Médicaments non utilisés ou périmés

    médicaments non utilisés

    Les médicaments non utilisés ou périmés sont un gaspillage et un danger.

    L’état des lieux.

    Nous jetons ou oublions dans nos placards, tous les ans, une quantité phénoménale de médicaments sans nous en soucier. Et pourtant cette attitude n’est pas sans conséquence pour la santé et l’environnement et Santé Environnement a tenu à nous le rappeler.

    Voyons les chiffres donnés par l’Agence nationale du médicament :

    – 3,1 milliards de boîtes de médicaments vendus tous les ans.

    – Soient 48 boîtes par personne (enfants compris)

    Le problème c’est que seule une partie de cette énorme masse est consommée : environ la moitié d’après un rapport de l’Igas !

    Le reste est soit jeté (quelquefois à peine entamé) soit conservé « au cas où ».

    Pourquoi se casser la tête : les médicaments ne sont-ils pas intégralement remboursés ?

    « Prescription excessive et faible observance » sont les deux mamelles du gaspillage médicamenteux toujours d’après ce même rapport qui date de 2005.

    Les remèdes.

    Pour pallier cet état de choses l’association Cyclamed récupère les médicaments que nous voulons bien rapporter dans nos pharmacies quand nous nous estimons guéris et quand nous voulons bien faire cet effort. Une autre partie de son activité consiste d’ailleurs à sensibiliser le public à accomplir ce geste de bonne volonté et de salubrité.

    Si bien que 12 108 tonnes de comprimés ont pu être récupérés dans les pharmacies françaises en 2015. Mais en revanche des centaines de kilos de ces mêmes comprimés sont partis dans les poubelles ou dans les éviers.

    Les risques et conséquences du gaspillage.

    Outre le coût économique (qui explique sans doute en partie le fameux « trou » de la Sécu) cet état des choses est préjudiciable à la santé publique et à l’environnement.

    Le premier risque est celui de l’automédication qui nous pousse à fouiller nos placards à la recherche d’une boite oubliée pour nous soigner  nous-mêmes, avec les risques d’erreur sur le diagnostic et le traitement adapté que cela comporte. On ne peut utiliser anxiolytiques, antibiotiques, anti-inflammatoires à l’envi, sans prescription médicale, sans courir certaines risques et même des risques certains. Surtout pour les enfants et pour les personnes âgée qui peuvent s’embrouiller dans le choix de ces substances.

    Par conséquent, sauf antalgiques légers et désinfectants, il faut se décharger du reste auprès des pharmacies. D’où l’opération lancée par le Dr Pierre Souvet « rapportez vos médicaments non utilisés à votre pharmacie ».

    Ainsi faut-il être très conscient, rappelle Cyclamed, que les médicaments « représentent plus d’une intoxication sur deux chez les enfants ». Et cela monte à  80% chez les plus jeunes : entre 1 et 5 ans !

    Autre risque : celui des molécules chimiques qui peuvent être potentiellement dangereuses pour l’environnement quand elles sont jetées dans les toilettes ou dans la nature. On leur doit alors la pollution des eaux de surface des eaux et souterraines avec toutes les conséquences sanitaires qu’on imagine. Même à de très faibles niveaux de concentration. Outre les risques de perturbation à craindre pour notre santé, nous ne devons pas oublier non plus leurs effets délétères « sur les poissons, mollusques, micro-organismes, algues » insiste l’Asef.

    Et de recommander la vente des médicaments à l’unité.

    Les tentatives.

    La vente à l’unité apparaît comme une solution  pour réduire le gaspillage. Emmanuel Macron s’était d’ailleurs emparé de ce thème pendant sa campagne. Précédé cependant par Marisol Touraine qui avait tenté l’expérience  en 2014 : quatorze substances antibiotique devaient être délivrées à l’unité en tenant compte du nombre exact d’unités nécessaires à la durée du traitement. Une centaine de pharmacies avaient accepté de jouer le jeu en Limousin, PACA, Lorraine, Île de France.

    Conclusion : moins de gaspillage effectivement, économies réalisées mais plus de travail pour les pharmaciens dont faudra  trouver le moyen de leur faciliter la tâche.

    Du côté de l’Asef on espère que l’opération « rapportez vos médicaments non utilisés à votre pharmacie », permettra de sensibiliser le public à ces problèmes via les médecins membres de l’Association.

    C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de fabriquer des tampons encreurs dont les généralistes et spécialistes pourront apposer le texte sur chaque ordonnance. Il s’agit de les inciter à « jeter les emballages en carton et les notices en papier dans la poubelle du tri sélectif et à rapporter les médicaments non utilisés (périmés ou non, entamés ou non) au pharmacien »

    Avec une attention particulière pour « les comprimés, gélules, pommades, crèmes, gels, sirops, ampoules. On pourra aussi ramener les suppositoires et ovules, les patchs et les dispositifs comme les aérosols, spray et inhalateurs ». On ne devra pas en revanche rapporter « les aiguilles, seringues, produits chimiques et vétérinaires, thermomètres et cosmétiques ».

    L’ensemble des médicaments récupérés sera ensuite incinéré, l’incinération étant le seul mode d’élimination satisfaisant.

    On espère que venant du médecin ce rappel, à l’aide du tampon encreur, aura plus d’impact sur le patient-consommateur.

    Une initiative efficace.

    C’est celle imaginée par une start-up bretonne qui consiste à proposer aux hôpitaux de s’abonner à une bourse aux médicaments. Solution pleine de sagesse quand on sait que ceux-ci détruisent chaque année « l’équivalent de 50 millions d’euros de médicaments arrivant au seuil de leur date de péremption ».

    Aussi la start-up bretonne MaPUI Labs a lancé dès janvier 2016, une plate-forme collaborative qui offre la possibilité aux pharmacies hospitalières de mettre à disposition des médicaments non utilisés.

    Le monde hospitalier a embrayé sur cette idée séduisante et désormais une centaine d’hôpitaux se sont connectés à MaPUI Labs, moyennant un abonnement annuel qui va de 1 000 à15 000 euros, les pharmaciens disposent d’une cartographie des médicaments disponibles.

    Dispositif particulièrement  heureux quand on sait que, par exemple, le centre hospitalier de Saint-Malo a pu racheter à celui de Troyes (Aube) « deux flacons d’un médicament à 15 000 euros l’unité ». Quant au CHU de Rennes il a pu reprendre pour 8 000 euros de traitements à un hôpital de la Manche.

    L’échange de médicaments n’est pas le seul service offert par cette plate-forme qui permet aussi de  signaler les ruptures d’approvisionnement et de partager l’information au sein des groupements hospitaliers de territoire. Dans l’avenir la startup espère convaincre les 2 000 pharmacies hospitalières de se rallier à son dispositif.

    Elle a besoin de 300 000 euros pour accélérer son développement et envisage une extension en créant une nouvelle plate-forme baptisée Hospiville qui consistera à améliorer le suivi médicamenteux des patients entre la ville et l’hôpital.

    Donc, si vous avez de l’argent à investir…..

    Gérer son armoire à pharmacie.

    Pour terminer ce tour d’horizon consacré à la lutte contre le gaspillage médicamenteux, nous vous signalons la dernière création de Cyclamed, une application intitulée « Mon armoire à pharmacie » qui vous aidera dans vos efforts pour bien gérer vos médicaments :

    https://www.cyclamed.org/decouvrez-mon-armoire-a-pharmacie-la-nouvelle-application-mobile-cyclamed-5210/application-mobile-cyclamed-5210/application-mobile-cyclamed-5210/

     

    Olivier TOMA  – PRIMUM-NON-NOCERE

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