Antibiotiques et réchauffement climatique : une alliance perverse !

    Les antibiotiques modifieraient-ils le climat se sont demandés les chercheurs ?

    Il apparaît que oui. C’est une étude parue il y a peu dans le Proceedings of the Royal Society B, qui nous l’assure : il y a un lien – caché mais réel – entre l’utilisation des antibiotiques dans l’élevage animal et les émissions de gaz à effet de serre (GES).

    Le raisonnement des chercheurs est clair : on gave les animaux d’élevage d’antibiotiques à l’échelle mondiale

    -soit en cas de maladie,

    – soit comme traitement préventif en cas de risque d’épidémie

    – soit encore comme additif alimentaire pour favoriser la prise de poids et accélérer la croissance à quantité de nourriture équivalente.

    Conséquence connue : développement de la résistance aux antibiotiques pour de nombreuses souches bactériennes.

    Conséquence hypothétique : l’emploi de ces médicaments – [emploi tout à fait hors de propos, nous semble-t-il] n’affecterait-il pas les écosystèmes en modifiant la composition des excréments produits par le bétail ?

    Comment est-ce possible ?

    On soupçonne les antibiotiques de modifier la flore intestinale des animaux et, conséquemment, de changer les propriétés de leurs excréments tant sur le plan microbiologique et chimiques que nutritif ! Car, ne l’oublions pas, un certain nombre de bestioles se chargent du nettoyage de ces déjections en les dévorant (bon appétit) tels les bousiers par exemple.

    D’où deux questions pour nos chercheurs de l’Université du Colorado :

    – les antibiotiques affectent-ils  la santé des insectes coprophages ?

    –  affectent-ils la production des gaz à effet de serre émis par les bouses de vaches ?

     Questions tout à fait pertinentes si on se souvient que  l’élevage produit 18 % des GES liés aux activités humaines, d’après les estimations de l’ADEME.

    L’expérimentation

    Les chercheurs ont réuni un petit troupeau de dix ruminants.

    • Cinq ont été gratifiés d’une antibiothérapie ( tétracycline) pendant 3 jours
    • Cinq autres,  non traitées, ont servi de groupe témoin.
    • On a collecté les bouses des dix animaux
    • On les a fractionnées en plusieurs lots et déposées dans récipients où l’on pouvait mesurer l’émission de CO2, certes, mais de méthane et d’oxyde nitreux surtout, qui provoquent un effet de serre bien plus important que le dioxyde de carbone.
    • On a installé des bousiers près de certains échantillons : 6 mâles et 6 femelles (aucune discrimination comme on le voit) et on a observé les choses.

    Résultats bivalents

    L’expérience a fourni deux conclusions qui doivent nous laisser perplexes :

    • les bousiers acceptent bien la présence de résidus d’antibiotiques dans leur « nourriture » même si leur flore microbienne en est modifiée : leur taille, leur reproduction, leur survie et leurs larves n’en ont pas été affectées. C’est le versant optimiste de l’expérience.

    Merci pour les bousiers.

    • En revanche, il a été établi que les des animaux qui avaient suivi la cure d’antibiotiques produisaient des bouses  1,8 fois plus chargées de méthane que celles  des vaches du groupe témoin.

    Merci pour les victimes des GES.

    Ce résultat incontestable s’expliquerait, d’après les scientifiques, par « le bouleversement du microbiote chez les bêtes ayant pris des antibiotiques« . Ce qui veut dire   » que le traitement à la tétracycline, en réduisant le nombre de bactéries dans les intestins, favorise les archées [d’autres organismes unicellulaires] méthanogènes ». Qui l’eut cru ?

    Réserves et limites.

    Elles portent sur le nombre réduit d’animaux observés. Il faudrait sans doute recommencer avec un échantillonnage beaucoup plus large.

    Il faudrait aussi mener l’expérience avec d’autres antibiotiques et recalculer l’effet de ces nouveaux produits sur la quantité de méthane produite par les vaches.

    Il faudrait  notamment observer leur effet éventuel sur les éructations et flatulences des ruminants.

    Conclusion provisoire.

    Telles qu’elles sont – réduites, donc à confirmer – ces observations montrent un lien avéré entre ingestion d’antibiotiques par les ruminants et production de GES dans le monde.

    Il va de soi que, tôt ou tard, les pratiques d’élevage qui n’obéissent qu’à des exigences purement mercantiles dans lesquelles le souci de l’environnement et de la santé publique – très affectée par les émissions de GES – passe aux oubliettes, devront être sinon interdites du moins rigoureusement encadrées et autorisées dans des cas très précis : maladie avérée du bétail ou épidémies par exemple.

    D’autre part, il devient évident qu’il nous faut impérativement réduire notre consommation de viande rouge : néfaste pour la santé et néfaste pour le climat puisque sa production  induit des stratégies malsaines  qui augmentent encore l’aspect négatif de cet élevage intensif et extensif.

    Nous rappelons qu’il existe un label BLEU BLANC CŒUR. Ce label garantit  la  production de viandes issues d’animaux dont l’alimentation est basée sur des Oméga 3 contenus dans les graines de lins. Ces viandes sont donc moins grasses et moins émissives en CO2…

    En résumé : réduire la production et la consommation de viandes rouges et miser au contraire  sur des viandes à label de meilleure qualité pour la santé et pour le climat, nous paraît comme une des voies à suivre.

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

    http://www.mypositiveimpact.org/projets/solution/item/bleu_blanc_coeur__eco_methane-90

    https://politiquedesante.fr/2013/09/27/3688/

    Accedi sisal

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