nano et non-nano vient d’être autorisé par la commission européenne (qui n’en rate pas une)  dans son annexe VI du Règlement Cosmétique. L’oxyde de zinc est désormais libre d’utilisation comme filtre UV dans nos produits cosmétiques.

    Cette information doit alerter nos lecteurs : ils doivent savoir que la composition des crèmes solaires qu’ils utiliseront cet été (et même avant) pourra comporter des nanoparcicules d’oxyde de zinc….pourtant reconnues toxiques pour les organismes aquatiques ! Il faudrait donc interdire de se baigner en cas d’usage de ces crèmes ! Ce serait ubuesque mais on a vu pire….

    Pourquoi cette autorisation ?

    Parce qu’on attribue à l’oxyde de zinc des  effets antimicrobiens et protecteurs de la peau d’une part. De plus, il a été approuvé aux États-Unis pour la protection contre les UVA. Et comme nous avons pris l’habitude d’imiter les USA en ce qu’ils peuvent présenter de meilleur et de pire…..

    Les dispositions

    Le Règlement (UE) 2016/621 du 21 avril 2016, modifiant l’annexe VI du Règlement Cosmétique, précise « que les deux formes de la substance sont autorisées à une concentration maximale de 25 %, sauf pour les applications qui peuvent donner lieu à une exposition des poumons de l’utilisateur final par inhalation. L’utilisation dans un spray aérosol est donc a priori interdite dans la mesure où une partie de la formule pourrait être involontairement inspirée« .

    Le terme « apriori » n’est pas une note d’humour de la part des technocrates européens, mais une véritable insulte à notre bon sens et à notre expérience des comportements des  fabricants. Rassurez-vous : le règlement précise que « seuls les nanomatériaux présentant les caractéristiques de pureté, de morphologie, de solubilité et de taille décrites dans l’annexe du Règlement sont autorisés« . On nous refait le coup qui consiste à conseiller aux personnels de santé de « choisir les dispositifs médicaux présentant le moins de phtalates possibles de préférence aux autres »…mais sans nous donner les moyens d’exercer ce choix. Qui ira vérifier que « pureté, morphologie, solubilité et taille » seront bien tels que ce fameux Règlement le précise ? Il y a urgence à réagir puisque ces dispositions sont entrées en vigueur le 11 mai 2016.

    Les fabricants

    Bien entendu les fournisseurs exultent et tiennent à le faire savoir. Ainsi la directrice marketing de l’entreprise Croda qui diffuse les marques sous les marques Solaveil Clarus, Solaveil CZ100 et Solaveil CZ-300 qui utilisent différentes dispersions d’oxyde de zinc, déclare, enthousiasmée: « L’approbation formelle de nouvelles options permettant une protection efficace contre les UVA et les UVB est un pas important pour les formulateurs de produits de protection solaire. Avoir un plus grand choix de filtres approuvés à l’échelle mondiale permet aux marques de répondre plus facilement aux besoins des consommateurs, »

    Et le responsable de la division Personal Care Specialties de BASF en Europe, qui diffuse Z-cote renchérit : « …… Chaque approbation d’un filtre UV offre de nouvelles options et un choix plus large pour les formulateurs de produits de protection solaire afin de fournir des solutions contre ces effets nocifs. »

    Et ce n’est pas fini

    D’autres filtres UV sous forme nano vont bientôt être approuvés par l’Union Européenne.
    – accord pour le dioxyde de titane dont la forme nano est prévue pour le second semestre 2016.
    – entrée officielle du Methylene bis-benzotriazolyl tetramethylbutylphenol (MBBT) attendue pour 2017 du fait que le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) a rendu un avis positif sur son utilisation sous la forme nano.

    Dioxyde de titane et MBBT sont des filtres UV autorisés et utilisés depuis des années. La nouveauté c’est l’autorisation de les utiliser sous formes nano faite aux responsables du nouveau Règlement européen sur les cosmétiques.

    Autorisation en bonne passe d’être obtenue.

    Or les nanomatériaux polluent l’environnement

    Si on a pu constater que les nanotubes de carbone restaient immobilisés dans des produits pendant des années, il a été démontré que les nanoparticules de dioxyde de titane et de zinc utilisées dans les cosmétiques finissent rapidement dans le sol grâce au modèle numérique du Programme national de recherche « Opportunités et risques des nanomatériaux » (PNR 64).

    Ce programme de recherches dépassant les calculs statiques établis jusqu’alors a développé un modèle dynamique qui prenne en compte la forte croissance de la production des nanomatériaux ainsi que leur utilisations diverses. C’est ainsi qu’en un an plus de la moitié des nanoparticules de zinc et de dioxyde de titane autorisées dans la fabrication des cosmétiques, infiltrent les eaux usées puis les boues d’épuration.

    Au contraire des nanotubes de carbone qui peuvent être intégrés dans des matériaux composites comme ceux entrant dans la composition des raquettes de tennis ou des cadres de vélo. De plus ces substances ne sont souvent libérées qu’après une décennie, quand elles aboutissent aux usines d’incinération de déchets ou de recyclage.

    Il ne s’agit pas là d’un phénomène secondaire puisque les chercheurs évaluent cette pollution les nanoparticules de zinc à  39000 tonnes par an. Soit dans une proportion bien supérieure tous les autres nanomatériaux réunis.  Ils ont même pu évaluer précisément les quantités de ces nanoparticules  aboutissant dans l’air, dans les eaux de surface, dans les sédiments et les sols, où elles s’accumulent.

    Si bien que l’usage des boues d’épuration comme fertilisant pratiqué en Europe (mais interdit en Suisse) provoque une concentration moyenne de 61 microgrammes par kilo dans les sols concernés. Il s’agit là, concernant les nanoparticules de zinc, d’une limite critique. C’est pourquoi les chercheurs estiment que cette substance devra être traitée en priorité dans les futures études écotoxicologiques.  Sa production industrielle est plus faible que celle du dioxyde de titane certes, mais avec la nouvelle réglementation cela pourrait changer.

    D’autre part il faudra étendre les essais écotoxicologiques menés exclusivement jusqu’ici sur des organismes d’eau douce, aux êtres vivants présents dans le sol. Ce qui paraît évident dans la mesure où on nous affirme que ces nanoparticules de zinc sont présentes à proportion de 61 microgrammes par kilo dans les sols.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

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