La vente à l’unité est-elle le remède au gaspillage médicamenteux ?

    industriels médicaments

    Les faits.

    On peut se poser la question quand on sait que 1,5 kg de médicaments par Français et par an partent à la poubelle.  Et, bien entendu, dûment remboursés malgré tout.

    Halte au gaspillage ! semble avoir décrété l’Assemblée nationale en votant tout récemment une possible vente à l’unité, censée concrétiser un des nombreux engagements dont le président Macron n’est pas avare…mais qui fera, d’ici l’adoption définitive, l’objet d’une concertation.

    On sent venir l’enfumage habituel et l’enfouissement dans la vase des bonnes intentions.

    Les dispositions de l’amendement.

    En effet les députés ont adopté un amendement au projet de loi anti-gaspillage, qui prévoit que « lorsque leur forme pharmaceutique le permet, la délivrance de certains médicaments en officine peut se faire à l’unité ».

    Vous avez bien lu « peut se faire » et non « devra se faire ». Pieuse disposition qui interviendrait – sauf difficultés de parcours dues à cette « concertation » dans laquelle les lobbies vont s’engouffrer comme une abeille dans un champ de lavande – au 1er janvier 2022. Cinq mois avant l’élection donc.

    La secrétaire d’Etat à la Transition écologique affirme qu’il s’agit « une des mesures emblématiques de la lutte contre le gaspillage« . Bravo. Mais elle affirme aussi « entendre les préoccupations des pharmaciens » (elle oublie les labos) qui réagissent à cette mesure d’une façon pour le moins nuancée…

    Puis elle a expliqué que «  les décrets d’application feront l’objet d’une concertation avec les différentes parties prenantes » et a même précisé que « nous ne part(i)ons pas d’une page blanche » puisque certains pays ont déjà adopté cette mesure concernant les antibiotiques et qu’elle y est devenue très habituelle.

    Et le texte de l’amendement de préciser : « les médicaments concernés par cette possibilité seront, dans un premier temps, limités à quelques antibiotiques, pour lesquels l’intérêt d’une dispensation à l’unité est le plus évident ». Comme on le voit on reste dans le flou artistique.

    Les réactions politiques sont diverses

    Pour certains députés LREM c’est « une très belle avancée »,  notamment en matière d’impact environnemental ; pour les eaux des rivières surtout. La rapporteuse de l’amendement (LREM) elle aussi souligne « les défis » à relever dont le « temps supplémentaire pour préparation en officine » ou la nécessité de « bien informer les patients ».  Puis elle s’est félicitée que les compromis apportés à l’amendement initial aient ouvert « la possibilité et plus l’obligation »  (comprenne qui pourra ce charabias) y voyant une « méthode souple ». La souplesse, tout le monde sait qu’il n’y a que cela de vrai quand on veut vider une disposition de son contenu substantiel.

    La France Insoumise (à qui ?)  approuve cette « réponse au gaspillage terrifiant des médicaments », et le MoDEM y voit un « moyen utile de lutter à la fois contre le gaspillage et l’automédication ». Voire.

    Restent Les Républicains qui ont tant de mal à se faire prendre au sérieux depuis quelque temps et qui ont montré quelque réticence à voter une mesure « sans étude d’impact ». Soulignant au passage la difficulté de « tracer » des médicaments ainsi délivrés et faisant remarquer que là où cette mesure avait été mise en place, aux USA notamment, « on a vu des trafics de médicaments sous le manteau ».

    Enfin du bon sens ?
    D’autant qu’on se demande ce qui ne se trafique pas sous ou sur le manteau aux USA ?

    Les principaux intéressés

    Laissons le dernier mot au président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) : « … dans le texte voté, il manque le volet économique. Sans prise en compte de cet aspect essentiel, la dispensation à l’unité ne restera qu’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. »

    Comme si on y était pas habitué !

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

    PJ :

    https://www.lequotidiendupharmacien.fr/actualite-pharmaceutique/article/2019/11/28/la-dispensation-lunite-refait-surface_281146

    https://www.publicsenat.fr/article/politique/l-assemblee-ouvre-la-voie-a-la-delivrance-de-medicaments-a-l-unite-148368

    • Voir les commentaires

    Vous pourriez aimer aussi

    Déclaration de performance extra financière : le nouveau rapport RSE

    Déclaration de performance extra financière : le nouveau rapport RSE

    Conformité aux normes européennes L’ordonnance du 19 juillet 2017 et le décret du 9 ...

    L’Acétaminophène dénoncée et désormais identifiée… au  Canada

    L’Acétaminophène dénoncée et désormais identifiée… au  Canada

    Désormais l’acétaminophène devra être identifiée plus clairement dans les produits par l’industrie pharmaceutique. Ainsi ...

    marchés publics et RSE

    En route vers une généralisation des critères RSE dans les marchés publics ?

    Dans cette décision le juge valide le critère RSE. Ainsi, adopter une démarche RSE ...