Le fléau de l’obésité en France

    obésité france

    Nous aimerions faire écho au rapport présenté par le Professeur Martine Laville, avec le concours de Maryse Fourcade, membre de l’Inspection générale des affaires sociales, publié en avril 2023 et intitulé « MIEUX PRÉVENIR ET PRENDRE EN CHARGE L’OBÉSITÉ EN FRANCE ». On trouvera l’intégralité de ce rapport de 90 p. en suivant le lien suivant : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_laville_24_avril_2023.pdf.

    Bien entendu, il n’est pas question ici de reproduire l’intégralité de ce rapport mais simplement d’insister sur quelques points qui nous paraissent dignes de retenir notre attention.

     

    Importance de l’Obésité

     

    Elle constitue un déterminant majeur de la santé, favorisant l’apparition de nombreuses autres pathologies. Cinquième cause de mortalité dans le monde, elle s’accompagne de complications mécaniques et métaboliques entrainant l’apparition de diabète, de maladies cardio-vasculaires, et de cancers. Elle est également responsable d’une altération de la qualité de vie, source de troubles psychiques aggravés par une fréquente stigmatisation, écrivent les auteurs dans leur rapport.

     

    Le Coût de l’Obésité et du Surpoids

     

    Ses coûts directs et indirects ont été évalués par la Direction générale du Trésor en 2016 à 20,4 Mds€, dont 9,5 Mds€ pour la seule dépense de santé (coût direct)1.

    L’OCDE, quant à elle, a récemment chiffré ses coûts directs à 8,1 mds €2. A quoi il faut ajouter les

    • Les 70 % qu’on peut lui attribuer dans toutes les dépenses liées au diabète
    • Les 23 % des dépenses cardio-vasculaires,
    • Les 9 % de celles liés au cancer.

     

    Sa Progression inquiétante

     

    La prévalence de l’obésité a doublé entre 1997 et 2023. Elle est passé de 8,5 % à 17 % de la population française : soient 8,5 millions de personnes en situation d’obésité aujourd’hui en France métropolitaine.

    D’après l’OMS ces chiffres devraient atteindre 25 à 29 % en France d’ici 2030.

     

    Un Révélateur Social

    Elle constitue un marqueur majeur des inégalités sociales de santé, en raison de son lien avec le niveau socio-économique et(ou) d’éducation. Les périodes de crise (pandémie du Covid 19, inflation…) ne font que l’aggraver.

     

    Les cibles privilégiées

     

    • Les enfants, majoritairement les plus défavorisés : d’où les inquiétudes légitimes pour les générations futures.
    • Les personnes âgées, dont le nombre en bonne santé, se trouve réduit.
    • Les territoires ultramarins sont particulièrement touchés.

     

    Quels Objectifs ce rapport propose-t-il d’atteindre ?

     

    Ce rapport incite à adopter quatre Objectifs, qu’il ne nous est pas possible de développer in extenso dans le cadre de cette présentation mais que nous résumerons de la façon suivante :

     

    Objectif 1 : PRÉVENIR

     

    • Diminuer l’incidence de l’obésité en agissant prioritairement sur les plus défavorisés. Il faut pour cela : • agir en prévention primaire notamment sur l’environnement alimentaire des enfants.
    • Accès à la cantine renforcé pour les enfants de classes sociales défavorisées ;

    ○   Interdiction de la publicité pour les aliments de mauvaise qualité nutritionnelle aux heures de grande écoute des enfants et adolescents.

    • Mesurer l’impact de la taxe sur les boissons sucrées sur le comportement des consommateurs et les reformulations des produits, préalable à une évolution de cette taxe.
    • Mettre en place un programme expérimental d’actions de prévention de l’obésité infantile « à 360° » multi partenaires, multi sectorielles. Ces actions, ciblant plus particulièrement les catégories sociales défavorisées, les enfants et leurs parents, réuniront sur un micro-territoire donné (Quartier Prioritaire de la Ville, dont un territoire des DROM) tous les acteurs et interventions susceptibles de concourir à la prévention et à la prise en charge de l’obésité.
    • Ces actions seront co-construites et s’appuieront sur les initiatives locales. Le programme expérimental sera évalué par Santé Publique France, avant une généralisation à l’ensemble des Quartiers prioritaires de la politique de la Ville ;
    • Se donner les moyens de connaitre l’incidence de l’obésité en ajoutant aux données de cohortes (ELFE-EDEN, CONSTANCES, OBEPI, EPIPAGE, ESTEBAN, E3N-E4N) le recueil systématique et numérisé des données (au moins poids et taille) collectées lors des examens systématiques de santé, des examens de prévention dans l’enfance (Protection maternelle et infantile, médecine scolaire), des examens de prévention adulte, et au cours du Service national universel (SNU).

     

    Objectif 2 : MIEUX SOIGNER

     

    • Faire accéder le maximum de personnes en surpoids ou en situation d’obésité à des soins adaptés à leur situation. Ce qui passe par :
    • Des mesures au potentiel d’application immédiate :
    • reconnaître l’obésité comme une maladie chronique et instaurer une prise en charge en ALD pour l’obésité de niveau 2
    • favoriser le dépistage et la prise en charge en soins primaires par le médecin et les équipes pluriprofessionnelles :

    ○ étendre à l’adulte la consultation médicale longue valorisée « obésité », déjà créée pour l’enfant ;

    ○ promouvoir la mise en place du forfait « Mission Retrouve Ton Cap pour l’enfant » (MRTC), et étendre à l’adulte la mission de santé publique « obésité » déjà créée pour l’enfant dans les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP).

    • rendre les soins accessibles grâce aux innovations issues des expérimentations articles 514 : Dix projets « article 51 » sont en cours et, si leur évaluation est favorable, leur passage rapide dans le droit commun va transformer l’offre de soins.

     

    Objectif 3 : Investir dans la recherche et l’innovation

     

    Ce qui consiste à :

    • Structurer un réseau national de recherche sur l’obésité transdisciplinaire avec un PEPR (programme et équipement prioritaire de recherche) dédié ;
    • Soutenir les cohortes existantes et de favoriser la convergence cohortes enfant et adulte et l’accès ouvert à leurs données
    • Soutenir et développer la recherche clinique, incluant la recherche en soins primaires, par la priorisation de l’obésité dans les appels d’offres, et la pérennisation de la coordination du réseau F-CRIN FORCE (French obesity research centre of excellence).

     

    Objectif 4 : Investir prioritairement dans les Départements et Régions d’Outre-mer (DROM)

     

    Ceux-ci cumulent tous les obstacles à une bonne santé décrits pour la métropole. Ceci conduit à une situation sanitaire globalement très dégradée, avec une forte prévalence d’obésité entraînant d’importantes complications comme le diabète, le syndrome métabolique, l’hypertension artérielle, l’insuffisance rénale chronique, les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

     

    L’ensemble des mesures décrites dans le plan doivent être mises en place dans les Outre-mer avec un soutien particulier et une adaptation aux conditions locales. En particulier, le programme expérimental proposé devra intégrer au moins un territoire d’Outre-Mer

     

    Pour plus de précisions, nous vous rappelons le lien qui vous permettra de consulter l’ensemble de ce rapport : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_laville_24_avril_2023.pdf.

     

    Olivier TOMA – PRIMUM-NON-NOCERE

    Associé Grant Thornton® France

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